Trois ans. Trois ans maintenant que, au-delà de la petite bande de 15lovetennis, j’ai fait du tennis (une grande partie de) mon métier. Trois années de commentaires en direct, de compte-rendus, d’analyses, d’histoires, de portraits, d’interviews… Et parmi ces dernières, de petites perles jamais exploitées. Pas le bon moment, trop anecdotique sur un joueur oublié ou, tout simplement, des petits morceaux d’entretiens archivés en un « on verra plus tard » devenu au fil du temps un fouillis aussi inextricable que ma piaule étudiante. Sentant que mon ordinateur ne rajeunit pas, j’ai profité de l’émigration vers un disque dur externe pour me replonger dans le bazar. J’en suis ressorti plein de poussière, mais le sourire aux lèvres. Instant partage.
Agassi ? Sampras ? Mieux, Ronald !
Fin 80′s, début 90′s. Toute la planète ATP tremble devant la montée en puissance de la nouvelle scène américaine. Toute ? Non. Quelque part entre Bordeaux et Haïti, Ronald Agenor résiste encore et toujours à l’envahisseur. Janvier 2011 : il bombe le torse et se souvient. « Agassi ? Quiconque suivait un peu assidûment le tennis à cette époque savait que j’avais le jeu pour le battre régulièrement. Et pareil pour Stich, d’ailleurs. Par rapport à Agassi, j’étais plus fort physiquement, je servais mieux que lui, ma balle allait plus vite en coup droit que la sienne et, surtout, il se décalait toujours côté revers pour frapper en coup droit, ouvrant ainsi grand le court… Or moi j’avais le meilleur revers long de ligne du circuit et je faisais donc la différence là-dessus ! Mon revers, c’est le coup qui a manqué à Pete Sampras pour gagner Roland-Garros. Mon revers, ainsi que de la variété, comme mes amorties. »
Bonus : « Si j’ai un regret dans ma carrière ? Pas vraiment. Ou alors si : il y a un petit regret de ne pas avoir gagné de Grand chelem… Je n’étais pas si loin à Roland-Garros… » (Coincé entre Lendl et Edberg, il fut, en quarts de finale, l’une des victimes de Michaël Chang lors de son miraculeux parcours de 1989).
Arnaud donne la clé
Arnaud Clément : un bandana, des gambettes, une finale à l’Open d’Australie et une Coupe Davis. S’il y a bien un joueur qui peut être fier d’être allé tout au bout de son potentiel, c’est bien l’Aixois. En 2012, à Roland-Garros, il m’annonce la fin probable de sa carrière dans les semaines à venir, selon qu’il soit nommé ou non capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis (on sait ce qu’il en fut). Entre deux bouchées de sandwich au bar des joueurs sous le Central, il exprime soudain ce qui ressemble fort à une profession de foi, au détour de la conversation : « Moi, je ne lâche jamais rien, je pense que vous le savez, depuis le temps ! Même quand je suis largué, je me dis qu’il faut que je me batte… Ou plutôt non, en fait je ne me le dis pas. C’est trop ancré en moi. Je le fais, c’est tout. » Du vieux débat de l’inné ou de l’acquis, peut-être bien finalement que la gnaque ne s’apprend pas plus que le talent.
Trois fois Corinne Vanier
Corinne qui ? Allez, avouez que personne ici n’a entendu parler d’elle. Contrairement à ce que l’air du temps catastrophiste aime à souffler à l’oreille, le tennis féminin français, bien moins constant que son homologue masculin, a toujours fonctionné par cycles. Du déclin de Françoise Dürr à l’émergence des Pierce, Halard, Tauziat, Testud puis Mauresmo dans les 90′s, les filles vivent déjà une première disette, et il faut des Cathy Tanvier, des Pascale Paradis ou des Corinne Vanier pour maintenir péniblement une présence tricolore dans les tableaux des plus grandes épreuves. Bien qu’ayant stoppé sa carrière dès l’âge de 22 ans, cette dernière, que la WTA avait surnommé la « McEnroe du tennis féminin » (gauchère, attaquante et dotée d’un caractère volcanique sur le terrain, il n’en fallait pas plus !) gagne à être connue. Si elle ne devait retenir que trois souvenirs dans sa carrière :
« Le premier, c’est quand j’ai battu Steffi (Graf à Brisbane 1984, leur seule rencontre, ndlr). Steffi n’était pas encore n°1 mondiale mais c’était une joueuse dont on savait qu’elle représentait l’avenir. Je suis parvenue à la battre sur herbe en Australie, une de mes surfaces préférées. Son père était de hors de lui après cette défaite : il avait mis une bonne claque à Steffi en sortant du court. Je me suis avancée vers lui et j’ai demandé : « C’est si honteux de perdre contre moi ? »
Le deuxième, c’est en Fed Cup. Un match contre Sue Barker au Japon. Barker était une Top 10 à l’époque et je l’avais accroché jusqu’à quelque chose comme 8/6 au dernier set. Mais c’est surtout sur les bancs que c’était très chaud, entre nos capitaines respectifs, Jean-Paul Loth et Virginia Wade. Loin du fair-play à l’anglaise, Wade avait applaudi une de mes doubles fautes alors que le match était très indécis. Cela avait rendu fou Jean-Paul, de l’autre côté de la chaise d’arbitre… Vous devriez lui en parler !
