Il y a dans chaque classe de cours un type qui, au choix, énerve ou fascine : celui qui aime passer son temps à se balancer sur sa chaise mais qui passe quand même l’examen avec succès. Quand le cours se fait court, ce type s’appelle Marat Safin.
Grand Russe à la gueule d’acteur de cinéma, physique puissant, il collectionne les clichés du talentueux décontracté et dilettante qui s’assume : moments de grâce, prestations brouillonnes et déconvenues infamantes, tout y est. Mais il n’est pas que ce joueur fantasque et génial, connu de tous et qui ne laisse personne indifférent. Marat Safin est aussi une figure d’une période de transition dans la grande fresque du tennis, un temps assez peu discuté puisqu’il précède l’ère que nous suivons actuellement. Tâchons de dresser son portrait, à la fois brillant et obscur, avant de lui rendre la place qui est la sienne dans l’histoire du jeu.
La comète à deux queues
Offert au tennis dès son plus jeune âge par ses parents, entraîneurs, Marat est vite repéré par un recruteur espagnol, qui l’envoie s’aguerrir sur les chaudes terres d’Espagne. Le diamant brut venait d’être découvert, il allait maintenant être enrobé de brique pilée. La terre battue devient la surface de prédilection de Marat et, bien que ses plus vaillantes prouesses se feront sur dur, ses premiers grands coups frappés à la porte de l’ATP sont bien teintés d’ocre. Roland-Garros 1998 : le Russe entre sans prévenir et surprend son monde. Ses victimes se nomment alors Andre Agassi et Gustavo Kuerten, soient le double finaliste et le tenant du titre. La folle course du jeune Marat sera interrompue en huitièmes de finale par Cédric Pioline.
C’est cependant l’été 2000 qui réfléchira les premières lumières du grand Safin. Au sortir d’un enchaînement de trois titres – dont son premier Masters Series, à Toronto – Marat bouscule la hiérarchie et tranche l’ère précédente : il pourfend Pete Sampras en finale de l’US Open. En trois grands set de tennis choquant, Marat devient Safin et impose sa puissance compacte et déliée à un Sampras qui se pose en victime dépassée par l’ouragan venu de l’Est. Le tsar est intronisé. Sa fin d’année est exemplaire : trois titres sur dur dont son premier Bercy, arraché à Philipoussis en cinq set musclés. Il termine l’année second à l’ATP et l’avenir qui lui est promis semble radieux. Mais les années passent sans apporter les récompenses qui lui tendaient les bras : trois Masters Series de plus en quatre ans, la recette est maigre. Pourtant le meilleur reste à venir.
Il ne met pas moins de cinq ans à gagner son deuxième et dernier titre du Grand chelem, soit le plus grand écart de l’ère Open. C’est d’ailleurs le dernier titre de sa carrière : tout un symbole. Peut-être aurait-il dû s’en tenir là. Toujours est-il que l’attente était longue ; Marat était en gestation, Safin allait accoucher d’un match exceptionnel. Une rencontre d’anthologie qui trouve sans encombres sa place au sein des plus grandes de l’ère moderne. Rapide retour sur la genèse de ce classique. Fin 2004, Safin sort l’artillerie lourde en demi-finale de la Masters Cup à Houston face à Federer. Le Russe s’incline au bout de deux set de haute lutte, dont un tie-break mémorable achevé 20 points à 18. On sent alors l’astre moscovite au plus haut, ses rayons ne tarderont pas à lécher le monde du tennis. C’est donc quelque mois plus tard que l’on retrouve nos deux prodiges, pour une place en finale de l’Open d’Australie 2005. Si le premier chef-d’oeuvre de la carrière de Marat n’était dû qu’à lui, cinq plus tard l’équation est toute autre. Face à lui, le Maître suisse, numéro 1 mondial et tenant du titre, domine largement leurs face-à-face et l’a battu en finale de l’édition précédente. Safin laisse de côté ses démons, et laisse éclater son talent ; à son bras répond celui de Federer. L’étreinte s’étend, le spectacle est total, le combat haletant : jamais Safin n’a semblé aussi serein et sûr de son tennis. Un match en cinq set épique, conclu cette fois par une victoire du Russe, après avoir sauvé une balle de match. La finale avant l’heure ; qui se souvient d’ailleurs qu’au tour suivant Hewitt est parvenu à prendre un set avant de s’incliner ?
Sa carrière aurait pu s’arrêter là, tant l’instant était magique. Mais Marat ne serait pas Safin sans ses zones d’ombre. Coups de colère, massacre en règle d’innocentes raquettes, soirées à répétition… Safin renvoie aussi l’image d’un vrai amoureux de la bonne vie, fêtard absolu et déconneur à ses heures. Histoire de compléter sa panoplie de bad boy, insolent de facilité quand – semble-t-il – l’envie l’en prenait. Au-delà de ces faits, on peut jeter sur le joueur un regard empreint d’un certain recul et le placer dans un cadre plus global.
