Retour sur les finales de Roland Garros

By  | 15 mai 2019 | Filed under: Histoire

Ayant vu sur le site d’Euros­port un clas­se­ment des fin­ales de l’US Open, de la plus oub­li­able à la plus belle, je me suis lancé dans un ex­er­cice an­alogue sur les fin­ales de Roland Gar­ros. Je ne suis pas trop un adep­te des li­stes et des clas­se­ments, mais c’est l’oc­cas­ion de re­plong­er dans quelques-unes des vieil­le­ries qui me sont si chères. Je re­ven­dique la totale sub­jec­tivité de ce clas­se­ment. Et je précise m’être arrêté à 1974, ce qui total­ise 45 fin­ales. Vous allez me dire d’emblée « mais pour­quoi le clas­se­ment com­m­ence à 44 alors ? ». Lisez jusqu’au bout, vous ver­rez bien.

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44. 1977 : Vilas bat Gottfried 6/0 6/3 6/0

La cuvée de 1977 est d’emblée il­légitime : le roi Borg est ab­sent pour cause d’In­tervil­les. Et c’est sa vic­time préférée, Guil­lermo Vilas, qui rafle la mise. Aux dires des joueurs de l’époque, peu d’entre eux étaient cap­ables de faire la différence lorsqu’ils affron­taient le Suédois ou l’Ar­gentin, tant leurs jeux étaient similaires. Ce n’est que l’un face à l’autre qu’ils étalaient le fossé qui les séparait. En l’abs­ence du Roi, le Daup­hin l’em­porte logique­ment, étri­llant ses ad­versaires l’un après l’autre. Son seul op­posant vir­tuel, Nas­tase, s’incline sans gloire face à Brian Gottfried, qui at­teint là sa seule fin­ale en Grand Chelem. Le jeu of­fen­sif de l’Américain se fracas­se de­vant la puis­sance et les pass­ings de Vilas, qui ouvre enfin son com­pteur en Grand Chelem. Trois jeux marqués. Une vérit­able purge.

43. 1986 : Lendl bat Per­nfors (6/3 6/2 6/4)

Le tenant du titre Mats Wiland­er tombe très tôt cette année-là, lais­sant Ivan Lendl sans vérit­able rival. Le seul vérit­able ob­stac­le sur la route du Tchécos­lovaque est Andrès Gomez, qui lui prend un set en quarts de fin­ale. En demi-finale, le n°1 mon­di­al n’éprouve même pas le be­soin de re­tir­er son pan­talon de sur­vête­ment face à Johann Kriek. Quant à la fin­ale, son uni­que intérêt est de pro­pos­er un invité-surprise, en la per­son­ne du Suédois Mic­kael Per­nfors, le héros du tour­noi, vain­queur d’un Be­ck­er peu à l’aise sur ocre et d’un Lecon­te trop porté sur le co­urant al­ter­natif. L’issue de la re­ncontre ne fait aucun doute : le Suédois n’a aucune, vrai­ment aucune arme pour gêner Ivan. Sans cill­er, sans émo­tion, sans hésita­tion, Lendl récupère son titre perdu l’année précédente.

42. 1980 : Borg bat Gerulaitis (6/4 6/1 6/2)

La plus oub­li­able des fin­ales de Borg. Ses deux vérit­ables rivaux, McEn­roe et Con­nors, tom­bent tous les deux prématurément, lais­sant le pub­lic parisi­en une fois de plus orphelin de leurs duels électriques. Le seul intérêt de cette cuvée 1980 est la chevauchée du bel at­taquant Vitas Gerulaitis, qui at­teint la fin­ale. Il ne résiste (un peu) que le temps d’un pre­mi­er set re­lative­ment serré. Le Suédois règle en­suite ses re­tours et ses pass­ings, l’Américain ne peut rien faire. Avec 38 jeux per­dus sur l’en­semble de la quin­zaine, Björn Borg étab­lit un re­cord. Il est seul au monde sur l’ocre parisi­en.

41. 2008 : Nadal bat Feder­er (6/1 6/3 6/0)

La cat­astrop­he tant re­dout­ée des fans de Feder­er… et sans doute Roger lui-même l’a dans un coin de la tête quand il re­ntre sur le court ce jour-là. Après ses trois échecs des années précéden­tes face à Nadal, ceux qui croient sincère­ment en ses chan­ces de l’em­port­er enfin à Paris face à son rival es­pagnol pour­raient tous re­ntr­er dans une cabine téléphonique. Et la quin­zaine du Suis­se, laborieuse et hésitan­te, rend pre­sque miraculeuse sa présence en fin­ale. Be­aucoup sen­tent venir la bouc­herie en fin­ale, au point de re­grett­er que Gaël Mon­fils ait laissé pass­er autant d’oc­cas­ions lors de sa demi-finale con­tre Roger. In­cap­able de tenir l’échan­ge en re­v­ers, Roger ne semble avoir aucun jeu de re­chan­ge à pro­pos­er à Rafa, et reçoit une bien vilaine cor­rec­tion, l’une des tâches noires les plus visib­les dans son pal­marès.

40. 2003 : Fer­rero bat Ver­kerk (6/1 6/3 6/2)

Une vraie décep­tion que cette fin­ale. Car, pour im­prob­able qu’elle soit, l’épopée parisien­ne de Mar­tin Ver­kerk en 2003 n’est pas usurpée. Vain­queur de deux grands favoris du tour­noi (Moya et Coria), le Hol­landais a réussi un par­cours aussi ex­cep­tion­nel que sa fin sera brutale. En fin­ale, il n’a plus les jam­bes, et sur­tout il est écrasé psyc­hologique­ment par l’énor­mité de son par­cours et par la per­spec­tive d’en jouer, quoi qu’il ar­rive, le de­rni­er match. Per­son­ne n’était assez fou pour le donn­er favori face à Juan Car­los Fer­rero, mais on at­tendait un peu plus que six jeux marqués. Il faut dire que « Mos­quito », échaudé par son échec cuisant de l’année précédente, ne lâche ab­solu­ment rien, et pratique le jeu sûr, com­plet et puis­sant qui le porte, pour la quat­rième fois con­sécutive, dans le de­rni­er carré. Mais tant de bal­les du Hol­landais, qui mor­daient la ligne en demi-finale con­tre Coria, sor­tent cette fois d’un rien…

39. 1978 : Borg bat Vilas (6/1 6/1 6/3)

Une fin­ale idéale, mais qui montrera les li­mites de l’op­posi­tion entre Borg et Vilas. Leurs jeux jumeaux ne pro­posent pas l’op­posi­tion de styles qui caractér­ise les duels Borg-Connors. Mais ce jour-là, ils ont un com­pte à régler. L’année précédente, Guil­lermo Vilas l’avait em­porté en l’abs­ence du Roi Borg, et son tri­omphe était en­taché d’une cer­taine il­légitimité. Bref, chacun at­tend de voir si Vilas est véritab­le­ment au niveau de Borg. Ce ne sera pas le cas : dans un duel de longs échan­ges liftés du fond du court, le Suédois rap­pelle à tout le monde qui est le maître et qui est l’élève à ce jeu-là. L’Ar­gentin ne mar­que que cinq jeux, et c’est bien là la seule con­sola­tion pour le pub­lic : ce duel fermé et quel­que peu soporifique aura eu au moins le bon goût de ne pas se pro­long­er.

38. 1992 : Co­uri­er bat Korda (7/5 6/2 6/1)

Une fin­ale dans la lignée du tour­noi de Jim Co­uri­er : un cavali­er seul. L’Américain est in­touch­able et im­pres­sion­nant. Il est le tenant du titre, le n°1 mon­di­al et le favori naturel suite à sa vic­toire à Rome. Tout est de na­ture à ac­centu­er la pre­ss­ion sur ses épaules. Mais elles sont sol­ides. Un seul set perdu, face à Ivanisevic en quarts, et une cor­rec­tion in­flig­ée à Agas­si en demis. En fin­ale, Petr Korda man­que trop d’expéri­ence à ce niveau pour rivalis­er. Il fait il­lus­ion pen­dant le pre­mi­er set, avant de plier sous la cad­ence imposée par son ad­versaire. En ce prin­temps 1992, Jim Co­uri­er tient les rênes de la planète ten­nis d’une main de fer, et sur terre bat­tue, per­son­ne n’est en mesure de rivalis­er.

37. 1988 : Wiland­er bat Lecon­te (7/5 6/2 6/1)

Même score que la fin­ale de 1992, et tout aussi oub­li­able. Lecon­te est aussi décevant en fin­ale qu’il a été éblouis­sant durant la quin­zaine. La pre­ss­ion est trop forte, et passé un pre­mi­er set serré il bais­se sa garde. En face, Mats Wiland­er est au som­met de sa carrière, sa pati­ence et son in­croy­able sol­idité men­tale vont le port­er à la place de n°1 mon­di­al quel­ques mois plus tard. Le pub­lic français se faisait une joie de voir un des siens le de­rni­er di­manche, cinq ans après Noah. Mais là où Yan­nick a puisé dans le pub­lic un supplément d’éner­gie, Henri sent le re­gard du pub­lic peser sur lui, et se liquéfie. Ce qui est passé à la postérité n’est pas le match en lui-même, mais le dis­cours d’Henri qui a suivi, et qui lui vaud­ra les foud­res du pub­lic français pen­dant trois ans. Henri Lecon­te aurait pu se con­tent­er de per­dre net­te­ment cette fin­ale, il y a ajouté une touc­he per­son­nelle de ridicule et d’humour in­volon­taire. Pour cette seule raison, la fin­ale 1988 fin­ira de­vant celle de 1992. Merci Henri, et en­core bravo.

36. 2002 : Costa bat Fer­rero (6/1 6/0 4/6 6/3)

Cette année-là, le titre semble pro­mis à Juan Car­los Fer­rero. Débar­rassé de Kuert­en – son bour­reau en demi-finale des deux édi­tions précéden­tes – il im­pose son ten­nis com­plet, al­ig­nant à la suite Agas­si et Safin. Seul un Ar­gentin in­con­nu, Gas­ton Gaudio, le pous­se au cinq sets. Sa li­qué­fac­tion totale durant les deux pre­mi­ers sets est d’autant plus sur­prenan­te. En face, pour Al­bert Costa, habitué aux seconds rôles jusqu’ici, les étoiles con­nais­sent un al­ig­ne­ment uni­que. Vain­queur de Kuert­en (ou plutôt de son cadav­re), puis de Cor­ret­ja (son futur témoin de mariage, qui ne saurait lui brûler la polites­se) en demi-finale, Al­bert joue le ten­nis de sa vie et ac­cepte les cadeaux de Juan­qui sans sour­cill­er. Et après un mo­ment de réveil re­latif de Fer­rero au troisiè­me set, ce de­rni­er re­tom­be dans ses er­re­ments et lais­se son com­pat­riote filer vers une vic­toire sans gran­de émo­tion.