Et le dernier, c’est une demi-finale à San Diego. Mon meilleur parcours dans un tournoi important et, en termes de niveau de jeu, une bonne période pour moi. J’étais arrivée en demies en sortant des qualifs. Je perds contre une jeune Américaine, Kathy Rinaldi. Mais plus que le match lui-même, c’est surtout à ce moment-là que j’ai pris conscience de ce que le tennis changeait : toutes ces jeunes joueuses, presque des petites filles, avec leur papa qui les maintenait sous pression… Les Graf, Jaeger, Temesvari, Rinaldi. C’était très particulier de les voir toutes débouler avec papa s’époumonant à côté. Je ne suis pas en train de dire que c’est pour ça que j’ai arrêté si tôt ma carrière mais, à 22 ans, je me sentais déjà vieille par rapport à la direction prise par le circuit. »
Bruguera et le droit à la paresse
Son association avec Richard Gasquet l’a remis sous les feux de la rampe. Mais il y a encore un an, Sergi Bruguera était de ces anciens champions dont on ne savait trop ce qu’ils étaient devenus depuis l’arrêt de leur carrière. Un passage sur le Senior Tour de temps à autre, et pas grand-chose de plus, bien loin des boulimiques qui multiplient les casquettes passée la petite mort du sportif. Lors du dernier Roland-Garros, je lui pose donc la question rituelle du « qu’êtes-vous devenu ». La réponse est franche, dans un début d’éclat de rire : « Je me suis contenté d’élever mes enfants, des jumeaux. C’est une occupation suffisamment fatigante comme ça pour n’avoir pas envie de faire grand-chose d’autre à côté ! »
L’impartialité des journalistes, cette légende urbaine
Roland-Garros 2011. Mon premier Grand chelem avec accréditation. Juste à temps pour voir Li Na making history en devenant la première Asiatique à remporter un titre du Grand chelem. Grande première aussi en tribune de presse : l’un des journalistes chinois présents sur l’évènement devient fou de joie. Littéralement. Il hurle d’une voix aigüe, trépigne sur son siège, se lève, bondit dans tous les sens, crie toujours plus fort, tape des poings sur le pupitre (faisant du même coup tressauter les ordis de ses confrères de banquette). Un premier avertissement n’y change rien : l’homme ne se contrôle plus, la victoire de sa protégée l’a plongé dans un état second, frénétique. Comme sa championne, lui aussi make history : le premier journaliste de l’histoire expulsé d’une tribune de presse par la sécurité.
(Tant qu’on est dans l’anecdote, grande partie de plaisir aussi, la veille, devant la demi-finale opposant Federer à Djokovic. Oui, oui, celle-là, celle des quatre sets, des 32 coups gagnants au premier set, de la nuit tombant sur Paris au moment où une standing ovation lance le jeu décisif du quatrième set… A nos côtés, une journaliste de France Soir passe l’intégralité des quatre manches à maugréer toute seule contre le médiocre niveau de jeu de son « Nole », contre la chance de Federer, contre les sangliers qui avaient dû manger quelque chose… Nous, en tout cas, on boit du petit lait. La seule personne au monde, pourtant aux premières loges de la représentation, n’ayant pas eu conscience d’assister à un chef-d’œuvre.)
Débraye Paulo, ça fume
Celle-là n’est pas de moi. Mais au même titre que les grimaçants « ‘taing, c’était dur ‘taing » de notre actuel n°1 national, elle est devenue l’objet d’un running gag parmi les journalistes français. Recueillie par Philippe Bouin, ex-plume de L’Équipe, la saillie est de Paul-Henri Mathieu à l’issue d’une défaite, une de plus, au bout des cinq sets en Grand chelem : « Ce n’est jamais bon de breaker trop tôt au cinquième set. » La carrière entière d’un joueur a t-elle déjà été écrite à ce point à l’issue d’un seul match, si tôt en carrière, que ne le fut celle de PHM par sa défaite contre Mikhaïl Youzhny en finale de Coupe Davis ?
