Comme un manche

By  | 12 novembre 2013 | Filed under: Opinion

Karim re­mas­tered

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De temps en temps je vais à la cave et je débouc­he une bonne bouteil­le… Un texte posté l’air de rien par un des talen­tueux histr­ions qui rôdent dans les allées de 15Love. Générale­ment, l’effet est garan­ti : trop, c’est trop ! Je me re­fuse à boire en suis­se, il faut que je paye une tournée.

Là, c’est en­core un méfait de Karim.

C’est un texte par­fait dans la forme et le fond… Une an­alyse qui trouve une an­alogie d’une just­es­se im­par­able in­cluant les di­mens­ions com­plexes de l’en­semble de toute une généra­tion ten­nistique dans l’es­pace d’un bi­llet, c’est… co­smique, quoi.

Après le post in­augur­al de Sam début 2013, qui étin­celle à faire re­mu­er les pail­lettes et le strass de l’em­ballage de ce beau monde en mille ger­bes d’ar­tifices, Karim plon­ge sous le capot.

Il y a un para­llèle à tirer entre la vis­ion de notre GOAT du clavi­er et la philosop­hie du jeu , avec le pas­sage sur le jeu/sport/compéti­tion ; la com­péti­tion telle que Karim la définit serait par ess­ence l’an­tithèse du jeu : elle vise à l’an­nihila­tion ab­solu du hasard et du ris­que, alors que le jeu est enjeu, gratuité, prise de ris­que – pour le plaisir de contrôler, aux mar­ges, cette li­berté, d’en savour­er le fris­son et le soulage­ment. Sol­ide con­tre Fragile, le com­pétiteur con­tre le Joueur.

Avec un para­doxe ir­réduc­tible inhérent à une industrie-spectacle : d’un côté une logique de pro­fes­sion­nalis­me, stan­dardisa­tion, minimisa­tion des ris­ques pour les pro­moteurs, s’ap­puyant sur la di­mens­ion du spec­tateur avide de sécurité et d’iden­tifica­tion mag­nifian­te ; de l’autre le spec­tacle, dont le prin­cipe ne se li­mite pas à une pyrotechnie visuel­le : l’œil du spec­tateur se lasse du répétitif, même celui de l’excès, et s’anime d’un be­soin d’adrénaline, de sus­pen­se, le goût de trembl­er, de « tromper-la-mort », qui réclame la sur­pr­ise, l’inat­tendu.

Ceci dit, cela con­cer­nera sur­tout le spec­tateur habitué ; le semi-occasionnel, qui suit uni­que­ment dans les Grands chelems les matchs de ses com­pat­riotes et la fin­ale, n’a peut être pas le temps de se blas­er.

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Comme un man­che*

Avec l’avène­ment de Djoko c’est moins un nouveau ten­nis qu’une nouvel­le façon de le con­cevoir qui s’an­nonce. Plusieurs fois Henri Lecon­te a fait l’analogie avec la F1, il ne croit pas si bien dire. Pas que la F1 d’ail­leurs mais tous les sports d’équipe assez poin­tus, médiatisés et drainant les mill­ions de téléspec­tateurs et les royalt­ies qui vont avec. Aujourd’hui Djoko a poussé plus loin que quicon­que la no­tion de team, d’écurie groupée auto­ur de sa per­son­ne. Son corps est une mécanique de précis­ion, un outil hor­log­er qu’il faut main­tenir en par­fait état de marche.

Sous les fils, le ten­nisman

Quand Nadal concède s’adonn­er quel­que peu aux joies d’un bon gueuleton, con­scient de ce que ça peut lui coûter pour aller cherch­er les ul­times dixièmes de secon­des sur un tour de cir­cuit, Djoko lui ne lais­se rien au hasard. Quand Vet­tel de­scend de sa Red Bull, deux heures après il y a en­core des in­génieurs auto­ur de la cais­se pour compléter les procédures de mise en veil­le de tous les systèmes. Et avant qu’il n’en­file sa com­binaison, les mêmes in­génieurs sac­rifient au rituel de mise en tempéra­ture et en état de fonctionn­er de la bête, deux heures au bas mot là en­core.