Un personnage-témoin
Safin est une figure-phare d’une période charnière dans l’histoire proche du tennis. Après les Edberg, Becker et Sampras, avant Nadal et la clique moderne. C’est une certaine philosophie du jeu qui se perd alors, pour s’orienter lentement vers des schémas de jeu appauvris, plus musclés en fond de court. Un temps où le physique allait dominer se profilait. Agassi mis à part, les contemporains de Safin s’appellent Kuerten, Hewitt, Ferrero, Roddick ou encore Federer. Tous vainqueurs en Grand chelem ou presque, cette variété témoigne de la transition qu’était le début des années 2000. Aujourd’hui, si le Russe a déjà raccroché la raquette, certains de ses compères opèrent encore au plus haut niveau. Federer bien sûr, mais aussi Roddick qui fait toujours partie du Top 10, n’en déplaise à certains. Ferrero et Hewitt peinent à se maintenir, Haas n’est toujours pas de retour, Nalbandian n’en finit plus de se blesser…Avec deux sacres en Grand chelem et cinq titres en Masters Series pour un total de 15 titres, Safin est finalement celui qui s’en sort le mieux. Les trajectoires tordues et variées de ces joueurs mettent en évidence les quelques années troublées qui allaient précéder un règne de quatre ans. D’ailleurs, Safin, victime de l’autorité de Federer, comme les joueurs précités ? Même pas, ou si peu. Non, le principal ennemi de Safin, c’était lui-même. Et Fabrice Santoro. Si Ivanisevic avouait se battre contre cinq adversaires à la fois quand il était sur le court, nul besoin d’autant d’opposants pour faire craquer le Russe.
Marat Safin est en définitive un joueur simplement fou ; colérique souvent, brillant parfois. Il a touché du doigt à la fois le sublime et le mauvais. Personnage attachant, il a su être l’idole d’une génération, par exemple à Bercy où il s’est imposé à trois reprises.
Selon ses critères, il a très certainement réalisé une excellente carrière. Selon les nôtres, il est passé à côté de quelque chose d’immense. Quelque chose de si grand qu’il dépassait même peut-être le grand Russe.
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Avec tous les petits bonds qu’elle fait entre les points, elle devrait brûler 6000 calories par jour.
Wozniacki a ms un slice dans le court !
Le tournant du match sans aucun doute.
3 points gagnants de suite. Euh, les filles, vous oubliez votre contrat qui stipule que tout match féminin doit se terminer par un ratio négatif de fautes directes/points gagnants.
Break Wozniacki.
Gasquet devrait s’inspirer de la position en retour de Bartoli.
Break confirmé. 2-0
Le davidothon est lancé : survivra-t-il à un match complet de WTA ?
C’est sympa de la part de Bartoli : elle pense à moi et raccourcit le troisième set.
La française est en train de craquer. Ca sent le 6-1 dans le dernier set.
Zut, elle vient de sauver les trois. Calme toi, Marion, respire bien et fais moi deux belles double-fautes !
Les trois balles de double break bien sûr.
Elle s’accroche 2-1. Désolé, mais les hommes devront attendre un peu plus pour leur finale.
Wozniacki a le charisme d’une huitre. Elle ne dégage rien sur le court, contrairement à une Williams ou une Clijsters. Elle est mignonne, et voilà à peu près tout ce qu’on peut en dire.
Au fait Williams, j’ai oublié de commenter ton article. Que dire sur Safin sinon qu’il a illuminé mes première expériences de tennis à la télé. Sa demi à l’OA 2005 bien sûr, mais je retiendrai surtout ses trois victoires à Bercy, où il était adulé, presqu’autant encouragé que les français. C’est dire. Je l’avais vu en vrai en 2002 là bas, en quarts ou en demi, je ne sais plus. Quel charisme sur le court, quel jeu quand tous les rouages en place. Un régal à voir jouer.
3 sets contre Escudé en quart, 2 contre Moya en demie. Tu te rappelles qui était en face quand même ?
Oui c’était contre Escudé, mais je ne savais plus si c’était en demi ou en quart.
Mais je m’égare. Revenons au direct brûlant : break confirmé de la danoise. 3-1.
3 nouvelles balles de break pour la danoise.
Et voilà 4-1 pour la numéro un mondiale.
L’incapacité des femmes à jouer deux sets conséutifs à un bon niveau est tout de même incroyable. Le score final risque d’être 6-1 2-6 6-1, score que l’on ne retrouve quasi-jamais sur le circuit masculin.
Sur le circuit masculin on voit plutôt des 6-3 3-6 6-2
3 balles de débreak.