Dimitrov en douceur…
Actuel 16e mondial en pleine bourre, Grigor Dimitrov fut aussi, il n’y a pas si longtemps, ce jeune joueur incapable de confirmer les promesses nées de son éclosion soudaine à Rotterdam, au point que certains 15lovers ne lui voyaient même pas d’avenir dans le Top 100 (si si, il y en a eu, n’est-ce pas mon Homard préféré ?). Il faut dire que lorsqu’il arrive à Rennes, en 2010, le Bulgare revient du circuit Future où, 300e mondial, il est reparti construire un jeu et une confiance. A ses côtés, exit l’entraîneur star Peter Lundgren, bienvenue à l’austère Peter McNamara. Et, cette fois, plus question de brûler des étapes, sur le terrain comme dans le discours. Alors quand resurgit l’éternelle comparaison avec Roger Federer, il prend son temps pour répondre, pèse ses mots : « Qui ne voudrait pas gagner un Grand chelem ? Je pourrais vous dire que oui, bien sûr, j’en rêve, que je veux aussi être N°1. Et c’est vrai, j’en rêve. Mais je veux avant tout me construire, étape par étape, et aller au bout de mes possibilités, quelles que soient à la fin mes limites. Mais les connaître. Quand j’arrêterai, je ne veux rien avoir à regretter. » Le temps, effectivement, il l’a pris. Mais, à maintenant 22 ans et tout 16e mondial qu’il soit, ses limites, il ne les a toujours pas atteintes.
… Rochette en pleine gueule
Rennes 2010, toujours. La victime de Dimitrov au premier tour, justement. Et l’un de mes premiers entretiens marquants. Laurent Rochette a la tchatche facile et la formule directe, qui frappe comme un uppercut. Son tennis à lui, c’est une histoire de coups parfois plus proche de la boxe que du tennis. Bâti sur le modèle Arnaud Clément – pas très grand mais musculeux -, formé à l’Insep avant une escapade en Espagne, le Bordelais a longtemps joué (joue encore ?) comme pour prendre sa revanche sur « la tuile, à 19 ans : un os cassé à la main gauche. Je commence à peine à goûter à la vie pour laquelle j’ai bossé comme un dingue depuis des années que je dois me faire opérer. Un trou de deux ans dans ma carrière. Je ne joue presque plus de 19 à 21 ans, à peine quelques matchs, le minimum pour maintenir un classement de misère aux alentours de 800e. En 2008, je suis même reparti de zéro. Je n’avais plus de classement. » Ce teigneux des courts, opiniâtre, qui admet « un énorme respect pour Gilles Simon, son parcours pas toujours facile et sa réussite finale : forcément, ça m’inspire un peu », se voit façonné par ce coup dur originel : « Je crois qu’on retrouve mon parcours heurté dans cette hargne, cette volonté que je mets sur le court. Le tennis m’a fait beaucoup souffrir, j’ai pris des coups de poings dans la gueule… J’ai même failli arrêter à un moment. Donc oui, quelque part ça ressort sur le terrain. Quand je saurai me servir de cette hargne-là à bon escient, je suis sûr que j’aurai un truc en plus que les autres. » Encore faut-il que son corps soit d’accord : aux dernières nouvelles, encore blessé, il est retombé au 600e rang, après un pic à 200e en 2012.
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Stockholm : les trois légendes du jeu et les deux bocks de bière
Un tournoi format Masters Cup, et six participants sur huit affichant passeport suédois. Un voyage dans le temps ? Oui. Précisément un tournoi du Senior Tour visant à rappeler aux Suédois leur glorieux passé tennistique. Mars 2013, à Stockholm : le centre des congrès de la capitale suédoise a été agencé pour l’occasion autour d’un court de 3000 places. Les vedettes qui ont fait les grandes heures du tennis national sont toutes présentes au rendez-vous. Au fil des rencontres et des observations, quelques impressions :
- Björn Borg, plus qu’un champion : l’idole, la figure tutélaire. Celui que tout le monde regarde avec des yeux de (grand) gosse. Il ne joue pas mais passe à deux reprises, en soirée. Il recherche la discrétion mais la nouvelle de sa présence se répand à chaque fois dans les travées aussi rapidement qu’un passing-shot. Sur le court, même John McEnroe cesse soudain ses pitreries quand, au détour d’une course vers le filet, il avise son ancien adversaire assis en tribune basse. Il interrompt alors le jeu, le temps d’aller saluer cet ancien rival devenu un ami.