35. 2013 : Nadal bat Ferr­er (6/3 6/2 6/3)

Les aléas du clas­se­ment ATP font de Rafael Nadal le n°3 mon­di­al à l’ouver­ture de la quin­zaine parisien­ne. Et ce qui ris­quait d’ar­riv­er ne man­que pas d’ar­riv­er : sa demi-finale con­tre Novak Djokovic est bien la fin­ale avant la lettre. Dans l’autre par­tie de tab­leau, David Ferr­er, alias le Pou, trace sa route vers une fin­ale que sa présence régulière dans le top 5 lui per­met­tait d’espérer un jour ou l’autre. Sauf que la réalité du ter­rain est im­plac­able. En face, un Rafa sol­ide comme un roc remet toujours la balle dans le court une fois de plus que lui et fait parl­er sa puis­sance. Une fin­ale dépour­vue de sus­pen­se, à sens uni­que, au cours de laquel­le David n’aura pas démérité, mais Rafa est tout simple­ment le plus fort. L’ordre règne à Roland Gar­ros.

34. 1975 : Borg bat Vilas (6/2 6/3 6/4)

A 19 ans tout juste, Björn Borg est déjà le tenant du titre. Il prend en demi-finale une belle re­vanche en quat­re sets sur l’Itali­en Ad­riano Panat­ta, qui l’avait battu en 1973. En fin­ale se dres­se Guil­lermo Vilas. Ec­los­ion logique pour l’Ar­gentin, qui a re­mporté le Mast­ers quel­ques mois plus tôt, et qui con­fir­me ici sa montée en puis­sance. Vilas a juste un problème : Borg a le même jeu que lui, mais fait tout mieux que lui. Lors d’une fin­ale par­faite­ment maîtrisée, le Suédois prend un as­cen­dant psyc­hologique sur son rival. Alors que les deux potes ont poussé l’amitié jusqu’à s’échauff­er en­semble le matin de cette fin­ale, Vilas va pre­ndre en­suite ses dis­tan­ces avec Borg afin de s’affranchir de tout af­fect. Ce qui ne chan­gera pas grand-chose : l’Ar­gentin re­stera la vic­time préférée de Borg.

33. 1990 : Gomez bat Agas­si (6/3 2/6 6/4 6/4)

Andrés Gomez a rare­ment aussi bien joué qu’en ce prin­temps 1990. A 30 ans, il sait qu’il est pro­che de la fin. Et l’abs­ence de Lendl cette année-là, an­noncée longtemps à l’avan­ce – Ivan zappe le French pour mieux préparer Wimbledon, le grand titre qui man­que à son pal­marès – chan­ge psyc­hologique­ment la donne pour l’Equatori­en ; Ivan a été son bour­reau à quat­re re­prises Porte d’Auteuil. L’op­portunité est uni­que pour lui. Il pro­fite d’un tab­leau dégagé, et cueil­le en demi-finale un Thomas Must­er en­core un peu tendre à 22 ans. En fin­ale, André Agas­si dis­pute sa première fin­ale majeure ; si l’on en croit son auto­biog­raphie, il aura « joué pour ne pas per­dre », et sur­tout aura été davan­tage préoccupé par sa per­ruque qui menaçait de tomb­er que par ce pre­mi­er rendez-vous majeur. C’est un kid de Las Vegas bien éteint qui s’incline sans gloire, pour une fin­ale qui n’est pas restée dans les mémoires.

32. 1998 : Moya bat Cor­ret­ja (6/3 7/5 6/3)

Une des meil­leures démonstra­tions de l’im­portan­ce du ment­al en ten­nis. En ces dernières années du siècle, l’Es­pagne a la mainm­ise sur la terre bat­tue parisien­ne. Et avec Moya et Cor­ret­ja, le ten­nis ibère place en fin­ale ses deux meil­leurs es­poirs pour pre­ndre la suc­cess­ion de Bruguera (co­uronné cinq ans plus tôt). Mais Alex Cor­ret­ja a un han­dicap : il n’aime pas jouer un ami, et Car­los en est un pro­che. Il ne faut pas aller cherch­er plus loin les er­re­ments psyc­hologiques d’Alex, qui traîne sa peine pen­dant tout le match. Autre fac­teur, le vent, très présent ce jour-là, qui va aider l’un et per­turb­er l’autre. Là où Car­los se mure dans sa con­centra­tion, Alex papil­lonne, alors que les con­di­tions étaient censées avan­tag­er le meil­leur jeu de jam­bes, celui de Cor­ret­ja. Une fin­ale qui s’est jouée avant même l’entrée sur le court.

31. 2018 : Nadal bat Thiem (6/4 6/3 6/2)

Pour Dominik Thiem, c’est une première fin­ale majeure, qui con­fir­me sa montée en puis­sance après ses demi-finales de 2016 et 2017. Doté d’une force de frap­pe im­pres­sion­nante, il a pour lui une vic­toire sur Nadal à Rome en 2017 et une autre, plus récente, à Mad­rid en 2018. Bref, il est ce que la planète ten­nis peut of­frir de mieux comme (pseudo-)opposition au Taureau de Man­acor sur terre bat­tue. En face, Rafa a connu une quin­zaine un peu agitée, avec un set perdu et deux aut­res joueurs qui l’ont poussé au tie-break ; il n’est pas aussi stratosphérique qu’un an plus tôt. Ce qui ne chan­ge pas grand-chose au résul­tat. Sans pass­er à côté, Thiem mesure le gouffre qui le sépare du Monar­que ab­solu de la terre bat­tue, pratique­ment im­batt­able sur ocre au meil­leur des cinq sets, en­core plus sur ce court Philip­pe Chat­ri­er qu’il a annexé voici déjà 13 ans… Sans jouer son meil­leur ten­nis, Nadal fait parl­er son réalis­me et sa préémin­ence physique. Pour le battre à Roland, il ne suf­fit pas de frapp­er plus fort que lui.

30. 1997 : Kuert­en bat Bruguera (6/3 6/4 6/2)

L’acte de nais­sance de Guga à Roland Gar­ros. Et l’épilogue d’une quin­zaine totale­ment folle pour le jeune Brésili­en, au cours de laquel­le il a déjà vain­cu sur le fil Must­er, Med­vedev et Kafel­nikov. Un par­cours royal, et totale­ment im­prob­able pour un 66ème joueur mon­di­al, qui n’a jamais re­mporté le moindre titre sur le cir­cuit prin­cip­al. Ce n’est pas Sergi Bruguera, an­ci­en doub­le vain­queur, qui va l’arrêter. Aussi puis­sant que Med­vedev, aussi com­plet que Kafel­nikov, Guga est égale­ment aussi patient dans l’échan­ge que Bruguera. Porté par une vague de con­fian­ce gigan­tesque et par un pub­lic qui le pous­se à l’unis­son, Gus­tavo Kuert­en réussit ce jour-là le match par­fait. Toutes les varia­tions de son jeu posent un problème in­solub­le au si con­ser­vateur Bruguera, contra­int à jouer con­tre sa na­ture en at­taquant. Et lors du seul mo­ment d’in­certitude du match – la fin du deuxième set – c’est Guga qui déploie un ment­al de seig­neur et Bruguera qui se met à rater. Sergi s’est trouvé au mauvais end­roit au mauvais mo­ment.

29. 2014 : Nadal bat Djokovic (3/6 7/5 6/2 6/4)

Une décep­tion re­lative que ce Nadal-Djokovic, le sixième du nom à Roland Gar­ros, et qui débouc­he toujours sur le même résul­tat. Et toujours le même con­stat d’échec pour le Serbe, qui ne par­vient pas à tenir la dis­tan­ce physique face à ce di­able d’Es­pagnol qui file vers sa neuvième co­uron­ne Porte d’Auteuil. Rafa est pour­tant bien ner­veux en début de match, il a bien en tête que Nole est le seul à l’avoir réguliè­re­ment battu sur terre bat­tue ces dernières années. Mais à Paris, au meil­leur des cinq sets, Novak n’y ar­rive toujours pas ; il vomit même lors d’un chan­ge­ment de côté. Con­clus­ion im­plac­able et habituel­le d’une quin­zaine globale­ment assez terne : plus que jamais, la di­cta­ture Nadal ron­ronne à Roland Gar­ros. Rien à sig­nal­er.

28. 1982 : Wiland­er bat Vilas (1/6 7/6 6/0 6/4)

Les amateurs de défense et de lift seront comblés par cette fin­ale, un modèle du genre, voire un ex­er­cice de style. Borg en re­traite, Vilas a tout pour re­prendre les rênes sur la terre bat­tue parisien­ne. Mais l’Ar­gentin sous-estime le nombre de téléviseurs en Suède : les ex­ploits de Björn ont sus­cité des voca­tions. En bon clone bor­gui­en, Mats fait parl­er sa fraîcheur, sa jeunes­se (il n’a pas en­core 18 ans) et un ment­al déjà à toute épre­uve. A l’issue d’un hy­pnotique deuxième set long d’1h40, c’est Vilas, à la sur­pr­ise générale, qui craque physique­ment. Cette fin­ale, au cours de laquel­le toute in­itiative dans l’échan­ge est pro­scrite, reste à ce jour la plus lon­gue de toutes, avec 4h42 au com­pteur. Les amateurs d’op­posi­tion de styles, eux, pas­seront leur chemin…

27. 1994 : Bruguera bat Be­rasategui (6/3 7/5 2/6 6/1)

Première fin­ale 100% es­pagnole de l’his­toire. Et un Bruguera, favori et tenant du titre, qui im­pose le réalis­me de son jeu à la fougue ad­verse. Le par­cours de Be­rasategui cette année-là re­tient l’at­ten­tion ; le Bas­que a la par­ticularité de frapp­er coup droit et re­v­ers avec la même face de la raquet­te, tech­nique uni­que au plus haut niveau – et qui le re­stera. Il ne frap­pe en fait pre­sque que des coups droits, souvent définitifs de­puis le milieu du court, prise ultra-fermée, à la manière d’un pon­giste. Sergi Bruguera, au som­met de sa carrière, mobilisera toute sa con­centra­tion et sa lon­gueur de balle, pour le forc­er à re­cul­er. Al­ber­to ne rate pas sa fin­ale, mais il man­que de jeu de re­chan­ge pour rivalis­er. Avec ce jeu par­ticuliè­re­ment ex­igeant sur le plan physique, Be­rasategui se bles­sera à de nombreuses re­prises par la suite, et ne retro­uvera jamais un tel niveau.