Avec Djoko c’est pareil. Il reste évasif sur ses fameuses méthodes de récupéra­tion mais Moratog­lu (que j’apprécie de plus en plus ceci dit) précise bien qu’il est celui qui va le plus loin dans les fameuses procédures de mise à feu, puis de mise en veil­le. Il faut pratique­ment autant, sinon plus de dis­cip­line pour se plier à deux heures de kiné et de re­laxa­tion et étire­ments, que deux heures de pani­er à bal­les et de sprints. Com­bi­en le font ? Com­bi­en sont-ils à gérer avec autant de sérieux les à-côtés ? D’ail­leurs la plupart doivent se dire que c’est du pipeau, il n’empêche, lui s’y as­treint.

Une soufflerie de F1 – jusqu’à ce qu’on réglemen­te les horaires d’utilisa­tion comme les séances d’es­sais privés – ça tour­nait 24/24, 365/365. On ne cherche pas à gagn­er une secon­de, on cherche à gagn­er 1/10 de secon­de. On tente tout, on fait tout. L’ap­port mar­gin­al est ridicule pour 99% des béotiens, mais eux savent ce qu’il en coûte de s’en pass­er. Pour réussir une F1 il faut une bonne base, un bon de­ssin in­iti­al qui in­terprète à la li­mite ac­cept­able un règle­ment qui se veut contra­ig­nant, et en­suite une quan­tité énorme de travail de dévelop­pe­ment tout au long de l’année, sans relâche. Djoko fait en­tr­er le ten­nis dans l’ère de la F1. Bonne base, li­mite du règle­ment et dose de boulot.

Il est ex­trême­ment affûté, il ne se troue jamais, il ne lais­se aucune chan­ce à son physique de le trahir. Tous les détails com­ptent. Re­gar­dez le staff d’une équipe de foot américain, il doit y avoir plus de cent per­son­nes avec les joueurs. Ultra-spécialisation des rôles, chacun est re­spons­able d’une brique sur un Lego de 2500 et s’as­sure qu’elle sera à sa place au mo­ment néces­saire. Djoko c’est le Lego à lui tout seul.

Fed est le de­rni­er et l’ul­time JOUEUR de ten­nis, à en­core con­sidér­er cette ac­tivité non pas comme un jeu – faut pas déconn­er, per­son­ne n’est là pour s’éclat­er et se fendre la poire, pas même Llod­ra – mais comme un sport. Fed est l’ul­time spor­tif du ten­nis. Son jeu, sa philosop­hie, tout son être vivent pour la pratique de ce sport. Sport qui le fait sacrément bien vivre. Avant lui Lendl était l’ul­time pro­fes­sion­nel du ten­nis, il travail­lait dans le ten­nis. Le ten­nis était son boulot. Djokovic lui c’est le suc­ces­seur de Nadal dans le rôle d’ul­time com­pétiteur. Le ten­nis est une com­péti­tion, avant d’être un sport, à défaut d’être un jeu. Djoko est en com­péti­tion. De­puis le pre­mi­er jour, de­puis qu’il a an­noncé alors qu’il n’était que dalle qu’il al­lait ar­raisonn­er les navires de Fed et Nadal.

Nadal est le pre­mi­er qu’on a vu pouss­er aussi loin l’ingénierie dans la con­cep­tion de son jeu. Tout est étudié pour gagn­er, il y a de la réflex­ion derrière, à défaut d’instinct. A com­menc­er par le choix du bras gauc­he con­tre na­ture. Le choix des armes à développ­er en suivant l’évolu­tion des sur­faces et du matos. Djoko n’a pas com­mencé sur cette base, il se cherchait un peu. Puis il s’est in­spiré de Nadal en se dis­ant qu’il avait de meil­leures dis­posi­tions naturel­les avec son physique léger et agile, sa soup­lesse, sa rapidité, sa qualité de frap­pe, et qu’en bos­sant aussi dur il n’y avait pas raison qu’il n’améliore pas l’espèce. Et c’est ce qu’il a fait. En F1 pour gagn­er il faut Ad­rian Newey. Je ne sais pas qui est le Newey de la galaxie Djoko mais c’est un sacré putain de stratège. Djoko pre­mi­er ten­nisman de sport col­lec­tif. C’est une équipe de Foot de Liga ou de Pre­mi­er League à lui tout seul.