- Mats Wilander, le sympa. Bien sûr, beaucoup d’entre vous ne voient plus en lui que la girouette des chroniques quotidiennes de L’Équipe. Il l’a sans doute un peu cherché. Reste pourtant la rencontre d’un type accessible, fidèle en cela à sa légende malgré l’énorme popularité et le palmarès long comme le bras. Un rare cas d’étoile du sport restée sur la planète Terre, aux côtés du commun des mortels. Et un souvenir à jamais gravé dans ma mémoire : une interview à l’issue de son dernier match de la compétition. Le tournoi touche à sa fin, Mats Wilander casse la graine au restau des joueurs. Je le verrai longtemps saucer consciencieusement son plat tandis qu’il me raconte ses souvenirs de joueur en faisant de grands moulinets de bras, morceau de pain au bout des doigts. A côté de nous sur la grande table, Mikaël Pernfors est écroulé de rire. Un beau moment.
- Stefan Edberg, l’insaisissable. Les Suédois, une bande de copains ? Sans doute. Mais il y a copains et copains. Edberg est poli avec tout le monde. Edberg salue, serre la main, échange quelques mots. Mais, là où les autres semblent savourer les retrouvailles et les moments passés ensemble, Edberg ne s’éternise jamais au salon des joueurs ou à la cafeteria. Sitôt son match terminé, il fonce à l’hôtel voisin prendre sa douche. Quand il revient, c’est habillé d’un élégant costume qui tranche forcément avec les fringues décontractés (voire les survêts…) de ses collègues. Sans avoir qui en est à l’origine, il y a une distance entre Stefan et les autres Suédois. Quelque chose d’à peine perceptible mais bien réel. L’attachée de presse du tournoi m’explique : avant d’être tennisman, Stefan Edberg est un businessman. Et ses participations à des exhibitions de tennis ne sont que prétexte pour réunir en un même lieu ses divers interlocuteurs en affaires, forcément flattés d’être invités à contempler en loge l’ex-champion de Wimbledon. Calcul aussi affûté qu’une volée de revers. Le gendre idéal me fait une impression tout à fait unique : quelqu’un qui, sur le court comme en-dehors, sait où il va… et pourquoi il y va. Pas si commun dans le monde du sport.
- Je ne pouvais finir ce paragraphe sans évoquer Magnus Larsson. Le père spirituel de Robin Soderling finit troisième de la compétition, après avoir battu Wilander en petite finale. Quelques minutes plus tard, tandis que j’observe depuis les gradins l’exhibition de handi-tennis programmée sur le court, je me retourne… et tombe nez à nez avec deux énormes paluches tenant deux non moins énormes bocks de bière. Je lève la tête : Larsson, hilare en me reconnaissant – je l’ai interviewé quelques minutes plus tôt. Devant mon air étonné, il me fait un grand sourire : « Le repos du guerrier ! » Santé !
Tags: tranche de vie
Je vois trop la réaction de Djoko s’il perd, « mais quand est-ce qu’il va prendre sa retraite bordel ! »
Tu m’étonnes. Je pense que dans sa tête, le vieux il en était débarassé depuis un an.
Manifestement, Jeff (qui fait le pigiste sur Changeover depuis que Juan Jose démarre un job à plein temps) a savouré le match entre son compatriote et le Djoker : « This match made me want to stab myself in the face with a fork. At least it’s over. »
la suite : http://www.changeovertennis.com/aftermath-indian-wells-sf-novak-djokovic-d-john-isner/#sthash.BeAZbKv5.dpuf
Damned, un vrai gourou ceJeff !
« If John Isner always played tennis the way he plays tiebreaks, he’d be #1 in the world. And I’d go back to baseball. »
« It wasn’t pretty. Okay–it really wasn’t pretty. This match made me want to stab myself in the face with a fork. At least it’s over. » –> parfaitement résumé !
« Novak said before the match that, against Isner, he had to be prepared to play three tiebreaks, but apparently he wasn’t prepared to win one. » –> parfaitement résumé !