26. 2017 : Nadal bat Waw­rinka (6/2 6/3 6/1)

Le choix de positionn­er cette fin­ale en milieu de peloton malgré son déroule­ment à sens uni­que est stric­te­ment per­son­nel. Je n’avais jamais vu un truc pareil, y com­pris venant de Nadal. Stan en­voyait trois, voire quat­re obus d’affilée, qui auraient été gag­nants con­tre n’im­porte quel ad­versaire. Là, non seule­ment toutes les bal­les re­venaient, mais chacune re­venait plus lon­gue et plus dif­ficile que la précédente. Mar­qu­er 6 jeux, dans ce con­tex­te, est un ex­ploit. Le meil­leur Nadal de tous les temps. Le travail col­oss­al de di­ver­sifica­tion de son jeu a trouvé son point d’aboutis­se­ment ce jour-là, toutes les nuan­ces du lift, de l’amor­tie, de la contre-attaque y sont passées. Tout simple­ment in­jou­able. Aux champ­ions des années 2040-2050 qui se de­man­deront dans quel­le mesure Nadal est en mesure de rivalis­er avec eux, on con­seil­lera sa fin­ale de 2017, sa meil­leure re­présen­ta­tion à ce jour.

25. 2009 : Feder­er bat Söderl­ing (6/1 7/6 6/4)

Jamais une vic­toire n’aura été aussi at­tendue par le pub­lic français, qui a eu cinq lon­gues années pour (dés)espérer qu’elle ar­rive un jour. L’événe­ment écrase le déroule­ment de la fin­ale, qui en elle-même ne sera pas fan­tastique. Robin Söderl­ing a pro­voqué le séisme ul­time du ten­nis moder­ne, en ter­rassant Nadal, le quad­ru­ple tenant du titre. La fenêtre est uni­que pour Roger, qui à l’issue d’une quin­zaine plus que chaotique réserve le meil­leur pour la fin. Face à un Suédois tendu et qui tarde à re­ntr­er dans le match, Roger prend le large très vite, puis ponctue le tie-break du deuxième set de quat­re aces sur ses quat­re points de ser­vice ; un break lui suf­fira dans le troisiè­me set. L’émo­tion est palp­able dans le de­rni­er jeu, et les lar­mes com­men­cent à co­ul­er à l’issue d’un de­rni­er ser­vice gag­nant. La bouc­le est bouclée pour le Suis­se, qui au pas­sage égale le re­cord de 14 tit­res en Grand Chelem de Pete Sampras.

24. 2012 : Nadal bat Djokovic (6/4 6/3 2/6 7/5)

La quat­rième fin­ale d’affilée en Grand Chelem entre Nole et Rafa est aussi la première oc­cas­ion pour le Serbe de boucl­er un pre­mi­er Djoko Slam. Rare­ment une fin­ale entre les deux hom­mes aura ras­semblé autant d’en­jeux, puis­que de son côté, le Major­cain a l’oc­cas­ion de mettre Borg dans ses rétroviseurs en s’offrant une septième Coupe des Mous­quetaires. La décep­tion est d’autant plus gran­de de­vant la qualité du match. Sauf que les deux champ­ions n’y sont pour rien, c’est une pluie per­sis­tante qui va démolir leurs as­sauts. In­ter­rompue une première fois lors du deuxième set, la re­ncontre sera ponctuée par les de­man­des suc­ces­sives des deux joueurs de l’in­terrompre à nouveau, voire de la re­port­er au len­demain, au détri­ment de leur con­centra­tion. Aucun des deux hom­mes ne par­viendra à re­ntr­er véritab­le­ment dans le match, les glis­sades sur la terre bat­tue humide étant par­ticuliè­re­ment dan­gereuses. La septième co­uron­ne parisien­ne du Major­cain aurait mérité mieux que ça.

23. 2016 : Djokovic bat Mur­ray (3/6 6/1 6/2 6/4)

Une des quin­zaines les plus pluvieuses, marquée de sur­croît par les ab­s­ences ou les for­faits de Feder­er, Nadal, Tson­ga et Mon­fils (les prin­cipaux an­imateurs du tour­noi de la décen­nie écoulée) débouc­he sur la seule fin­ale pouvant la sauv­er du nauf­rage intégral. Elle sera plutôt belle, quoiqu’à sens uni­que à par­tir du deuxième set. Après un pre­mi­er set éblouis­sant en défense et en contre-attaque, Andy bais­se sa garde et flanche physique­ment. Après trois échecs en fin­ale, ce sera enfin la bonne pour Novak Djokovic, qui s’y présente pour la deuxième fois en quête d’un Grand Chelem à chev­al sur deux saisons. Nole s’en­vole sans sour­cill­er vers la gloire. Son « quat­re à la suite » trône désor­mais, en com­pag­nie des 17 co­uron­nes majeures de Roger et des 9 tit­res à Roland Gar­ros de Rafa, parmi les ac­complis­se­ments majeurs du ten­nis moder­ne.

22. 2010 : Nadal bat Söderl­ing (6/4 6/2 6/4)

A la suite de l’ac­cident de l’his­toire de l’année précédente (défaite face à Söderl­ing en huitièmes de fin­ale), Rafa a à cœur de récupérer son bien et de pre­ndre sa re­vanche. Son ad­versaire en fin­ale est donc bien celui dont il rêvait… Robin fait mieux que se défendre, mais ses tor­pilles se fracas­sent sur la défense de fer de Nadal, qui ne lâche rien et l’em­porte en trois sets. Sans être la plus serrée, cette fin­ale reste l’une des plus plaisan­tes à voir parmi les fin­ales de Nadal. Non seule­ment Söderl­ing lui op­pose un son style tout en punch, mais en plus, contra­ire­ment à la fin­ale de l’année précédente, il ne passe pas à côté. Quand on de­man­de à Rafa sa cuvée parisien­ne préférée, cette édi­tion 2010 re­vient souvent.

21. 1995 : Must­er bat Chang (7/5 6/2 6/4)

1995 est vrai­ment l’année Must­er, dont la raz­zia sur ocre préfigure les épopées nadalien­nes au siècle suivant. L’Aut­richi­en étouf­fe ses ad­versaires par sa régularité et sa présence physique, qui at­teint son apogée cette année-là. Seul le jeune Al­bert Costa le pous­se aux cinq sets en quarts de fin­ale. Le de­rni­er di­manche, Mic­hael Chang lui offre une vraie op­posi­tion, et ne re­cule pas facile­ment. Mais après un départ hésitant, Thomas ral­longe ses bal­les, re­mpor­te net­te­ment la batail­le du milieu de ter­rain et prend le de­ssus. Bien qu’il s’agis­se au final d’un one-shot, le tri­omphe de l’Aut­richi­en reste l’un des plus mar­quants des années 90 ; rare­ment un joueur n’aura autant dominé à la fois le tour­noi et la saison sur terre bat­tue, et pro­duit une telle im­press­ion d’in­vincibilité.

20. 2001 : Kuert­en bat Cor­ret­ja (6/7 7/5 6/2 6/0)

Per­turbé en 1998 par la per­spec­tive de jouer un ami pro­che, Alex a cette fois bien révisé sa leçon. Et lui qui est réputé pour son jeu de défense, va démarr­er cette fin­ale tam­bour bat­tant et pre­ndre Guga à la gorge en le privant de temps d’ajus­te­ment. C’est lui qui se montre le plus en­trep­renant lors du tie-break du pre­mi­er set. Et c’est lui en­core qui se pro­cure une cruciale balle de break à 5/5 dans le deuxième… Mais son re­v­ers gag­nant échoue quel­ques cen­timètres trop loin. Le match vient de tourn­er, et Kuert­en frap­pe de plus en plus fort. Il déroule son ten­nis, et touc­he même au sub­lime au quat­rième set en in­fligeant au pauv­re Cor­ret­ja un cinglant 6/0. Troisiè­me et de­rni­er titre parisi­en pour Guga, le plus mûr, alors qu’il com­m­ence à sen­tir les prémices d’une bles­sure à la han­che qui va ruin­er sa carrière par la suite. Le Brésili­en de­ssine un cœur sur la terre bat­tue du Centr­al avant de s’al­long­er au milieu : l’apogée de son his­toire d’amour avec le pub­lic parisi­en.

19. 2006 : Nadal bat Feder­er (1/6 6/1 6/4 7/6)

Deuxième affron­te­ment Nadal-Federer Porte d’Auteuil, le pre­mi­er en fin­ale. Et les en­jeux stratégiques, qui ne varieront plus par la suite, sont d’ores et déjà à l’œuvre sur cette fin­ale. Rafael Nadal est le tenant du titre, une con­figura­tion inédite pour lui. Et ses récen­tes vic­toires sur son rival du jour en font le favori naturel. Ce sur­croît de pre­ss­ion lui fait rater com­plète­ment son pre­mi­er set, où il ac­cumule les fautes di­rec­tes. Il règle la mire en début de deuxième set, tor­turant le re­v­ers du Suis­se avec son lift qui l’at­teint à hauteur d’épaule, l’un de ses rares points faib­les. Roger com­m­ence à re­cul­er, le match est plié, même si l’écart n’est pas en­core ce qu’il de­viendra par la suite. L’Helvète par­vient à faire croire à un pos­sible cin­quiè­me set, mais Rafa lui op­pose son sang-froid dans le tie-break final. Un crève-cœur pour les fans du Suis­se, mais il n’est de vic­toire plus logique.

18. 1985 : Wiland­er bat Lendl (3/6 6/4 6/2 6/2)

A tous ceux qui ne voient en lui qu’une in­lass­able lame du fond du court, Mats Wiland­er op­pose ce jour-là un démenti cinglant, et fait l’étalage de ses im­men­ses progrès de­puis son pre­mi­er titre trois ans plus tôt. Ivan Lendl est le favori, le tenant du titre, il est plus puis­sant que lui, et la force de frap­pe du Tchécos­lovaque le prive de tout es­poir de vic­toire en se con­ten­tant d’at­tendre la faute ad­verse. Le salut de Mats pas­sera par le filet. Et il s’y rue avec succès, pro­posant à Ivan un fes­tiv­al de varia­tions entre bal­les co­ur­tes et lon­gues, coups d’at­tentes et coups gag­nants, montées à con­tretemps et jeu au filet, ce de­rni­er domaine n’étant pas celui où Wiland­er est le plus mal­ad­roit. Ne sac­hant pas à quoi s’at­tendre, Lendl s’im­patien­te et finit par déjouer totale­ment. Un chef-d’œuvre tac­tique de la part du Suédois, à montr­er dans toutes les écoles de ten­nis.