Sur le court on peut trouv­er ça chiant, en fait c’est juste ef­ficace. Fed a cherché à être l’ul­time dépositaire de chaque coup du ten­nis, à en détenir les codes pour la par­faite ex­écu­tion. Nadal puis Djoko main­tenant ont eux cherché à détenir les clés pour gagn­er. Gagn­er. Sans s’en­combr­er d’académisme et d’ex­haus­tivité. Fed a voulu le flacon et l’iv­resse. Son breuvage en­chan­te les papil­les mais lais­se juste pom­pette. Djoko lui c’est un putain de tord-boyau dont l’unique ob­jec­tif est de vous mettre en état d’ébriété. Si l’ob­jectif est d’être saoul, Djoko c’est du Rhum à 60% et Fed du Cham­pagne millésimé. Faites les com­ptes.

Djokovic affron­te l’équipe de foot des pilotes du Grand Prix de Monaco. Évidem­ment, il a gagné. La bag­nole court plus vite que le pilote.

Le dis­cours de la méthode

Éli­mina­tion de l’in­certitude, mécanisa­tion de la vic­toire. J’avais déjà souligné com­ment et pour­quoi à mon sens l’analogie entre le ten­nis et la for­mule 1 ou cer­tains sports d’équipes était per­tinen­te. Je pour­suis quel­que peu mon raison­ne­ment. Le sport de haut niveau aujourd’hui c’est moins la réus­site de l’in­dividu que celle de la méthode. Poussée à son paroxys­me, la prépara­tion vise autant la per­for­mance pure que la maîtrise des imprévus, im­pondér­ables et aléas. Peu ou pas de sur­pr­ise, tout maîtris­er, tout contrôler. Cette fièvre de la minutie se nour­rit de l’esprit de com­péti­tion et du per­fec­tion­nisme d’ac­cord, mais est sur­tout re­ndue pos­sible par l’unifor­misa­tion. C’est là où la méthode prend le pas sur l’in­dividu.

Mic­hael Schumach­er chez Fer­rari, c’est le pre­mi­er ex­em­ple qui me vient à l’esprit. Cinq tit­res con­sécutifs de champ­ion du monde de F1 dans un con­tex­te réglemen­taire st­able et grâce à une dream team froide­ment as­semblée : meil­leur man­ag­er avec Jean Todt, meil­leur ingénieur avec Ross Brawn, meil­leur ingénieur piste avec Rory Byrne. Et donc le meil­leur pilote avec ce bon vieux Schumi. La traque du détail, les équipes d’ingénieurs qui bos­sent 24/24h, les es­sais privés 365 jours par an, Fer­rari dans la première moitié des années 2000 in­ven­te la per­fec­tion et l’an­nihila­tion du fac­teur imprévu. Toutes choses étant égales par ail­leurs, le puzzle as­semblé par la Scuderia ne peut qu’en­fil­er les tit­res comme des per­les. Quand dix ans plus tard la FIA décide de li­mit­er dras­tique­ment les es­sais privés pour réfréner les dérives budgétaires, on in­ves­tit dans des simulateurs ultra-puissants et les pilotes, à défaut de limer l’asphal­te de­vien­nent des gam­ers pro­fes­sion­nels.

Massa au volant de Djokovic.