« Regardless of outcome, though, it’s a safe bet that the final won’t be nearly as excruciating of a viewing experience. » –> on espère bien ! (il prend pas trop de risque ^^)
putain Dolgo ! mon prono de la finale Bennet’ – Dolgo avec Bennet’ qui l’emporte tombe à l’eau
c’est pu un prono ça, c’est un suicide ^^
Au fait le big 4 est certainement fini, mais ce master 1000 lui revient une fois de plus, faut pas déconner non-plus !
ouep c’est sur qu’au final le tournoi a beau avoir été pleins de surprises, la finale l’est beaucoup moins, même si je ne m’attendais pas à un aussi beau parcours de Roger, ça fait vraiment plaisir ça
Sympa, Guillaume ces anecdotes. Je n’ai jamais été séduit par Stefan Edberg… Et je comprends encore mieux pourquoi maintenant.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le commentaire de Patricia sur le Djoko-Isner et la comparaison avec Karlovic. Entre les deux canonniers, j’ai choisi mon camp: c’est Isner. Pour des raisons de personnalité et de jeu aussi. Son parcours m’a séduit et je trouve plu sexy le défi qu’il propose aux super relanceurs que celui que Karlovic leur propose.
Je suis allé voir les H2H et Djoko qui est certainement le meilleur retourneur du circuit devant Nadal et Federer, est aussi celui qui a plus de mal face à ces gros serveurs. Federer s’en sort très bien et n’a perdu qu’une fois contre chacun des deux. Il sert très très bien aussi. Nadal qui n’est pas connu pour un être un très bon serveur n’a simplement simplement jamais perdu contre ces deux-là. Je trouve ça fascinant. Je ne me souviens pas de tous leurs matchs (hormis le légendaire Isner-Nadal, RG 2011) mais je me demande le défi qu’il leur propose d’autant que contrairement à Federer, il ne capitalise pas forcément sur leur grande taille en leur offrant des balles des très basses. Au contraire, ses balles à lui leurs arrivent à la hauteur parfaite pour eux.
À noter aussi que Djokovic n’a plus croisé Karlovic depuis 2008. 1-1 entre les deux. Il serait temps qu’ils se rencontrent de nouveau; ca pourrait être rigolo.
Sinon, pour en revenir à l’actualité, un tournoi qui avait commencé par de nombreuses surprises se termine par un énième Djokovic-Federer en finale. Avec la probabilité que Federer gagne, c’est comme je le dis depuis toujours, un retour en arrière pour moi. Tant que Djokovic, Nadal et Murray ne sont pas là, qui rafle la mise? Pas une nouvelle tête, mais Federer qui est sur le circuit depuis plus de 15 ans et a gagné près de 80 titres.
On ne se lasse pas pour critiquer Tic Tac et montrer à quel point ça tue le tennis. Mais Tic Tic, on est très content et on trouve ça très intéressant pour notre sport.
Tu veux dire plutôt « Toc Toc ».
(Le) Tic et (le) Toc plus exactement.
Passionnant cette stat sur Nadal et les gros serveurs. ceci dit Murray mene 5-0 contre Karlovic et 2-0 contre Isner,
Tie-break gagnés :
Nadal 2/4 contre Isner et 3/5 contre Karlovic
Murray 2/2 contre Isner et 4/7 contre Karlovic
alors c’est qui le meilleur retourneur ?
Bon après faudrait peut-être regarder un panel plus représentatif de gros serveurs, et définir un gros serveur… Berdych, Tsonga, Soderling ne sont pas que des gros serveurs, chez les échasses, y’a aussi K. Anderson (0-1 contre Nadal et 1-1 cpntre Murray), chez les vieux y’a bien Ljubicic (2-7 contre Nadal et 3-4 contre Murray) et Roddick (3-7 contre Nadal et 3-8 contre Murray), p’tet safin aussi et autrement pelle-mêle, Cilic, Gulbis, Querrey, Fish, Lopez, ah oui et Raonic (j’avais oublié)…
Vaste sujet !
tu as oublié Albano Olivetti !
ouaip et JJ aussi, mais je me suis basé sur les ATP facts, et ils sont pas très bien classés, donc…
http://www.atpworldtour.com/Matchfacts/Matchfacts-List.aspx?c=2&s=0&y=0
ouep je sais bien, je rigolais pour Albano, il a quasiment rien fait sur le circuit principal
Nadal n’est pas exceptionellement bon en retour. Les deux meilleurs sont Djoko et Murray et il difficile de les départager. Les stas donnent plutot un léger avantage à Murray.
Il faut regarder les stats contre l’ensemble des joueurs et pas seulement celles contre Karlo & Co…Sinon, on en déduirait que Roger est très très bon au retour. Or il l’est surtout contre ce type de serveurs comme en témoigne ses H2H contre Roddick, Karlo et Isner..