17. 2007 : Nadal bat Feder­er (6/3 4/6 6/3 6/4)

A l’époque, cette fin­ale est jugée comme la plus serrée entre les deux hom­mes. Feder­er est l’in­contest­able meil­leur joueur du monde, mais Nadal est tout aussi in­con­testab­le­ment son bour­reau sur terre bat­tue. Con­scient de ne pouvoir l’em­port­er en re­culant et en s’ex­posant au lift de Rafa sur son côté re­v­ers, Roger es­saie, jusqu’au bout, de jouer en avançant et de pre­ndre d’as­saut le filet dès que pos­sible. Cela ne suf­fira pas, mais Roger aura essayé coûte que coûte d’échapp­er à une in­éluct­able défaite en sor­tant de ses schémas tac­tiques tradition­nels. Troisiè­me co­uron­ne d’affilée Porte d’Auteuil pour l’Es­pagnol, et la com­paraison avec Borg com­m­ence vrai­ment à pre­ndre tout son sens. Au fil des années, une défaite de l’ogre ap­paraît comme de plus en plus dif­ficile à im­agin­er.

16. 1979 : Borg bat Pecci (6/3 6/1 6/7 6/4)

L’événe­ment de cette fin­ale 1979 n’est pas la quat­rième vic­toire de Borg sur l’ocre parisi­en, mais la résis­tance cor­iace et pleine de panac­he que lui aura of­fer­te son ad­versaire du jour, Vic­tor Pecci. Le Para­guay­en vient de battre Con­nors en demi-finale, Jimbo faisait son re­tour tant at­tendu à Roland Gar­ros et tout le monde rêvait de le voir défier Iceborg sur ses ter­res. Le pub­lic devra se con­tent­er de ce modes­te Sud-Américain, et il n’est per­son­ne pour im­agin­er autre chose qu’une bouc­herie syn­dicale de plus en faveur de Borg. C’est oub­li­er le poten­tiel de Pecci, mag­nifique at­taquant de terre bat­tue qui prend le filet à la moindre oc­cas­ion, comme l’a fait Pan­natta en 1976 et comme le fera Noah en 1983. Pro­fitant d’une légère décon­centra­tion du Suédois qui, menant 6/3 6/1 5/2, at­tend la faute ad­verse, l’homme à la bouc­le d’oreil­le prend tous les ris­ques et re­mon­te, jusqu’à re­mport­er le troisiè­me set au tie-break. Björn Borg se re­con­centre et re­pous­se pénib­le­ment les as­sauts ad­verses pour l’em­port­er en quat­re sets, mais c’est bien le vain­cu qui est porté en tri­omphe par le pub­lic parisi­en ce jour-là.

15. 1983 : Noah bat Wiland­er (6/2 7/5 7/6)

Un mo­ment à part, forcément. Un de ces rares mo­ments où be­aucoup, de­vant leur télé, se sont senti par­tag­er quel­que chose de com­mun avec celui qu’il voit tri­omph­er de l’autre côté de l’écran. Com­bi­en de voca­tions ten­nistiques sont nées en Fran­ce à ce moment-là ? Ce di­manche de juin 1983, le ten­nis cham­pagne de Yan­nick a at­teint son zénith pour ter­rass­er le tenant du titre Mats Wiland­er. Et la re­lative sècheres­se du score ne doit pas faire oub­li­er la tens­ion ner­veuse crois­sante de­vant le déroulé des événe­ments. Be­aucoup re­doutaient un éven­tuel quat­rième set, où les in­épuis­ables re­ssour­ces physiques du Suédois auraient rendu les choses be­aucoup plus com­pliquées. Bref, ce tie-break du troisiè­me set char­geait be­aucoup d’en­jeux, et le ser­vice gag­nant final a libéré tout le monde. Chef-d’œuvre tac­tique de la part de Noah, ce match est aussi l’un des plus im­por­tants de la carrière de Mats : ses orien­ta­tions stratégiques ultérieures témoig­nent de sa re­cherche du coup juste au bon mo­ment, et il va de­venir le grand maître tac­tici­en des années suivan­tes.

14. 2011 : Nadal bat Feder­er (7/5 7/6 5/7 6/1)

La plus belle des fin­ales Nadal-Federer, tout simple­ment parce que c’est la seule où Roger a réel­le­ment relâché son bras. L’Helvète sort d’une sub­lime vic­toire en demi-finale face à Novak Djokovic, in­fligeant au Serbe sa première défaite de l’année. La fin­ale con­tre l’in­contourn­able Nadal est quel­que peu écrasée par ce chef-d’œuvre. Con­scient d’avoir réussi un ex­ploit, con­scient aussi de ne pas être le favori de cette fin­ale, Roger sonne la char­ge sans com­plexe, et le spec­tacle est mag­nifique. Poussé dans ses re­tranche­ments, Rafa garde la tête froide dans le money time des pre­mi­ers et deuxième sets. Si Roger ar­rache le troisiè­me set, il s’af­fais­se au quat­rième, lais­sant l’Es­pagnol filer vers son 6ème titre. Le con­stat final est aussi im­plac­able que déprimant pour les fans de Feder­er : il a dominé la plus gran­de par­tie des trois pre­mi­ers sets, mais il a tout de même été mené 2 sets à 1, le tout face à un Nadal un peu plus pre­n­able que lors de ses meil­leures cuvées…

13. 1996 : Kafel­nikov bat Stich (7/6 7/5 7/6)

Sur la seule lec­ture de leurs par­cours lors de la quin­zaine, Mic­hael Stich part favori. C’est lui qui a re­bat­tu les car­tes de ce Roland Gar­ros 1996, en ter­rassant son im­men­se favori Thomas Must­er, avant de déroul­er son ten­nis total face à Pioline et Ros­set. En face, le Russe dis­pute sa première fin­ale en Grand Chelem, son par­cours a été plus facile. Les fail­les men­tales de l’Al­lemand vont lui jouer des tours lors de la fin­ale. A plusieurs re­prises il est en mesure de pre­ndre le large, mais il com­met des fautes et lais­se Iev­gueni re­venir. Ce de­rni­er garde la tête froide dans les fins de sets, pour co­iff­er son ad­versaire en trois sets. L’op­posi­tion de styles entre les par­pa­ings rus­ses et le jeu tout en touch­er de l’Al­lemand auront en tout cas oc­casionné une super­be fin­ale, à laquel­le il n’aura manqué que le sel des matchs qui se pro­lon­gent.

12. 2005 : Nadal bat Puer­ta (6/7 6/3 6/1 7/5)

Note : l’auteur de ces lig­nes ne tient pas com­pte ici de la sus­pens­ion de Mariano Puer­ta pour dopage à la suite de cette fin­ale. Seul le match lui-même a servi à positionn­er cette fin­ale 2005 dans ce clas­se­ment.

La plus belle et la plus indécise des fin­ales de Rafael Nadal est la première. Auréolé d’une im­pres­sion­nante mois­son prin­taniè­re sur terre bat­tue – qui de­viendra une habitude pour lui – Rafa a tracé sa route Porte d’Auteuil avec l’autorité d’un seig­neur. Même le n°1 mon­di­al Roger Feder­er a été net­te­ment dominé en demi-finale. Re­scapé d’un jeu de mas­sacre dans la par­tie basse du tab­leau, Mariano Puer­ta fait le tour­noi de sa vie. Sa puis­sance im­pres­sion­nante va faire des ravages, et ob­lig­er Nadal à des pro­ues­ses en défense. Et l’Ar­gentin met le feu au court Philip­pe Chat­ri­er en re­mpor­tant de just­es­se un pre­mi­er set de toute beauté. Rafa fait en­suite parl­er sa sup­ériorité physique, mais échap­pe de peu à un cin­quiè­me set face à un ad­versaire qui lâche tous ses coups en fin de match. Roland Gar­ros a son nouveau roi. Per­son­ne ne soupçonne alors que le règne va durer si longtemps…

11. 1974 : Borg bat Orantès (2/6 6/7 6/0 6/1 6/1)

Manu­el Orantès est préten­dant au titre de­puis plusieurs années lorsqu’il se présente en fin­ale en cette année 1974. Sa patte gauc­he de velours l’autor­ise à voir grand. Mais en face se dres­se un jeune Suédois de 18 ans, Björn Borg. Re­nvoyeur in­lass­able, il épuise ses ad­versaires par sa régularité de métronome. Le n°1 mon­di­al Ilie Nas­tase en sait quel­que chose, lui qui a été étrillé en fin­ale de Rome quel­ques jours plus tôt. Auteur d’un par­cours chaotique pour ar­riv­er en fin­ale, Borg est dans un pre­mi­er temps dominé par Orantès, dont les at­taques en re­v­ers font mouc­he. L’Es­pagnol pense avoir fait le plus dur en re­mpor­tant à l’ar­raché le deuxième set. Mais, comme tous les ad­versaires du Suédois, il fatigue et se dérègle au troisiè­me set. Ce deuxième set, que l’on pen­sait cruci­al, sera en fait le chant du cygne pour Orantès. Epuisé, il ne mar­que plus que deux jeux dans les trois sets suivants, lais­sant le jeune Suédois filer vers son pre­mi­er grand titre. Une vic­toire qui sera suivie de be­aucoup d’aut­res Porte d’Auteuil…

10. 1981 : Borg bat Lendl (6/1 4/6 6/2 3/6 6/1)