Sébas­ti­en Loeb, en­core plus fort. En ral­lye le talent s’exprimait sur des ter­rains di­v­ers : équilib­ristes et patineurs au Monte Carlo ou en Suède, funam­bules en Fin­lan­de, marat­honiens au Safari, pis­tards en Corse. Si les ter­rains sont restés variés, le for­mat des ral­lyes a changé : fini les 5000km du Safari Kenyan, les spéciales de nuit du Monte Carlo (réintroduites de­puis), place à des bouc­les ultra-répétitives con­centrées auto­ur de parcs d’as­sistan­ce et co­urues plusieurs fois lors de la même épre­uve, dans des for­mats co­urts. En voulant re­ndre le ral­lye télégénique on lui a retiré son âme et on en a fait une épre­uve aussi for­matée que la F1. Citroën four­nit à Loeb la meil­leure voi­ture dans les li­mites du règle­ment (quel­ques in­car­tades hors des clous tout de même) et lui as­som­me la con­curr­ence en pro­posant le meil­leur co­cktail entre vites­se et FIABILITE. Moins bril­lant et fou que Lat­vala première mou­ture ou Marko Mar­tin avant lui, mais tel­le­ment plus sol­ide. Et quand Ogier menace le maître en dosant aussi le co­cktail rapidité/fiabilité, il est éjecté de la mac­hine à gagn­er. Et avec lui le di­rec­teur spor­tif qui a osé le mettre en con­curr­ence avec Dieu. Citroën en­file les tit­res comme des per­les et toutes choses étant égales par ail­leurs Loeb de­vient non­u­ple champ­ion du monde. Non­u­ple ? Le mot a dû être validé pour lui j’en suis sûr.

Pour en re­venir au ten­nis, notre bon Novak Djokovic aurait eu à maîtris­er Cash, Be­ck­er et Ed­berg sur herbe, puis Lendl et Wiland­er sur terre et sur dur. Pas une gageure. Plus près de nous il se serait tapé Sampras et Ivanisevic sur herbe, Sampras et Agas­si ou Raft­er sur dur, Bruguera et Kuert­en sur terre. Voilà à quel prix Nole et avant lui Rafa et Roger auraient bouclé les Petits chelems qu’ils en­quil­lent sans moufet­er.

On a déjà évoqué mille fois l’unifor­misa­tion des sur­faces à cause du ralen­tisse­ment dras­tique des sur­faces dites rapides, voire de leur dis­pari­tion pure et sim­ple (par­quet, moquet­te). Les raquet­tes magiques et les nouvel­les tech­niques d’entraine­ment ont fait le reste. Comme la F1, comme le ral­lye et sans re­mettre en cause les for­mid­ables talents de Schumach­er et Loeb, le ten­nis est rentré dans la di­cta­ture de la méthode. La méthode s’im­pose quand il n’y a plus de place pour l’imprévu, le chan­ge­ment, la variété. Une méthode pour une façon de jouer. En For­mule 1 quand il pleuvait on savait que le rap­port des for­ces al­lait s’in­vers­er et qu’un Stewart ou un Senna même en con­duisant un fer à re­pass­er al­lait tirer son épingle du jeu. Aujourd’hui avec toute l’électronique em­bar­quée et les voi­tures con­duites quasi de­puis les stands, le mouillé n’exis­te plus.

En ten­nis c’est pareil. Lendl qui fait l’im­passe sur Roland-Garros pour aller se préparer sur herbe et maîtris­er ce satané service-volée, on ne va pas re­voir ça de sitôt. On s’est pro­fondé­ment ennuyé pen­dant les meil­leures années Schumach­er et le co­u­ple Loeb/Citroën a tué le WRC à lui tout seul. La F1 a com­pris le truc et a essayé avec plus ou moins de succès de réintroduire le spec­tacle en piste et aujourd’hui s’inquiète de l’hégémonie de Vet­tel. Quand le ten­nis prendra-t-il con­sci­ence de ses dérives à lui ? La fin­ale de l’Australian Open 2012 aurait dû à ce titre déjà tirer la son­nette d’alar­me.

Le Petit chelem est de­venu l’unité de mesure et les sur­prises dans les grands tour­nois aussi rares que des aurores boréales à Tom­bouc­tou. Seul Fed a la co­ur­toisie de per­dre de temps en temps con­tre une brute. Mais pour Nadal, Djoko et main­tenant Mur­ray, im­pos­sible de per­dre aut­re­ment que con­tre l’un des deux aut­res, et si pos­sible après une demi-journée de ten­nis bien chian­te. Toutes choses étant égales par ail­leurs, ils ont trouvé la meil­leure méthode. Méthode de jeu avec la défense ac­harnée, le stak­hanovis­me dans l’échan­ge et la capacité à al­tern­er défense et at­taque, et méthode d’entraî­ne­ment avec la prépara­tion physique et tout ce que cela sup­pose.

