Gaël Monfils, entre bluff et malentendu

By  | 13 juillet 2017 | Filed under: Actualité, Regards

FP7kdDe­puis l’été 2016 et sa défaite tragi-comique en demi-finale de l’ US Open con­tre Novak Djokovic, puis son for­fait rocam­boles­que pour la re­ncontre de Coupe Davis con­tre la Croatie, je n’at­tends plus de « la Monf » que ce qu’il semble être en mesure de nous donn­er : des vic­toires con­tre des joueurs moins bien classés puis des défaites « frustran­tes » marquées par des « oc­cas­ions manquées » con­tre les meil­leurs, comme cela s’est en­core pro­duit con­tre Stan Waw­rinka à Roland-Garros.

Pen­dant la décen­nie 2006-2016 j’ai fait par­tie des opt­imis­tes ou des naïfs qui re­gar­daient le joueur Gaël Mon­fils en terme de poten­tiel. Un poten­tiel athlétique, ten­nistique, tout prêt d’être libéré, ex­ploité, pour at­teindre durab­le­ment le top 5 mon­dial,voire plusieurs fin­ales de tour­nois du Grand chelem.

Le ser­vice et le coup droit de Mon­fils, am­ples et sur­puis­sants, in­car­naient à mon sens une in­vita­tion à jouer un jeu of­fen­sif per­cutant, à même d’as­somm­er n’im­porte quel ad­versaire d’un déluge de points gag­nants. Le jeu de jam­bes vif, élas­tique, la détente et l’en­vergure ex­cep­tion­nelles de­vaient lui per­met­tent de pre­ndre physique­ment pos­sess­ion du court à la manière d’un Yan­nick Noah à l’apogée de sa carrière.

Toutefois, à la lumière d’une saison 2016 d’abord pro­met­teuse puis désastreuse, et du fait que Gaël est désor­mais tren­tenaire, j’ai fin­ale­ment réussi à re­gard­er ce que le joueur montre sur le court sans toujours nuanc­er la réalité par des « et si ».

Et s’il ces­sait de faire le show, et s’il ces­sait de faire des coups bi­zar­res sans néces­sité, et s’il ces­sait de faire des fautes di­rec­tes dans les mo­ments im­por­tants…

1923419-40463874-640-360Gaël Mon­fils est et re­stera un joueur de contre-attaque. Sa zone de con­fort bien définie se situe entre deux et trois mètres derrière sa ligne de fond de court. Il al­ter­ne les coups de re­mises hauts et liftés avec de temps en temps un coup de boutoir quand il sent une op­por­tunité.

Le jeu d’at­taque de fond de court et la montée au filet re­stent oc­casion­nels. Même Roger Ras­heed, l’un des meil­leurs co­achs du cir­cuit, s’est cassé les dents à es­say­er de le faire jouer vers l’avant. Gaël ne peut ou ne veut forc­er sa na­ture défen­sive.

Cela dit, le cas Mon­fils de­meure énig­matique tant les fac­teurs tech­niques et psyc­hologiques sont en­tremêlés, ce qui rend com­plexe la com­préhens­ion d’une « carrière française » teintée comme pre­sque toujours d’es­poir puis de décep­tion.

Ce serait trop sim­ple de le qualifi­er de « loser » à la française comme le font cer­tains com­men­taires lus sur in­ter­net de­puis dix ans.

Quel­ques chiffres : 6e mon­di­al en novembre 2016, ratio victoires-défaites en carrière de 69,04 % .

Un ratio pas for­mid­able mais re­spect­able qui com­m­ence à trac­er le portrait d’un joueur ef­ficace con­tre la moyen­ne des joueurs du cir­cuit, mais dont le ten­nis défen­sif n’inquiète pas les meil­leurs dans une ère dans laquel­le domine le pilon­nage imposé dès la première frap­pe (même Nadal a du adapt­er son jeu à cette donne).

Quel­ques réflex­ions main­tenant à pro­pos de l’as­pect ment­al de ses per­for­mances.

Quand j’ai vu l’autre jour Be­noit Paire tent­er con­tre Nadal un coup entre les jam­bes alors qu’il avait le temps de jouer un coup droit norm­al, cela m’a fait pens­er aux coups étran­ges dont Mon­fils nous gratifie réguliè­re­ment. On l’a vu par­fois évolu­er vrai­ment très très loin derrière sa ligne de fond de court où il multi­pliait les co­ur­ses fol­les, position­ne­ment quasi­ment toujours per­dant à ce niveau mais sus­cep­tible de dis­traire le spec­tateur de ce choix désespéré pen­dant que Gaël « fait le show ».