Sixième et dernière vic­toire de Borg sur l’ocre parisi­en, un re­cord en son temps. Et une sur­pr­ise de tail­le, puis­que le monar­que suédois est poussé aux cinq sets, ce qui ne lui était plus arrivé de­puis des années. Björn s’est in­cliné à la sur­pr­ise générale au pre­mi­er tour de Monte Carlo, ap­parais­sant hors de forme, et sa par­ticipa­tion à Roland Gar­ros a été un mo­ment in­cer­taine. Mais après un en­traine­ment in­ten­sif, c’est un Borg en mode rouleau com­pres­seur qui marche sur ses ad­versaires jusqu’à la fin­ale. Son ad­versaire sera Ivan Lendl, qui dis­pute sa première fin­ale majeure. Con­tre toute at­tente, le Tchécos­lovaque va faire mieux que résist­er. Son coup droit puis­sant fait des dégâts dans la cuiras­se bor­guien­ne. Co­up­able de quel­ques sautes de con­centra­tion, Borg se re­mobil­ise pour finir en trom­be, 6/1 au cin­quiè­me, face à un ad­versaire épuisé. Mais ce titre, le 11ème en Grand Chelem à seule­ment 25 ans, n’est pas sans soulev­er quel­ques doutes sur la motiva­tion du Suédois. Rétros­pective­ment, cette fin­ale lais­sera de nombreux in­dices sur sa satura­tion et sa démobilisa­tion pro­gres­sive. Sous le célèbre ban­deau, des idées de re­traite com­men­cent à germ­er…

9. 1991 : Co­uri­er bat Agas­si (3/6 6/4 2/6 6/1 6/4)

Af­firm­er qu’André Agas­si est le favori de cette fin­ale est sans doute ex­ces­sif. Il est plus approp­rié d’avanc­er que, des deux joueurs, il est celui qui es­suiera le plus de re­proc­hes en cas de défaite. Dans cette co­ur­te hy­pothèse se niche pro­bab­le­ment le sort de cette fin­ale. Déjà bredouil­le à deux re­prises en fin­ale de Grand Chelem, le Kid de Las Vegas sait qu’il est at­tendu au tour­nant, et que cela fait trois ans désor­mais que son pre­mi­er grand titre se fait at­tendre. Il démarre bien pied au planch­er, mais l’in­terrup­tion pour cause d’aver­se durant le deuxième set coupe son élan. Les deux cog­neurs américains, qui ont naguère par­tagé la même chambrée chez Bol­lettieri, se mènent une guer­re de posi­tion sans relâche. Tour à tour, chacun des deux joueurs, Agas­si avec son re­v­ers ou Co­uri­er avec son coup droit, prend le contrôle du ter­rain et donc l’as­cendant, et c’est sur les nerfs que va se jouer le set décisif. Dans cet ex­er­cice, là où André semble s’en­sabl­er sous le poids de la pre­ss­ion, Jim se montre, net­te­ment, le plus fort ce jour-là ; il est l’homme qui monte en cette année 1991, et son co­uron­ne­ment est tout à fait mérité. Les per­dants seront les nos­talgiques du jeu en touch­er, qui voient dans cette fin­ale le bas­cule­ment vers l’ère des cog­neurs.

8. 1987 : Lendl bat Wiland­er (7/5 6/2 3/6 7/6)

Vic­toire logique du favori face à son daup­hin naturel sur terre bat­tue, cette fin­ale est aussi le plus beau des quat­re duels Lendl-Wilander à Roland Gar­ros. Face à la puis­sance et aux nerfs d’acier de Lendl, Mats Wiland­er op­pose sa rigueur stratégique. Le Suédois est alors au cœur d’une trans­for­ma­tion de son jeu, et s’aven­ture de plus en plus au filet pour sur­prendre et con­tr­er les coups droits sur­puis­sants du n°1 mon­di­al. Mais c’est alors un work in pro­gress, et le fruit ne mûrira que l’année suivan­te, celle de son Petit Chelem. Lendl re­mpor­te de just­es­se le pre­mi­er set, puis étouf­fe son ad­versaire dans le deuxième. Wiland­er varie alors davan­tage ses trajec­toires et par­vient à semer le doute dans la tête du Tchécos­lovaque. Le quat­rième set se déroule sous le crac­hin, et les nerfs des deux champ­ions sont mis à rude épre­uve. La pluie, et la tens­ion, s’in­tensifient à l’approc­he du tie-break du quat­rième set. Et c’est Lendl, grâce notam­ment à deux pass­ings extra­or­dinaires, qui fait la différence pour s’ad­jug­er son troisiè­me titre Porte d’Auteuil sous la pluie et à la tombée de la nuit.

7. 1976 : Panat­ta bat Sol­omon (6/1 6/4 4/6 7/6)

Ad­riano Panat­ta est le grand héros de ce prin­temps 1976. Au som­met de sa forme physique, il déploie son mag­nifique ten­nis de terre bat­tue, sub­til co­cktail d’at­tente quand c’est néces­saire et d’at­taque débridée quand vient l’ouver­ture. La vic­toire de l’Itali­en préfigure celle de Noah sept ans plus tard, avec un jeu assez similaire. Tom­beur de Borg en quarts de fin­ale, Ad­riano de­vient le favori pour le titre, mais son de­rni­er ad­versaire est par­ticuliè­re­ment cor­iace. Harold Sol­omon déploie son jeu con­ser­vateur, basé sur l’at­tente de la faute ad­verse. Le bel Itali­en prend le large assez rapide­ment, mais perd le troisiè­me set et sait que la durée du match ne sera pas son alliée. Aussi il met ses dernières for­ces dans le tie-break du quat­rième set, qu’il sait décisif. Il s’offre son pre­mi­er, et uni­que, tour­noi du Grand Chelem, à l’issue de la plus chaude, et peut-être la plus belle, édi­tion des années 70. Ad­riano Panat­ta reste le seul joueur à avoir vain­cu Borg sur la terre bat­tue parisien­ne ; il l’a même fait à deux re­prises, puis­qu’il l’a aussi battu en 1973.

6. 2000 : Kuert­en bat Nor­man (6/2 6/3 2/6 7/6)

Fin­ale idéale sur le papi­er, entre les deux meil­leurs joueurs du prin­temps sur ocre. Guga fait parl­er son ex­péri­ence en début de match, face à un Mag­nus Nor­man tendu par l’enjeu de sa première fin­ale majeure. Mais le Suédois se re­prend au troisiè­me, ses coups puis­sants at­teig­nent enfin leur cible et il re­mpor­te avec auto­rité la troisiè­me man­che. Kuert­en, qui a vécu une deuxième semaine très dif­ficile, fatigue mais ne plie pas. A la puis­sance ad­verse, il réplique par son jeu plus varié et ses ful­guran­ces en re­v­ers. A 5/4, 15/40, une balle du Suédois, in­itiale­ment an­noncée faute par le juge de ligne, est déjugée par l’ar­bitre… Le match, qui était tout de même plaisant mais où les deux joueurs ne jouaient leur meil­leur ten­nis que tout à tour, bas­cule alors dans une autre di­mens­ion. Avec un co­urage et un in­stinct de sur­vie in­croy­ables, Mag­nus va sauv­er un total de 10 bal­les de match, met­tant au sup­plice les nerfs de Guga. Le Brésili­en va pour­tant tenir jusqu’au bout, l’em­portant 8/6 au tie-break du quat­rième set. 45 minutes de sus­pen­se et de tens­ion séparent la 1ère et la 11ème balle de match. Kuert­en pro­uve ce jour-là à tout le monde que son coup de ton­nerre de 1997 n’était pas un one-shot, et se place dans la co­ur­se à la place de n°1 mon­di­al. Une splen­dide fin­ale, dont le final poig­nant et extra­or­dinaire a marqué les esprits.

5. 2015 : Waw­rinka bat Djokovic (4/6 6/4 6/3 6/4)

Le chef-d’œuvre ten­nistique de Stanis­las Waw­rinka. Le match d’une vie. En face de lui se dres­se l’épouvan­tail ul­time, Novak Djokovic, n°1 mon­di­al stratosphérique qui vient enfin de ter­rass­er Nadal en quarts après six échecs sur la terre bat­tue parisien­ne (dont deux en fin­ale) et auquel le titre parisi­en, le seul qui man­que à son pal­marès, semble pro­mis. Stan prend un départ hésitant, ce qui suf­fit à lui coûter le pre­mi­er set. Toutefois, à par­tir du milieu de la première man­che, il est per­cep­tible que la puis­sance de l’Helvète gêne con­sidérab­le­ment le Serbe, et que l’out­sid­er est le plus en­trep­renant pour trouv­er des an­gles im­prob­ables. Auteur d’un récital en re­v­ers, Stan va mettre plus d’une heure à concrétiser sa domina­tion ; Nole, qui a vail­lam­ment sauvé une brouet­te de bal­les de break dans le deuxième set, finit par craqu­er à 5/4 con­tre lui. C’est le début d’un fes­tiv­al de ten­nis total de la part de Stan, qui al­ig­ne 10 points de rang au cœur du troisiè­me set et prend le large. Jusqu’au bout, Novak es­saiera de le ramen­er sur terre en variant ses trajec­toires, menant 3/1, puis balle de 5/3 dans le quat­rième. Mais jusqu’au bout Waw­rinka garde la tête froide et al­ig­ne les points gag­nants pour fonc­er vers le titre. Djoko pleure à chaudes lar­mes lors de la re­m­ise des prix, mais il n’a pas grand-chose à se re­proch­er face à une copie aussi par­faite. La plus belle fin­ale de ce début de XXIème siècle.

4. 1989 : Chang bat Ed­berg (6/1 3/6 4/6 6/4 6/2)

Pour les amateurs du service-volée, cette fin­ale, et sur­tout son dénoue­ment, font figure d’en­terre­ment puis­que c’est la dernière fois qu’un des leurs a at­teint la fin­ale. Et après un départ cat­astrop­hique, Stefan Ed­berg a bien fail­li l’em­port­er, man­quant un total de 10 bal­les de break dans le quat­rième set. Il s’écroule autant men­tale­ment que physique­ment au cin­quiè­me set, non sans avoir of­fert, avec Mic­hael Chang, une mag­nifique op­posi­tion de styles qui n’est pas si com­mune à Roland Gar­ros en fin de deuxième semaine. Mais c’est l’en­semble de la quin­zaine de Chang qu’il con­vient de men­tionn­er ici, et la quin­zaine tout court d’ail­leurs, très chaude et en­soleillée, qui a rendu la terre bat­tue sèche et rapide et of­fert des matchs mag­nifiques. Vain­queur im­prob­able et per­clus de cram­pes d’Ivan Lendl à l’issue d’un match resté dans toutes les mémoires, Mic­hael Chang récupère vite et pour­suit sa route avec l’in­soucian­ce de la jeunes­se. Com­pen­sant sa petite tail­le et son man­que de puis­sance par un jeu de jam­bes extra­or­dinaire et un sens inné du lob et du pass­ing, le sino-américain im­pres­sion­ne sur­tout par sa force men­tale. Et c’est lui qui crucifie Ed­berg de ses lobs et de ses con­trepieds dans ce cin­quiè­me set, pour ac­hev­er en vain­queur l’une des plus im­prob­ables cuvées de Roland Gar­ros. Plus jeune vain­queur d’un tour­noi du Grand Chelem à 17 ans et 3 mois, Mic­hael Chang détient toujours ce re­cord, qui semble aujourd’hui l’un des mieux gardés de tous. Et cette édi­tion 1989 ouvre une période de décalage récur­rent entre le pal­marès du French Open et celui des aut­res levées du Grand Chelem. L’ère Lendl-Wilander est révolue, vivent les années 90 !