Si tu regardes les stats de Nadal depuis 2005, tu trouves des scores remarquables sur retour de 2nde balles : en 2005, il remporte 57% des pts, il est premier devant Nalbandian et Coria ; en 2006, il n’est « que » 7è (Ferrer Davy et Murray forment le top 3), avec 54% ; en 2007, il est 4è à 54% (Ferrer Nalby Murray top 3 – Djoko 10è) ; en 2008 il est à nouveau N°1 à 55% devant Davy et Monaco, Murray est 4è et Djoko 9è ; en 2009… toujours N°1, retour aux 57% (Murray 2 Ferrer 3 Djoko 4) ; 2010… toujours N°1, (Murray, Ferrero, Djoko 4). 2011 est la 1è année où Djoko est 1er, Nadal étant 2è et Murray 3è ; il est encore 3è en 2012 (Murray 1 Djoko 2) ; il régresse en 2013, 5è, Djoko est 2è derrière Ferrer.
En somme, Nadal nous aurait fait une Borg, il aurait été 4 fois N°1 sur retour de 2è depuis son 1er majeur, une fois 4è, une fois 7è. Sur cette même période, Murray aurait été vu comme un bon N°3. On n’aurait même pas parlé de Djoko.
Après si on prend la stat globale sur les jeux de retour, Nadal est N°1 en 2013, 2012, 2009, 2008, 2007 et 2005…. Ca me parait étrange de ne pas l’évoquer comme un grand relanceur sur la base des stats en tous cas. Les stats de Djoko et de Murray sont nettement moins bonnes (Djoko est une fois N°1, en 2011, et 2 fois 2è, et Murray une fois N°2)
Pour moi la stat de retour sur 2è balle est vraiment révélatrice de l’efficacité en retour, puisque c’est celle qui a le plus d’influence sur le gain du jeu – tout comme l’efficacité de la 1è balle au service est fortement liée au % de jeu de services remportés… Même si elle est influencée par la qualité à l’échange, on ne peut l’occulter. D’ailleurs, il est arrivé à Fed d’être très bon en retour de 1è balle, et pas que contre Karlovic : en 2006 il est 2è (devant Murray et derrière Davydenko), ainsi qu’en 2004 ! Il est 6è en 2005, 5è en 2007, 9è en 2008. Il ne sort du top 10 qu’en 2009, après son pic de carrière, mais fait encore 3è en 2010…
Quelques éléments de réponse pour Nadal et Fed vs massive serves :
- Fed s’en tire parce qu’il est lui-même un grand serveur – et avec la concentration que suscite les Gros Calibres, il sert encore mieux. Or les grands (aux sens propre et figuré) serveurs sont généralement des mauvais retourneurs – ces gars ont des problèmes de placement (valable aussi à l’échange : Fed joue très vite). Quand deux godzillas du service-par-la-taille s’affrontent, leur faiblesse en retour se répondent. Quand c’est quelqu’un qui a d’autres arguments dans son jeu…. Isner et Karlovic sont moyen sur herbe parce qu’ils n’ont pas le temps de bouger. (Les mecs avec un service phénoménal qui ont réussi à Wim ne sont pas des géants : Goran fait 193 cm, genre Monfils, pareil pour Stich, Roddick 188 cm, la taille de Djoko, Krajicek et Philipoussis la même taille que Berdych et Raonic.)
- son slice est vraiment pénible.
Pour Nadal :
- son intelligence tactique lui permet de tirer le parti maximal de leurs problèmes de déplacement
- même à bonne hauteur, sa balle est dure à contrôler… et le placement est essentiel
- c’est aussi un excellent relanceur, qui lit très bien les services : je l’ai vu à Bercy contre Janowicz, qui n’a plus réussi à passer un seul ace après le premier set, alors qu’il était dans un très bon jour au service.
- son truc, ce n’est pas de prendre la balle tôt, c’est de se mettre à des kilomètres au fond sur 1è balle ; comme il est fabuleux dans les courses vers l’avant et en anticipation, il est relativement protégé des amorties, et ses lifts lui donnent du temps ; il est moins dans le « ça passe ou ça casse » des relanceurs à la Dolgo/Djoko : il peut ralentir le jeu, les faire jouer et du coup, les rincer physiquement.
Après, contre Isner et Karlovic, Nadal n’a que 4 rencontres chacun, c’est un ratio de victoire normal assez normal pour lui sur ces années où il est big boss. Pour Isner, on a une défaite en 2010, année des doubles fautes pour Djoko, et pour Cinci, il avait pris le coup sur la tête de RG/Wim.
Le ratio de Fed contre Karlovic, ça c’est déjà plus significatif
C’est pas leurs victoires qui lassent à Tic et Tac, c’est leur tennis et le spectacle proposé par leur confrontation très spécifiquement.
La différence, c’est que Fed propose un tennis opposé à celui de Nadal et Djoko, qui favorise le spectacle et magnifie leurs confrontations.