Bag­nole, peut-être, mais toujours slip, notre Djoko !

Méthode Schumach­er, méthode Loeb. J’aurais pu citer les méthodes Armstrong, Phelps ou l’école Jamaïcaine du sprint. On en re­par­lera.

… Je te pre­nds au mot, cher Karim, c’est chose faite !

♠ ♠ ♠

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Co­dicil­le nadali­en


Rafa me fait le coup pour la 203ème fois de­puis qu’on se fréquen­te.

Niveau de jeu très bof, il n’impres­sion­ne pas du tout, mais il est dans le de­rni­er carré et peut rafl­er la mise.

Au fond lui per­son­nifie tout seule la catégorie des joueurs à vivre. J’ai fait cette dis­tinc­tion, un soir d’in­somnie cette semaine où je me de­man­dais pour­quoi cer­tains étaient si forts, niveau résul­tats, alors qu’on avait l’impress­ion que c’étaient des tanches. Je suis arrivé à la dis­tinc­tion entre joueurs à voir et joueurs à vivre. Le joueur à voir, c’est celui qui vous met d’ac­cord de­puis votre télé ou le bord du court. Ça va du maestro genre Fed, à la brute genre Gon­zalez, en pas­sant par le mauvais génie à la Safin ou Gul­bis. Ceux-là, pas be­soin de se poser la ques­tion de savoir pour­quoi ils ont gagné, ou gag­nent quand ils le font. La démonstra­tion ten­nistique se suf­fit à elle-même.

Et les joueurs à vivre, il faut les avoir en face de soi, de l’autre côté du filet, ou au moins les voir à l’œuvre de­puis les bords du court, pour com­prendre à quel point ils sont em­poison­nants et dif­ficiles à jouer, com­ment face à eux tout tour­ne au drame. Les poux sont l’archétype du joueur à vivre. Nadal est l’épitomé du joueur à vivre. Son lift simple­ment réputé si in­contrôl­able et usant morale­ment et physique­ment est totale­ment anéanti par la caméra. Le joueur à vivre c’est l’anti-télégénique.

*

In­téres­sant…

Il y a l’as­pect ment­al qui par­ticipe de cette catégorie « à vivre » (et évidem­ment, à un niveau ex­cep­tion­nel chez Nadal) – en tout cas, qui n’est pas « à voir », même si on la décode par les yeux : c’est par l’analyse qu’on le perçoit, quel­que chose de très ab­strait : « Où, quand, com­ment, le joueur fait-il quel­que chose – voire, ne fait pas quel­que chose ».

Nadal est sûre­ment le joueur qui re­mpor­te le plus de match serrés, voire des matchs où son niveau de jeu moyen (nombre de points re­mportés) est moins bon que l’ad­versaire. Mais il a le génie de savoir ce qu’il doit faire, c’est à dire com­ment gagn­er le point à un mo­ment T du match ; un génie à la fois dramatique (« la guer­re psyc­hologique » – celle du coup de mas­sue à la Savan­cosinus, dans Astérix) et écon­omique (gérer le pécule de sa con­centra­tion comme le trad­er suprême).

J’ai vu Nadal à Bercy con­tre Janowicz. Nadal donne souvent l’impress­ion de vouloir gagn­er chaque point du match, mais c’est plus sub­til que ça. Il peut donn­er du mou à la jugulaire. Ou gnaqu­er d’un coup sec. Il sait qu’à tel mo­ment, sur son ser­vice, l’autre peut con­struire un momen­tum parce qu’il a réussi à domin­er à l’échan­ge, à trouv­er une façon de le jouer, sur un point à forte valeur ajoutée. Pas ques­tion de le laiss­er capitalis­er, il détrous­se il­lico l’écureuil de sa noiset­te chère­ment con­qu­ise. C’est le mo­ment où tous les joueurs prient pour mettre un ace. Nadal ne prie pas. Il passe com­man­de, et il met l’ace 2 fois sur 3. Et l’herbe est coupée sous le pied de l’ad­versaire, les com­pteurs re­vien­nent à zéro.
Nadal « Faut s’le Faire » a l’in­tui­tion de chaque temps du match : quand il doit au contra­ire insérer de la durée dans un point, quand il doit tent­er et réussir ce qu’il tente, quand il doit tent­er et peut se per­mettre de rater…. C’est le Négociateur, in­trait­able quand il faut, ac­commodant en mon­naie de singe, cir­con­voluant pour dis­soud­re la cohérence ad­verse, minimis­er ses ar­gu­ments.