3. 1999 : Agas­si bat Med­vedev (1/6 2/6 6/4 6/3 6/4)

Une mag­nifique fin­ale, coiffée d’un re­tour­ne­ment de situa­tion assez rare. Mais elle n’aurait pro­bab­le­ment pas eu autant de saveur si elle n’avait pas opposé deux hom­mes aussi charis­matiques et aussi in­at­tendus cette année-là, Med­vedev le di­let­tante roman­tique face à Agas­si l’an­ci­en champ­ion sur la voie de la rédemp­tion. Le pre­mi­er nommé, re­venant d’une série de bles­sures, n’est que 106ème joueur mon­di­al à l’ouver­ture du tour­noi, mais son co­cktail uni­que de puis­sance dévas­tatrice et de touch­er extra­or­dinaire ont fait des dégâts. Quant à l’Américain, il est bien sur le re­tour, mais per­son­ne ne l’at­tend plus sur l’ocre parisi­en, terre de lourds échecs de­puis ses deux fin­ales de 90-91. Mais leurs par­cours re­spec­tifs lors de cette quin­zaine ne lais­se aucune place au doute : ils sont bel et bien les deux meil­leurs de cette édi­tion. Pétrifié par l’enjeu et trans­pirant à gros­ses gout­tes en en­trant sur le ter­rain, André est in­exis­tant durant les deux pre­mi­ers sets, malgré une in­ter­rup­tion due à la pluie. Le jeu se re­sser­re au troisiè­me set, et le Russe se pro­cure une cruciale balle de break à 4/4, suite à deux doubles-fautes d’André. Ce de­rni­er tient ses nerfs, va cherch­er son salut au filet et ef­face ce qui était pre­sque une balle de match. Le match vient de bas­cul­er. Enfin libéré, Agas­si fait visit­er le ter­rain à son ad­versaire et règle enfin ses re­tours. Com­bat­tant mag­nifique, Med­vedev s’avoue vain­cu de just­es­se, 6/4 au cin­quiè­me. Les lar­mes peuvent co­ul­er des deux côtés, et le pub­lic parisi­en re­découv­re un Agas­si qui a changé de peau en quel­ques années, un Agas­si si ému de com­pt­er désor­mais les quat­re levées du Grand Chelem à son pal­marès. An­drei Med­vedev, qui aura travaillé si dur pour re­venir à ce niveau, ne se re­mettra pas de cette défaite.

2. 1993 : Bruguera bat Co­uri­er (6/4 2/6 6/2 3/6 6/3)

Ni Sergi Bruguera, ni Jim Co­uri­er n’ont sub­mergé d’émo­tion les foules parisien­nes lorsqu’ils ont tri­omphé à Roland Gar­ros. La faute sans doute à leurs jeux re­spec­tifs qui ne rivalisaient pas, en ter­mes de spec­tacle, avec leurs con­tem­porains prin­ces de l’at­taque que furent Be­ck­er, Ed­berg et aut­res Sampras. La fin­ale de 1993, reléguée dans un oubli re­latif, n’en reste pas moins un mo­ment clé dans l’his­toire de Roland Gar­ros. Parce qu’elle a mis aux prises le modèle qui avait dominé les années précéden­tes – Jim Co­uri­er, sa puis­sance et son im­pres­sion­nante présence physique – et un modèle émer­gent, celui du lift in­contrôl­able et de la défense in­ébranl­able, in­carné par Sergi Bruguera. Ce jour-là, ce ne sont pas seule­ment deux joueurs qui s’affron­tent, ce sont deux écoles.

Et le tri­omphe de Sergi in­augure la domina­tion récur­rente de l’école es­pagnole à Roland Gar­ros, domina­tion dont nous ne som­mes toujours pas sor­tis un quart de siècle plus tard. Le défi pour Sergi ne peut être plus grand : l’em­port­er face au doub­le tenant du titre qui a pour lui sa déter­mina­tion de champ­ion, son statut de n°2 mon­di­al et de doub­le tenant du titre et sa puis­sance in­tac­te. Et co­urir aux quat­re coins du ter­rain ne sera pas suf­fisant ; sa vic­toire, Bruguera ira la cherch­er en contre-attaquant, en répon­dant aux par­pa­ings de Jim par des bal­les de plus en plus pro­fon­des et en n’hésitant pas à s’aven­tur­er au filet, tout comme Co­uri­er d’ail­leurs. Cette fin­ale aux re­plis multi­ples a donc obligé chacun des deux pro­tagonis­tes à sor­tir de sa zone de con­fort pour tent­er de pre­ndre le de­ssus.

Quat­re heures de tens­ion et de sueur, une fin­ale tout simple­ment monstrueuse. Co­uri­er par­viendra à mas­qu­er les doutes qui com­men­cent à l’as­sail­lir lors de la cérémonie, en faisant de l’humour dans un français im­pecc­able sur la « vache es­pagnole » qui vient de le battre, pro­voquant l’hilarité du pub­lic. Jim Co­uri­er était un champ­ion, et ce jour-là il est tombé en champ­ion. Moins an­ec­dotique a post­eriori, le jeune Gus­tavo Kuert­en, 16 ans, se de­man­de de­vant son écran com­ment l’em­port­er sur les deux schémas tac­tiques qui vien­nent de s’affront­er ce jour-là. « En sac­hant maîtris­er les deux schémas au sein d’un même match, voire au sein d’un même point » lui répond son en­traineur Larri Pas­sos. Guga prend note. On con­nait la suite.

1. 1984 : Lendl bat McEn­roe (3/6 2/6 6/4 7/5 7/5)

Cette fin­ale a sus­cité tel­le­ment d’émo­tions que j’en par­lais en­core récem­ment avec pass­ion, 35 ans plus tard. Et le ver­dict bal­butiant de ce match, une vic­toire à la Pyrrhus de Lendl au prix d’un ef­fort d’une viol­ence inouïe, est sans appel. Il an­non­ce la prise de pouvoir du « vrai » ten­nis moder­ne, basé sur la puis­sance et l’en­duran­ce, aux dépens du ten­nis joué simple­ment à la main. Avec le recul, voir McEn­roe déroul­er son ten­nis d’esthète et réduire en pous­sière un sol­ide n°2 mon­di­al en pleine pos­sess­ion de ses moyens, a quel­que chose de fas­cinant. Sauf que ça n’a été qu’un mirage, et que le paramètre physique, alors en pleine émerg­ence dans le ten­nis, a eu raison de la fic­tion selon laquel­le le plus doué des deux doit forcément l’em­port­er. Ce con­stat s’est imposé sans préavis ce jour-là, et une large par­tie du pub­lic a eu autant de mal à le digérer que l’Américain.

Le pub­lic français a vécu d’assez loin les joutes du tri­angle Connors-Borg-McEnroe, qui of­frait de splen­dides duels à Wimbledon et à l’US Open, les vérit­ables théâtres où se jouait la pièce de la suprématie du ten­nis de­puis une di­zaine d’années. Passée la parenthèse en­chantée de 1983, un­anime­ment perçue just­e­ment comme une parenthèse, voir McEn­roe l’em­port­er était le rêve pour le pub­lic de Roland Gar­ros de plac­er pour de bon « son » tour­noi sur un pied d’égalité avec Wimbledon et l’US Open dans la mémoire col­lec­tive, avec le co­uron­ne­ment d’un n°1 mon­di­al génial, et alors au som­met de sa carrière.

Je n’en­visage pas d’ac­cord­er quel­que im­por­tance aux blagues potac­hes de Big Mac, qui ex­pliqua que c’est un micro qui l’avait décon­centré ; je ne crois d’ail­leurs pas que Mac avait réel­le­ment be­soin d’être con­centré sur le court, et par ail­leurs com­bi­en de matchs a-t-il gagné en décon­centrant son ad­versaire par ses esclandres… En re­vanche, j’ai re­cherché l’écho qu’avait eu cette fin­ale outre-Atlantique. Nos collègues américains étaient nombreux à connaître l’exist­ence de l’Europe et de la Fran­ce sur la carte du ten­nis, et suivaient les résul­tats de Roland Gar­ros, à la télé ou à la radio. Et ils se souvien­nent de ce Lendl-McEnroe comme l’un des plus beaux matchs des années 80, au point d’être quel­que peu jaloux de la pâle copie qu’en a été la fin­ale de l’US Open 1985. Chacun son tour… Ce 10 juin 1984, le centre de gravité du ten­nis s’est net­te­ment, et définitive­ment, rapproché de Paris. Rien de moins.

Hors con­cours – 2004 : Gaudio bat Coria (0/6 3/6 6/4 6/1 8/6)

In­cap­able que je suis de plac­er cette fin­ale dans mon clas­se­ment, je choisis… de la mettre à part. Du point de vue de la dramatur­gie et du sus­pen­se, elle mériterait sans aucun doute l’une des toutes premières places, sinon la première. Du point de vue du niveau de jeu pro­duit, elle mérite pro­bab­le­ment la dernière. Je me rap­pelle d’un co­pain, classé alors -2/6, qui avait as­s­isté à la fin­ale de­puis les tri­bunes ; il en était re­venu en me dis­ant que franche­ment il pen­sait jouer plus vite que ça… L’autre an­ec­dote, au micro celle-là, c’est Guy For­get en plein quat­rième set, s’ex­cusant sur le mode « je passe sans doute pour un con­nais­seur du ten­nis, mais là je dois dire que je ne com­prends stric­te­ment rien à ce qui se passe sur le ter­rain ».