Une autre fis­sure est ap­parue dans l’ar­mure à Cin­cinnati en 2015 quand, pen­dant le match perdu con­tre Janowicz, Mon­fils a tourné le dos à son ad­versaire sans même at­tendre la fin de l’échan­ge, et enchaînait les points si rapide­ment que les ramas­seurs de bal­les n’avaient pas le temps de se re­plac­er.

Enfin, en demi-finales de l’ US Open con­tre Djokovic l’an passé, Mon­fils, mené 5-0 dans le pre­mi­er set, s’est mis en­suite à jouer pre­sque systématique­ment des bal­les chopées sans con­sis­tance, ce qui en 2016 à ce niveau re­ssemblait fort à un « refus d’obstac­le » face au numéro 1 mon­di­al.

2009552-42186536-640-3602017 : De re­tour après une énième bles­sure, Mon­fils perd un match bi­zar­re con­tre Simon 0/6 6/0 7/6. Plus maig­re que jamais, ses jam­bes re­ssemblant désor­mais à cel­les d’un co­ureur de demi-fond, il par­vient néan­moins à de­meur­er une fois de plus le de­rni­er Français en­core en lice à Roland-Garros.

Cer­taines accéléra­tions et pass­ings de re­v­ers im­pecc­ables réalisés lors de ce tour­noi montrent que Mon­fils a dû be­aucoup travaill­er les as­pects les plus fragiles de son jeu ces dernières années.

Toutefois l’une des clefs de ses défaites au plus haut niveau réside dans le con­stat que Mon­fils util­ise une tech­nique de frap­pe tarabis­cotée, caractéris­tique des joueurs tech­nique­ment peu doués. Une tech­nique qui révèle ses fragilités dans les mo­ments de gran­de tens­ion pen­dant les­quels le physique et le ment­al peuvent fléchir un peu.

Les joueurs et les co­achs louent souvent la facilité athlétique de Mon­fils, mais je n’ai pas le souvenir d’avoir en­ten­du de com­pli­ments à pro­pos de sa tech­nique.

Re­gar­dez au ralen­ti le nombre de chan­ge­ments de plan de frap­pe de la raquet­te pen­dant le geste du ser­vice ou celui du coup droit, c’est com­pliqué.

Il est pos­sible que Gaël Mon­fils ait en réalité be­aucoup moins de marge de manœuvre dans sa carrière et dans son jeu que je ne le croyais ; pris entre un in­stinct de joueur défen­sif qui lui est naturel et ses li­mites tech­niques.

Son tort serait peut être alors, en « faisant le show » par quel­que coup bi­zar­re ou avec quel­que déclara­tion décalée d’es­say­er de perpétuer l’il­lus­ion qu’avec un peu plus d’ef­forts il pour­rait égaler les tous meil­leurs.

Peut être que Mon­fils sac­hant très bien ce qu’il en est, es­saie malgré tout de donn­er le chan­ge , réus­sissant à faire pass­er pour de l’in­constan­ce ce qui relève en réalité de ses li­mites tech­niques ,ce qui serait le mal­en­tendu le plus in­con­fort­able et le plus tri­ste d’une carrière assez in­compr­ise.

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412 Responses to Gaël Monfils, entre bluff et malentendu

  1. Jérôme 14 juillet 2017 at 15:42

    Quand même assez soporifique ce match.

  2. Geo 14 juillet 2017 at 15:50

    Fi qu’il est laid, Mark Woodforde.

  3. Perse 14 juillet 2017 at 15:50

    Je viens de me mettre dessus et j’aime bien le style: shotmaking extrême.

    Cilic joue vite et fort. Querrey s’accroche.

  4. Jérôme 14 juillet 2017 at 15:54

    Et voilà. Dans le genre pataud, Querrey vient de faire très fort pour parvenir à se faire débreaker.

  5. Geo 14 juillet 2017 at 15:59

    Money & tea time (heure de Paris).

  6. Perse 14 juillet 2017 at 16:09

    Félicitation à Cilic.

    Je trouve que Querrey était trop pataud après le service: il a besoin de 2 secondes pour faire sa reprise d’appui après avoir tapé la balle et Cilic a bien exploité ça en envoyant des balles en ligne droite vers ses pieds.

  7. Jérôme 14 juillet 2017 at 16:09

    Money empoché et tea bu.

    Cilic était trop nettement au dessus techniquement pour perdre contre Querrey, sauf à décapsuler.

    Ca va être un client pour la finale.

  8. Geo 14 juillet 2017 at 16:10

    Étonnante faculté chez Cilic de passer du méchant braillard barbu au gentil benêt ravi de la crèche.

  9. Perse 14 juillet 2017 at 16:10

    Je me suis mis sur le court n°1 avec le double féminin et Hingis qui joue.