Ivan es­time que c’est la défini­tion même de Sampras.

Il est un stade où le co­urage de­vient témérité, la témérité déraison, et la déraison, puls­ion de mort.

RIP, Ivan… Il re­viendra.

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Avocate at­titrée de Ric­hard Gas­quet sur 15LOVE (SAUVEZ les bébés phoques !) et Thiemolâtre irrécupérable. Que le Re­v­ers à Une Main soit avec toi.

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467 Responses to Comme un manche

  1. JoAkim 16 novembre 2013 at 16:38

    Service compliqué pour Berdych qui s’est bien accroché. Conclusion du jeu lumineuse de Radek.

  2. JoAkim 16 novembre 2013 at 16:39

    Radek est en feu !!!

  3. Patricia 16 novembre 2013 at 16:40

    Lob génial de Step, Bozol ne sert que des 1è mais grand jeu des tchèques en retour… Berdych convertit les 3 BB sur une faute de Nenad.

  4. JoAkim 16 novembre 2013 at 16:41

    double break et 5/2 pour les tchèques après deux coups de génie de Radek. Un retour magnifique et un lob dans l’angle mort tout en toucher.

  5. Antoine 16 novembre 2013 at 16:43

    Bon, les tchèques ont été assez avisés de laisser servir Zimonjic en premier: il s’est fait breaker à froid alors que c’est le meilleur de l’équipe…Coté tchèque, le Mérou est le meilleur, comme la plupart du temps. On ne fera pas croire que Zimonjic ne serait pas meilleur s’il avait Djoko à ses cotés et que ce dernier vaut mieux que Bozolijac…

    Double break, cela défile vite…

  6. Kaelin 16 novembre 2013 at 16:44

    j’adore Stepanek!!

  7. JoAkim 16 novembre 2013 at 16:46

    6/2 sur un dernier jeu blanc de Radek qui est vraiment lumineux. Les tchèques sont très concentrés et cela peut aller très vite. Le public est en train de craquer quelque peu et je vois bien l’arbitre sévir bientôt.

    • Kaelin 16 novembre 2013 at 16:50

      Radek me rappelle pour l’instant Clément (certes dans un tout autre style) qui avait été plus que monstrueux dans le double durant la finale vs la Serbie en 2010 alors que Llodra était complètement à côté de ses pompes!

      • JoAkim 16 novembre 2013 at 16:55

        Pour Radek, c’est une prestation normale. Un énorme joueur de double. Clément était un bon joueur de double qui savait se transcender en coupe davis en simple et en double.

      • Kaelin 16 novembre 2013 at 17:00

        Radek n’est pas trop mauvais en simple en CD il me semble non ? Même si un peu en dessous de Berdych forcément. Mais oui énorme joueur de double depuis toujours Step. J’adore vraiment leur combinaison et ça me ferait plaisir autant pour Step que pour Berdych qui fait une mauvaise saison qu’ils remportent la coupe, ce qui devrait arriver …

  8. Kaelin 16 novembre 2013 at 16:51

    haha on répond quoi à ces cons de serbes qui sifflent dans les tribunes ? un service gagnant de Tomas!

  9. Patricia 16 novembre 2013 at 16:57

    Oulaa, quelle volée de Nenad pour remporter ce jeu !
    En même temps, il se fait breaker deux fois d’entrée, ça la fout mal…

  10. Kaelin 16 novembre 2013 at 16:57

    Ya du bon tennis quand même, même si Bozoljac est bien en dessous des 3 autres. Ca doit énerver Zimonjic quand même de pas avoir Djoko à ses côtés. Radek on fire, quel joueur. En plus il a mis la chemise dragon du marché que je préfère dans sa garde robe !