Le lac­rym­al Gaudio et le san­guin Coria ont sans doute dis­puté ce jour-là l’un des pires matchs de leurs carrières re­spec­tives. Mais ils ont été égale­ment des li­vres totale­ment ouverts sur leurs émo­tions, leurs doutes et leurs re­non­ce­ments, et livré toute une foule d’in­dica­tions cruciales sur la psyché du joueur de ten­nis en ac­tion, tant ils se sont montrés, autant l’un que l’autre, in­cap­ables de mobilis­er leur sur­moi. Cer­tains matchs, dit-on, se jouent dans la tête ; celui-ci ne s’est joué que dans la tête. Et comme il fal­lait bien qu’il n’y ait qu’un seul per­dant, autant sanctionn­er le re­non­ce­ment le plus visib­le, et le plus co­up­able, celui de Guil­lermo Coria.

Selon la vers­ion de l’ar­bitre, les cram­pes de stress d’El Mago ont été con­stat­ées par le kiné du tour­noi à la fin du 3ème set. Si je pre­nds cette précau­tion épis­tolaire, c’est parce que la carrière de l’ombrageux Ar­gentin est saupoudrée de quel­ques séqu­ences de simula­tion sur le ter­rain, dont une l’année précédente con­tre le même Gaudio à Ham­bourg. Ad­mettons donc que les cram­pes de Guil­lermo (à par­tir de la fin du 3ème) aient été autre chose qu’une fic­tion, nous pouvons au moins con­stat­er qu’au 4ème set il n’es­saie pas de lutt­er sur le ter­rain, alors qu’au 5ème il es­saie. Quel­le que soit la réalité de ses problèmes physiques, le fait est qu’il a, pen­dant une par­tie du match, re­noncé à se battre. Aucun autre joueur vic­time de cram­pes n’a of­fert le spec­tacle de donn­er un set en­ti­er à l’ad­versaire sans boug­er, ils sont nombreux pour­tant à connaître cette situa­tion, et à de­voir doser leur ef­fort en at­tendant l’effet des médica­ments.

Les éner­ve­ments dont Guil­lermo Coria a été co­utumi­er pen­dant sa brève période au plus haut niveau m’ont semblé traduire, par leurs dis­propor­tions, sa dif­ficulté à sur­mont­er le sur­croît de pre­ss­ion qu’avait oc­casionné son contrôle anti-dopage positif en 2001, alors qu’il n’avait que 19 ans. La sus­pic­ion dont il était cap­able, notam­ment vis-à-vis du corps ar­bitr­al, et sa ner­vosité, étaient pro­pre­ment stupéfian­tes, et ne pouvaient s’expliqu­er par un sim­ple tempéra­ment san­guin. Sans doute Coria a-t-il perçu sa sus­pens­ion comme une in­jus­tice, au point de ne pas tolérer la moindre in­jus­tice par la suite sur le court. Dans ces con­di­tions, les dif­ficultés qu’il a re­ncontrées pour seule­ment tenir sa raquet­te, dès la fin du 3ème, ne traduisent pas seule­ment des cram­pes, mais aussi une crise de nerfs à l’approc­he d’une vic­toire qui lui ten­dait les bras. Et plutôt que de lutt­er comme le for­mid­able com­bat­tant qu’il savait être aussi, il a opté pour un re­non­ce­ment visib­le, en lais­sant filer le score, in­vitant chacun – et notam­ment Gas­ton Gaudio – à con­stat­er par lui-même que la re­montée qui s’amorçait n’était pas due au mérite de l’ad­versaire, mais à son ef­fondre­ment pour cause de cram­pes.

De tous les ad­versaires de Coria, Gas­ton Gaudio était sans doute un des seuls cap­ables de suc­comb­er à une telle tar­tufferie. Et le fait est qu’il a frôlé, vrai­ment frôlé, la défaite. Et pour le coup, lui n’a pas cherché à men­tir à qui que ce soit. Sa quin­zaine parisien­ne avait été mag­nifique ; Hewitt en quarts et Nal­bandian en demis avaient ex­plosé sous la puis­sance de son re­v­ers. Mais, aussi bril­lant fût son par­cours, en en­trant sur le ter­rain pour cette fin­ale, Gas­ton était be­aucoup plus désireux que l’his­toire se ter­mine que de la ter­min­er en vain­queur. Son com­por­te­ment auto­destruc­teur sur le ter­rain ne le prédis­posait pas à en­caiss­er l’ef­fort ment­al de sept matchs au meil­leur des cinq sets ; le septième, pour lui, était claire­ment celui de trop. Aussi, quand le pub­lic a salué bruyam­ment un point mag­nifique qu’il venait de re­mport­er au cœur du 3ème set, il s’est enfin détendu. Dans les minutes qui ont suivi un bruis­se­ment, à la fois sub­limin­al et per­cep­tible par tout un chacun, in­diquait que la ner­vosité était en train de chang­er de camp. Il serait exagéré de dire que Gas­ton s’est mis à bien jouer, mais il s’est au moins mis à jouer, au sens pre­mi­er du terme.

Au fil d’un cin­quiè­me set où les lar­mes affleuraient des deux côtés, le spec­tacle n’était plus du tout ten­nistique, il était psyc­hique. Guil­lermo Coria ten­tait bien de re­ntr­er dans le ter­rain et de faire visit­er le ter­rain à son ad­versaire, afin de boug­er le moins pos­sible ; ce n’était pas en soi une mauva­ise opt­ion tac­tique, mais c’était pour le moins con­tre na­ture de la part du for­mid­able défen­seur qu’il était. En face, Gaudio, re­tombé dans ses er­rances, était tel­le­ment ner­veux à l’approc­he d’une vic­toire aussi pre­stigieuse qu’inespérée, qu’il était à son tour de­venu in­cap­able de tenir sa raquet­te con­venab­le­ment. Aux dires de Gaudio, sur les deux bal­les de match de Coria, il n’avait jamais com­pris com­ment lui-même, Gas­ton, avait réussi à ne pas faire la faute le pre­mi­er.

C’est ici que la morale de ce match est sauve, tout en pre­nant la for­mula­tion in­ver­se de celle qui est générale­ment utilis­ée : la défaite s’est of­fer­te celui qui la méritait le plus, à savoir Guil­lermo Coria. Il était temps, pour les deux joueurs, de craqu­er pour de bon et d’aller enfin se re­pos­er. Sur un divan de préférence, et avec un bon pro­fes­sion­nel en face, car les fêlures psyc­hologiques que les deux Ar­gentins ont étalées sur la place pub­lique ce jour-là étaient vert­igineuses.

Pour le pub­lic, il ne re­stera sans doute pas le souvenir d’un match de gran­de qualité, mais plutôt le sen­ti­ment d’avoir as­s­isté à une tragédie à ciel ouvert. Sauf que là il ne s’agis­sait pas d’une re­présen­ta­tion, c’était pour de vrai. Cette fin­ale ne com­pte sûre­ment pas parmi les gran­des fin­ales de Roland Gar­ros. En re­vanche, elle a sa place dans les rares mo­ments où la di­mens­ion psyc­hologique inhérente au sport de haut niveau aura été la plus visib­le. Les voisins d’étage de ce Gaudio/­Coria de 2004, ce sont le Chang/Lendl de 1989, le Con­nors/Kriskstein de 1991 à l’US Open, dans une moindre mesure le Sampras/Cor­retja de 1996 toujours à l’US Open.

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Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

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680 Responses to Retour sur les finales de Roland Garros

  1. Achtungbaby 15 mai 2019 at 14:29

    Gros travail, merci ! Bon RG pour moi qui ai été gros gros fan de Big Mac et qui suis fan de Fed, c’est pas mon palmarès préféré.

    84, évidement. Le traumatisme. 2 sets de rêve, irréels, Mozart. On a tout dit. Le mec montait sur les 1ères balles de Lendl. Incensé.

    Faisons un paquet des finales Nadal/Fed. Le même sentiments d’impuissance. Quelques petites lueurs d’espoir, tellement vite éteintes. Donc pour Fed on va plutôt retenir une demi à RG, en 2011. THE match. Le titre en 2009 bien sûr, mais tennistiquement pas les mêmes sommets.

    Heureusement en finale, quand même un grand match sur lequel vibrer positivement en ce qui me concerne, fan de Wawrinka. Le match de dingue. Illustration parfaite du joueur dans « la zone ». Ce revers, si beau, si fort. Arme de destruction massive ce jour là, jusque sur la balle de match. THE Man.

    Bon on passe à WIM ?

    • Rubens 15 mai 2019 at 14:40

      Tout pareil pour 2015. Je l’adore cette finale. Stan en lévitation, ça a donné quelque chose d’inouï.

  2. Paulo 15 mai 2019 at 15:57

    Alors là Rubens, je m’incline et te rends sans le moindre regret le titre de fusillé du ciboulot de tennis. Respect, chapeau bas, congratulations :-D

    Je ne sais pas comment tu as fait, si tu as pris des notes lors de chacune de ces finales, ou si tu les a regardées une par une en replay, ou si tu as une mémoire d’éléphant transgénique, ou si tu es un superordinateur, mais quelle somme, une vraie encyclopédie, bravo.

    Bon, une petite remarque alors qu’il me reste les douze meilleures finales à découvrir : ce n’est pas Stich qui bat Kafelnikov en 96, mais l’inverse. Ça m’a tellement troublé de lire que Stich avait remporté un deuxième Grand Chelem et que je ne le savais pas – moi qui aimais bien ce joueur au tennis si pur – que je suis allé voir sa fiche Wikipédia, mais non : il a bel et bien perdu face à Kafelnikov, qui a bel et bien remporté Roland en 1996. Mais peut-être est-ce un lapsus révélateur de ce que tu aurais souhaité ? (d’autant que dans la description que tu fais du match, tu indiques bien que c’est le Russe qui l’emporte)

    • Rubens 15 mai 2019 at 16:13

      Si je me relisais aussi… Voila c’est corrigé.

      • Rubens 15 mai 2019 at 16:21

        Cela dit Paulo, le lapsus est en effet peut-être révélateur. Je suis un fan absolu du jeu de Stich, ce grand couillon a réussi l’exploit de gagner la finale que je ne voulais pas (contre Becker) et de perdre ensuite les deux que j’aurais souhaité qu’il gagne (contre Agassi et Kafelnikov). Donc lapsus, je ne dis pas non au final !

  3. Jo 15 mai 2019 at 17:21

    C’est encore une fois un travail titanesque et de la très belle ouvrage, à tel point qu’on ne sait si on doit être ébahi ou effrayé.

  4. Anne 15 mai 2019 at 18:26

    Session de jour définitivement annulée à Rome… pour l’heure la session de nuit est maintenue. Si ces matchs se jouent effectivement, c’est quand même assez scandaleux puisque les joueurs obligés de patienter toute la journée (et oui, les premiers matchs se sont effectivement entraînés à… 9h) et de jouer à un moment ou un autre deux matchs !