C’est toujours la même histoire, mais Fed ne dégoute pas le joueur attaquant en face à coup de défenses d’un autre monde et en gagnant à l’usure par un physique monstrueux.
Mais c’est vrai que cette année, où Nadal, Djoko et surtout Murray ne semblent pas à leur optimum, manque de bol pour les petits jeunes, Fedou revient très fort…
Ceci dit il leur a bien laissé les coudées franche en 2013, mais bon Nadal et Djoko n’ont rien lâché eux… désespérant n’est-ce pas ? ^^
Federer-Djokovic, dans une certaine mesure, c’est le Sampras-Agassi des années 2010, auquel il manque quelques finales de renom. Roger, le fils spirituel de Pete contre Novak, le copier-coller d’André en termes de palmarès. Les duellistes jouent vite et bien, le jeu n’est pas haché. Les Djokovic-Nadal sont chiants parce que trop longs (entre autres), les Federer-Nadal sont chiants… parce qu’il y a Rafa et accessoirement si peu de suspens. En revanche, entre Tic et Toc, l’incertitude est souvent de mise. Selon les matches, on penche plutôt pour l’un ou pour l’autre. Qui peut prédire à coup sûr ce qu’il va advenir ce soir ?
Pas d’accord. Les Federer Nadal sont rarement chiants et souvent très bons. Très souvent apprement disputés hors terre battue. Très équilbrés aussi et donc avec du suspense, hors une bonne partie des matchs sur terre battue. Ce sont l’ensemble des matchs de Nadal sur terre battue qui généralement se terminent de la même manière, pas seulement contre Roger. Seul Djoko a réussi à gagner une fois de plus contre Nadal sur terre que Roger..
Âprement disputés, dites-vous ? Avec du suspens, vous croyez ? Ma femme me disait souvent ça, oui, devant la télé, qu’elle aimait le suspens. Vous voyez Monsieur, ces trois dernières années, depuis le Masters 2010 disons, les deux rivaux se sont affrontés à neuf reprises hors terre battue. L’Espagnol a gagné trois fois en deux sets, une fois en trois sets (gagnants) tandis que le Suisse a gagné deux fois en deux sets. Âprement disputés, sûrement… Avec du suspens, sans doute…
On peut avoir du suspens dans un match qui se termine en deux sets, Geô. Loin de moi l’idée d’affirmer cependant que c’était le cas dans les matchs dont tu parles. Il faudra vérifier.
Tu fais bien de le préciser, il s’agit le plus souvent ici de matches en deux petits sets.
Je ne considérait leur rivalité depuis 2010..mais depuis leur premier match en 2004
Sur 18 matches disputés hors terre battue depuis leur première rencontre, seuls 6 ont été « âprement disputés ».
J’ai regardé de plus près les cotes de la finale qui donnent a peu près toutes du 60-40 pour le Djoker..
La cote la plus intéressante pour miser sur Roger est chez sportingbet : 2.60 ..Pas mal…Je me tate bien que ne pariant pas en principe en dessous de 3
Salut les gens
J’étais lost in the mountain cette semaine, du coup je n’ai pu suivre IW qu’à travers vos commentaires… que d’upsets et de plaisir, avec mon dolgocapitaine qui sort Nadal (je viens de revoir le match, et le début est hilarant avec déjà plus un seul challenge à 1 jeu partout pour Dolg’…), Stan qui sort, mon gardien (Murray!) qui se ridiculise, Benneteau qui l’espace d’un instant se prend à croire qu’il est plus que « good enough », La Fédèr’ qui semble retrouver un bon niveau, etc etc et etc!
J’ai vu ressurgir avec plaisir (mais pas d’un ancien volcan) des posteurs d’antan, le site a vraiment grouillé de vie cette semaine, malgré la mise en page à 50 comms pas très agréable.
Et merci Guillaume de nous faire partager tes petites infos croustillantes, on en redemande!
Sam : je n’ai vu ton message que ce matin, forcément, parce que hier je suis parti sur une autre planète ! C’était ma première fois à Rennes alors on m’a montré des bars classiques, le P’tit Vélo, le Bar’Hic… J’ai bien aimé !
A propos du débat sur la relance : je distingue la « relance » et le « retour ». L’un fait mal tout de suite (Djoko, Murray), l’autre met la balle en jeu (Nadal). Nadal est souvent sur la balle mais, surtout, il a un tel ascendant dans le jeu qu’il remporte le point. Il gagne plus et donc joue plus sur terre battue que Djokovic et Murray, surface où le retour est « plus simple ».