  11. JoAkim 16 novembre 2013 at 16:59

    Les serbes s’accrochent aux branches pour sauver le service de Bozo mais que c’est compliqué. En face c’est très serein : un Berdych efficace et un Radek de Gala. Il n’y a pas photo. Sauf accident les serbes vont prendre 3/0.

  12. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:03

    Radek continue de régaler : quel passing tout en toucher ! Ca sent le double break !

  13. Patricia 16 novembre 2013 at 17:05

    super, une double de Zemonjic pour donner 0-30… Bon, il récupère d’un ace mais quand même, c’est pas très confortable, un leader qui vous met dans l’embarras. Egalisation d’une bonne volée de bozol, un autre leur donne une balle de jeu !

  14. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:05

    Nenad sauve la baraque de belle manière.

  15. Antoine 16 novembre 2013 at 17:06

    Zimonjic a l’air d’être sorti de sa torpeur mais cela fait quand même un set et un break pour le tchèques..

  16. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:07

    Le set se joue sur ce jeu de service de Berdych. Si il le gagne, c’est fini pour les serbes.

  17. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:10

    Berdych est vraiment emprunté quand il fait service volée. Par contre dès que la balle va sur Radek, le point est fini. Voila 4/2 le set est plié.

    • Patricia 16 novembre 2013 at 17:14

      JoAkim, tu as déjà péché par optimisme… Radek n’est pas imbreakable…

      • JoAkim 16 novembre 2013 at 17:16

        Franchement, je le vois pas perdre son service aujourd’hui.

  18. Patricia 16 novembre 2013 at 17:13

    Franchement, bozol sert bien mais Step est monstrueux en retour ! La star !

  19. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:14

    Bozo monte en température. Tandis que Radek nous offre encore un retour bloqué de génie. Les serbes s’en sortent encore. A radek de servir.

  20. Kaelin 16 novembre 2013 at 17:15

    King Radek!!!

    • Kaelin 16 novembre 2013 at 17:16

      rolalala et quel toucher il a, c’est bon à voir ça !

  21. Patricia 16 novembre 2013 at 17:15

    Y a pas photo entre les tauliers : duel Step/Nenad, Step montre qui est le boss !

  22. Patricia 16 novembre 2013 at 17:16

    En ce moment, jouer sur Step c’est aussi con que jouer le CD de delPo…

  23. Antoine 16 novembre 2013 at 17:17

    Le Mérou est nettement le meilleur des quatre et remporte son jeu de service blanc 5-3…

  24. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:19

    Un retour volée de génie de Radek !

  25. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:20

    A chaque jeu il fait au moins une fois le point du match ! C’est magnifique.

  26. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:22

    Le public va faire l’enfer à Berdych sur ce jeu.

  27. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:23

    Et voila le point du match du jeu pour Radek et 3 balles de set !

  28. Patricia 16 novembre 2013 at 17:23

    Monstrueuse volée du Mérou…!

    tu mets 10′ de HL, c’est 98% Mérou, pour l’instant !

  29. MacArthur 16 novembre 2013 at 17:24

    Pas mal en double mon Tomas.

    Pourquoi il ne fait pas ça en simple :-(

    • Patricia 16 novembre 2013 at 17:27

      Question de placement… il est déjà au filet quand on lui envoie tout, et il joue plutôt sécure, plutôt que chercher le winner.

  30. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:24

    Et jeu blanc ! Une raclée ils prennent !

  31. Kaelin 16 novembre 2013 at 17:25

    l’âge n’a pas d’emprise sur ce Radek! les femmes le savent depuis longtemps d’ailleurs

    • MacArthur 16 novembre 2013 at 17:30

      Le seul défaut de Radek en ce moment est sa nouvelle compagne (ok je sors)!

      • Kaelin 16 novembre 2013 at 17:35

        c’est sûr que je préfère la nana de Berdych! ;)

  32. Patricia 16 novembre 2013 at 17:27

    Bozol est bon au service depuis le début…
    raison pour laquelle la défaite n’est pas plus sévère encore.

  33. JoAkim 16 novembre 2013 at 17:27

    Djoko n’avait surement pas envie de perdre ce double et il a eu raison. C’est un malin ! Pas très courageux mais malin.

    • Kaelin 16 novembre 2013 at 17:32

      le public serbe m’insupporte

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