WTA’s power
4-2 La remontée fantastique ?En tout cas, avec Bartoli, ça peut difficilement être la chevauchée fantastique…
Wozniacki a réussi une volée. Ils ont montré le ralenti mais auraient mieux fait de s’abstenir. C’est un coup à perdre McEncroe d’une crise cardiaque s’il regarde.
Vous pensez que Bartoli soulève combien à l’épaulé jeté ?
4-3. Encore un break d’avance pour la danoise.
j’adore ton article William normal il parle de Marat, mon premier vrai coup de coeur tennistique je me rappellerais toujours de sa 1/2 et finale vs T.Martin et Sampras, de sa 1/2 face à Fed en 2005 à l’Ao et de sa finale perdue contre Johansson ça illustre assez bien le personnage, capable du pire comme du meilleur, j’ai appris très vite à ne plus être déçue de ses contre-perf’, et de savourer les jours où il montrait de quoi il était capable
Ce que je reprocherais à Safin, c’est sa dernière année. Vraiment la saison de trop.
oh non je ne lui reproche rien moi il a composé avec les blessures, son talent, ses envies
Oui mais il semblait vraiment traîner sa lassitude sur le court. Ca devait être pénible, même pour lui.
David a reçu un petit paquet de Julie avec des produits prohibés dedans. je ne vois pas d’autre explication.
Je voulais une expérience forte ce soir. C’était ça ou le commentaire des élections cantonales sur la chaine régionale.
5-3 pour la danoise.
Bartoli challenge pour une balle sortie d’un mètre. Sur le challenge, on ne voit même pas la ligne du court.
Elle a 175 de QI, elle peut pas non plus avoir 10/10 aux deux yeux, ça serait pas juste pour les autres.
Balle de match sauvée à l’instant.
Superbe amortie qui a fini sa course à mi filet. Nouvelle balle de match.
C’est fait. 6-1 2-6 6-3. La danoise a laissé passé l’orage contre une française qui n’aura presque rien raté dans la seconde manche.
Aller mnt place au vrai tennis.
Bon voilà, je rends l’antenne. J’en ai marre, marre, marre. Je crois que je vais faire des cauchemars cette nuit. Merci Marion, tu m’as fait retrouver la raison pour laquelle je ne suivais plus que le tennis masculin. On ne me reprendra plus à pareille expérience.
Non, parce qu’il faut l’avouer : j’ai essayé de vendre le produit Bartoli en disant qu’elle faisait des points gagnants dont parfois des amorties ou des volées mais elle a vraiment un jeu dégueulasse, qui correspond parfaitement aussi bien à son physique (désolé, c’est gratuit) qu’à son attitude. En fait, si on réfléchit, elle est assez harmonieuse.
Wozniacki est certes très mignonne, mais c’est aussi une sacrée machine à gagner…sauf en GC. Enfin elle n’a que vingt ans, elle a tout le temps d’en gagner. 14e titre remporté à l’instant, à son âge c’est beaucoup. Elle fait rarement des contre-perf, fait peu de fautes, se déplace bien et joue souvent le coup juste. Elle est aussi redoutable en cadence.
Arno disait qu’un renouveau de la WTA passait par les bases : mettre la balle dans le court, sans tenter le winner en frappant comme une bûcherone polonaise. Je crois qu’il a raison, et Wozniacki peut jouer son rôle dans cette reconstruction.
Oui mais comme je le disais plus haut, gare à la surchauffe. Elle joue beaucoup et avec un style peu économique. Elle risque de s’user très rapidement. Je ne sais pas quel est son calendrier cette année, mais elle avait enchaîné énormément de tournois la saison passée.
Non non elle fera une longue et belle carrière au sommet sauce WTA, entre 18 et 36 mois.
14 titres à 20 ans c’est bien mais dans l’histoire de la WTA, on a déjà vu mieux, Hingis, Seles, Graf pour celles dont je me souviens.
C’est très bien mais ce n’est pas exceptionnel surtout quand son plus grand titre est Indian Wells qu’elle vient juste de gagner.
tu dis que c’est pas exceptionnel mais celles que tu cites sont juste la quasi plus grande joueuse de l’ère open, et les deux plus précoces numéro 1 (Austin?). T’es dur Coach K!!
La comparaison est assez incroyable, d’accord avec Karim, tu en demandes beaucoup, là De toute façon, elle ne sera plus la même dès la fin de l’été 2012. J’ai dit.
Je suis peut-être dure mais même Sharapova à 20 ans avait plus de titres. En genre comme en nombre!
Je suis exigeant mais pas archi-dur non plus!
D’accord pour Sharapova, 3 titres en GC quand même. Dans le tennis masculin ce serait énorme actuellement.
Ce serait le troisième plus grand total de GC remporté depuis l’année 2000, derrière Federer et Nadal évidemment.