    • Perse 14 juillet 2017 at 16:11

      En fait, il n’y a pas la suissesse, c’est Niculescu.

  10. Sam 14 juillet 2017 at 16:36

    Hé ben, pas évident ce premier jeu de service pour Thomas. Ca promet …

  11. Jérôme 14 juillet 2017 at 16:40

    En tout cas, ça commence à haut niveau des 2 côtés.

  12. Jérôme 14 juillet 2017 at 16:50

    Et break ! Avec une série d’attaques de coup droit magistrales.

  13. Le concombre masqué 14 juillet 2017 at 16:54

    un stream?

    • Geo 14 juillet 2017 at 16:55

      Bein 4, c’est parfait. Ni commentaires ni pubs.

      • Perse 14 juillet 2017 at 16:57

        Celui l) aussi est bon: http://www.genti.stream/hd/hd1.php

        • Le concombre masqué 14 juillet 2017 at 17:49

          Le meilleur de toute ma vie. Merci

  14. Jérôme 14 juillet 2017 at 17:03

    Berdych monte en température au retour. Et le service de Roger est sur courant alternatif.

    • Jérôme 14 juillet 2017 at 17:04

      Et Berdych débreake grace à 2 doubles fautes.

  15. Montagne 14 juillet 2017 at 17:06

    Berdych mène 5/4

  16. Montagne 14 juillet 2017 at 17:09

    5/5 après un jeu blanc de Fed

  17. ConnorsFan 14 juillet 2017 at 17:12

    On a droit à un échange de cadeaux depuis quelques minutes…

  18. Jérôme 14 juillet 2017 at 17:14

    Ca sent pas très bon. Il a l’air de gamberger le Fed.

  19. Montagne 14 juillet 2017 at 17:16

    Brdych 6/5 grâce surtout à d’excellentes premières

  20. Jérôme 14 juillet 2017 at 17:17

    Tie-break

  21. Montagne 14 juillet 2017 at 17:17

    Et voilà, tie-break

  22. Jérôme 14 juillet 2017 at 17:24

    Ouf. 1er set poussif. En espérant que le gain du tie-break va décoincer Roger.

  23. Perse 14 juillet 2017 at 17:24

    Federer s’en sort bien. Le match est serré.

  24. Geo 14 juillet 2017 at 17:24

    Que fout Boetsch à côté d’Edberg?

    • Guillaume 14 juillet 2017 at 17:46

      Indice : sponsor commun de Rogé et de Wimbledon, dont Nono est un ponte.

      • Geo 14 juillet 2017 at 18:15

        Il me paraît empâté. Le chocolat suisse, sans doute.

        • Guillaume 14 juillet 2017 at 18:19

          Nan. Plutôt le genre de truc qu’il faut posséder à 50 ans sous peine d’avoir raté sa vie.

        • Geo 14 juillet 2017 at 18:25

          Je sais bien que le sponsor de Federer est Rolex et non pas Milka (quoique…) Néanmoins, je cherchais une raison suisse à cet épaississement soudain chez Arnaud, longtemps resté jeune homme.

        • Guillaume 14 juillet 2017 at 18:28

          c’aurait pu : Roger compte Lindt parmi ses sponsors.

  25. Sam 14 juillet 2017 at 17:24

    N’a eu qu’à servir qu’une seconde balle sur ce tie break, ça l’a bien aidé, Roger. Pas l’air serein pour autant. D’ailleurs, quand il s’exclame en allemand comme ça…

  26. Montagne 14 juillet 2017 at 17:25

    Et Fed gagne le set grâce à son service en début de tie-break et une grosse faute de Berdych sur un revers.

  27. Marc 14 juillet 2017 at 17:34

    Fed s’est relâché / vu trop beau à 4/2 et pas loin du double break, déconcentration (2 doubles fautes), debreak et Berdych qui rentre dans son match et tape comme un sourd.

  28. Jérôme 14 juillet 2017 at 17:44

    Globalement, je le trouve très tendu. Et il revient un peu trop à ses anciens retours de revers slicé flottant.

  29. Le concombre masqué 14 juillet 2017 at 17:49

    Heureusement qu’il est pataud, pataud

  30. Le concombre masqué 14 juillet 2017 at 17:50

    L’a pas le coup droit fouettant le rogé

  31. Marc 14 juillet 2017 at 17:52

    Enfin ca le prépare bien pour Cilic car Berdych sert, retourne et tape carrément bien.

  32. Remy 14 juillet 2017 at 18:05

    Voila, je regarde pas Roger et ça tourne au match très (trop) tendu

  33. Arno, l'homme des antipodes 14 juillet 2017 at 18:07

    Fed est tendu mais Berdych fait un super match !! Il est propre comme rarement le Tchèque.

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