Il faut effectivement faire cette distinction essentielle.
Et c’est la limite des stats… On ne peut faire la part entre chaque élément du point. Mais je pense qu’on peut aussi concevoir qu’un retour peut être bon parce qu’il est « placé », pas forcément rapide, de même qu’un service peut être bon pas seulement parce qu’il est fort, mais bien placé, varié, peu lisible… A partir du moment où on cherche à objectiver, seul le résultat peut être pris en compte, pas la manière. Un bon retour, c’est un retour qui annule l’avantage du serveur, qui donne au relanceur la mainmise sur l’échange. Nadal a un très bon sens de l’anticipation, il touche beaucoup de balles très rapides, mais ça ne l’intéresse pas forcément de faire des retours gagnants…
Pour aller plus dans le détail, il faut des stats comme celles de Jeff (qui répertorie les directions de chaque coup et distingue les services non retournés des aces), ou Juan José, qui distingue la longueur des retours dans ses analyses de matchs « en retour ».
Le match de Cinci entre Isner et Nadal a été codé : http://www.tennisabstract.com/charting/20130818-M-Cincinnati_Masters-F-John_Isner-Rafael_Nadal.html
Isner a par exemple un taux d’aces de 13.6%, alors qu’il tourne souvent autour de 20% : http://www.tennisabstract.com/cgi-bin/player.cgi?p=JohnIsner&f=o1
Et merci Guillaume ! Super d’avoir toutes ces infos, c’est de la belle exclu 15-love ! Edberg ? Bof, ça ne me choque pas plus que ça… L’idée que le tennis est une grande famille, je n’aime pas…
Bon ben Penetta a bousillé Radwanska (qui l’a bien aidée). La fille devrait être dans le top 10 vers Wimbledon, ça c’est de la remontée !
Le Rog ne parvient pas à se procurer de balle de break dans ce 2ème jeu du match, alors que le Djoko fait tout pour…
Ah, voilà! Faut conclure maintenant. 2ème balle… Et c’est fait sur une Nième faute de Djoko (mais après un beau point cette fois).
Le Serbe est très mauvais pour le moment et Roger très offensif.
C’est parti !
Déjà 2 double fautes de Djoko pour son premier jeu de service.
Très peu de premières balles.
Voila la première balle de break du match.
Voila 2-0 Fed.
Djoko semble avoir perdu sa confiance. Un peu comme Roger l’an dernier.
eh ben, c’est brouillon et nerveux, tout ça. Pourtant y a pas l’air d’avoir des masses de vent…
Il me plait bien ce début de match
Tout roule pour le moment… Des bonnes intentions chez Roger, Djokovic emprunté… 3-0.
3-0
Roger joue très bien et Djoko est à l’image de ses derniers matches.
Ce n’est que le début cependant.
Bon, tout ça est rondement mené, Roger a l’air très concentré.
Déjà 3 doubles fautes
35% de premières balles.
4-1
Fed joue bien mais Djoko lit trop bien son service et le met en danger sur chaque retour.
Magnifiques services à 30A. C’est du très bon Fed, ça!
A 15-A aussi, super ace slicé !
0-15 plutôt.
il va surement essayer de conclure sur le service du djoke
Bien vu
Voila 6-3 !
Ca, c’est fait.
Trop de failles en coup droit pour Djoko.
C’est ce que l’on appelle boucler un set !
Purée, pas le temps de s’attarder, ça a défilé ce premier set !
Marrant, Fed n’a pas été trop bon au filet… Par contre, en revers long de ligne et au service… ça va ! ^^
c’est Djoko qui a très bien passingué ^^
Là quand même on peut dire qu’il joue bien non ? Il me tarde de le voir face à Robredo !
Tout bon, j’ai reinvesti mes gains de la semaine sur une victoire en 2 sets..pas le moment de déconner Roger.
Hum ce coup droit…. Ce coup droit !
Bon, le match est très loin d’être terminé et Djokovic a bien sûr les outils pour finir par l’emporter.
Mais le prochain qui écrit juste pour prévenir le pire que « Federer n’a plus le niveau de fond du big 4″, qu’il est « débordé physiquement par Djoko et Nadal » ou qu’il « n’a pas les moyens pour rivaliser sur la longueur avec les nouveaux maitres du circuit », je l’encastre contre le mur du site. Courtoisement. Mais avec le sentiment du devoir moral accompli.
Je crois que le big 4 n’a plus le niveau pour résister à ce Federer.
Qu’Est-ce qu’il avance dans le court… C’est beau. Si ça continue comme ça dans 2 ans il va jouer comme jouait McEnroe.