    • Anne 15 mai 2019 at 18:55

      il semble qu’ils décident de ne faire jouer qu’un seul match demain (de toutes façons, difficile d’en faire entrer plus vu le nombre) et deux vendredi

      • Anne 15 mai 2019 at 23:37

        Et non, finalement, ils prévoient de les faire jouer deux fois demain. Embouteillages à prévoir. Et encore, àcondition que le ciel soit davantage du côté des organisateurs

  5. Babolat 16 mai 2019 at 06:00

    Bravo pour cet article et pour avoir mis le Courier/Bruguera dans le top 5. J’avais adoré cette finale. C’était un dimanche brûlant de juin, je révisais pour le bac mais je n’ai pas pu quitté l’écran des yeux.

    Sinon… petite coquille. Medvedev (Andrei), contrairement à son homonyme Daniil, n’est pas russe mais ukrainien.

    • Rubens 16 mai 2019 at 09:39

      Merci Babolat de corriger pour Medvedev. Ce qui m’a induit en erreur, c’est qu’il est né Russe, et n’est devenu Ukrainien qu’à partir de la naissance de cet état. Il a d’ailleurs expliqué à de nombreuses reprises qu’il se fichait royalement de cette nationalité nouvelle pour lui, mais que par contre il se sentait Russe de corps et d’esprit.

      Pour Courier-Bruguera, tout pareil, à la différence que je n’étais qu’en seconde et je n’avais pas d’exam à préparer ! J’avais été saisi par l’intensité du match.

    • Babolat 16 mai 2019 at 16:04

      Je n’ai pas pu quitter… J’en fais une belle de coquille.

  6. Paulo 16 mai 2019 at 10:44

    Je n’ai pas vu la grande majorité de ces finales, pour des tas de raisons, soit parce que j’étais trop jeune, ou pas encore intéressé par le tennis, ou parce que le jeu sur terre battue ne m’a jamais enthousiasmé, parce que j’étais occupé ailleurs…
    J’ai vu celle de 83, le souvenir que j’en ai étant qu’il fallait absolument que Noah remporte le 3ème set, sinon Wilander, qui commençait à prendre ses marques, allait le bouffer tout cru aux 4ème et 5ème ; donc le grand soulagement qui a suivi la balle de match.
    Je me souviens de celle de 91, où l’insouciant et à peu près inconnu Courier mate le Kid de Las Vegas, ce qui en tant que fan de Sampras me fit le plus grand plaisir.
    j’ai dû voir celle de 92, effectivement oubliable.
    Je n’ai pas vu celle de 1993, mais me souviens de ma déception à l’énoncé du verdict : les lifteurs-limeurs, très peu pour moi.
    Celle de 2015 par contre, le pied, pareil que vous Achtung et Rubens.
    Bien sûr les finales de 2006-07 et 2011, un crève-cœur. Pas vu celle de 2008, et ne le regrette pas.
    Quand il y a Nadal, si je suis là je regarde le début, et si le taureau se détache, je pars faire autre chose et ne jette qu’un œil au scoreboard de temps en temps. Vivement qu’il arrête de nous faire ch.. celui-là…

    Celle de 84, pas vue mais je viens d’en trouver un replay intégral sur YouTube, de qualité correcte, et j’ai regardé hier le 1er set. Effectivement, c’est fou comme McEnroe se rue au filet, même derrière les premières de Lendl ! Un truc de malade. Quelle audace, quel talent, je sais pourquoi j’ai toujours été gaga de ce type, en tout cas de son jeu.

    • Rubens 16 mai 2019 at 14:18

      La finale de 93… Dans ce classement, je me suis efforcé de mettre de côté mes préférences personnelles. Voir Bruguera l’emporter m’a gonflé au plus haut point, mais je dois dire que je suis resté accroché à mon fauteuil du début à la fin.

      J’aimais beaucoup Courier, pas forcément le jeu mais le personnage en tout cas, ses efforts pour apprendre le français, ses petites touches d’humour sur le terrain, mais aussi le fait qu’il se contentait de bosser comme un malade sans en rajouter par des déclarations incendiaires. En 91 j’avais commencé la finale en soutenant Agassi, je l’avais terminée en fan de Courier. En 92 c’est le patron incontestable, la branlée à Agassi en demi m’a plus marquée que la finale elle-même.

      Arrive 93, et ce Catalan au jeu chiant mais terriblement meurtrier, une machine à détruire le jeu adverse. Je ne voyais que Jim pour le battre en finale, et encore j’avais des doutes, l’Américain n’était pas aussi souverain que l’année précédente. Il faisait un peu plus de fautes je crois, et il avançait moins dans le terrain. Mais cette finale… Tous les champions dont nous parlons n’ont pas eu la chance de tomber les armes à la main. Courier a eu cette chance, c’était le défi ultime pour Bruguera et il l’a relevé avec succès. Total respect à sa performance.

  7. Paulo 16 mai 2019 at 11:54

    Kyrgios envoie du lourd sur Djokovic et Nadal : les fans de Roger vont être ravis, ceux du Serbe et de l’Espagnol moins.

    Le coup de la célébration de Djoko, c’est juste mortel s’il le fait la prochaine fois :-D

    https://www.eurosport.fr/tennis/masters-rome/2019/kyrgios-djokovic-a-une-obsession-maladive-avec-le-besoin-detre-aime-il-veut-etre-federer_sto7274013/story.shtml

    Je comprends mieux pourquoi Federer dit qu’on a besoin de gars comme Kyrgios sur le circuit ;-)

    • Rubens 16 mai 2019 at 12:24

      J’ai vu ça en effet. Pour le coup je crois que la prochaine fois que Kyrgios affronte Nole, le Serbe sera remonté comme une pendule ! D’autant que je n’avais pas percuté, mais Kyrgios mène bel et bien 2/0 dans son H2H avec Djoko.

      Que Kyrgios balance des trucs pareils, ça change des conférences de presse lyophilisées, mais c’est aussi à ses risques et périls. Ceci dit, je me retrouve totalement dans ce qu’il dit, il formule à sa manière l’animosité que suscite Djoko, cette jalousie de ne pas arriver à la cheville de Federer en terme de popularité alors que son palmarès est hallucinant et qu’il bat Roger régulièrement. Nadal vit ça depuis plus longtemps que Nole, et de manière plus tranquille aussi.

      • Anne 17 mai 2019 at 12:04

        Et puis niveau popularité, Nadal est certes derrière Federer mais pas super loin. Nettement moins en tous els cas que Djokovic

  8. Sam 16 mai 2019 at 13:45

    Super Rubens, merci !
    Très agréable à relire tout ça. Je crois que j’aurais fait grosso modo le même classement que toi, surtout pour le hors concours Coria Gaudio.

    • Rubens 16 mai 2019 at 13:53

      Salut Sam,

      Je me souviens, lors de cette finale de 2004, avoir ressenti une certaine gêne à regarder ça. Reste avec nous Gaston, reste avec nous, tu as un match à finir !

  9. Paulo 16 mai 2019 at 14:37

    C’est marrant, sur la photo je lui trouve presque un air de Clint Eastwood, à Edberg : https://66.media.tumblr.com/494c1f689dd69a6a473994c7cc758634/tumblr_nl9v92vzT91sqsyiko1_500.jpg

  10. Elmar 16 mai 2019 at 14:40

    Mon premier souvenir de tennis, c’est la finale de 1987. Je ne suis donc a priori pas né au tennis sous les meilleures auspices!

    A partir de 1989, j’ai vu toutes les finales de Roland à l’exception regrettable de celle de 1997, alors que j’avais suivi tout l’improbable parcours de Guga. Par la suite, j’ai développé un peu une aversion du Brésilien, mais il faut reconnaître que ce Roland a eu qqch d’extraordinaire. Guga, c’est le mec que personne n’attendait mais qui est entré dans la cour des grands par la porte.
    Et j’ai par ailleurs boycotté les finales Djokodal, bien que j’ai dû voir je crois la fin d’une finale un lundi lendemain de pluie.

    Les finales qui m’ont le plus marqué :
    1989 : la victoire de Chang, très improbable, triste pour mon idole de jeunesse Edberg.
    1991 : un retournement de situation phénoménal avec la pause pluie; l’icône Agassi dont on se demandait s’il deviendrait un champion.
    1999 : pour son scénario et l’accomplissement que cela représentait. Un peu la réponse à la question née en 1991.
    2000 : veille de mon exa de bac de math. Norman qui se met enfin à bien jouer à la fin. Tension extrême dans le tie-break.
    1998 et 2001 : uniquement pour la présence de Corretja que j’aimais beaucoup, même si objectivement, les deux finales sont laides.
    Les Fedal, parce que Fed. Je n ai pu revoir aucune de ces finales, donc je ne sais pas franchement ce que ça valait en termes de niveau, trop impliqué émotionnellement.
    2009 forcément.
    Et 2015, c’est clairement un gros kiff!

  11. Elmar 16 mai 2019 at 14:41

    Oui et 2004 est aussi une finale mémorable. Bien vu de l’avoir mise hors concours!

  12. Paulo 16 mai 2019 at 15:45

    Shapovalov et la terre battue, ce n’est décidément pas le grand amour… défaite 6-1 6-3 face à Djokovic.

    Rob Steckley n’est plus son coach depuis avril, désormais c’est Adriano Fuorivia, le coach de ses années adolescentes : https://tennis.life/2019/04/08/fuorivia-in-steckley-out-on-team-shapo/
    Quant à la mamouchka, elle est toujours dans le box…
    Pas vraiment convaincu par cette configuration.

    • Guillaume 16 mai 2019 at 18:17

      Ouch, déjà? Merci de l’info, ça devient dur à suivre.

      Y’a le tandem Thiem Bresnik qui a priori s’est mal fini aussi. A IW Thiem parlait de coach d’appoint concernant Massu, à Barcelone Massu était devenu celui qui a terme devait remplacer Bresnik, d’ici l’été disait l’interview, et finalement à Rome on apprend que c’est bel et bien fini. Ça a été tellement vite qu’ils ont même devancé leurs éléments de langage !

  13. Jo 16 mai 2019 at 15:45

    Roland Garros 1999. J’en ai fait un article où je m’étais replongé dans ma psyché de post-ado. C’était il y a vingt ans, j’avais vingt ans. Le 6 juin, j’aurais tué mon père, vendu ma mère. C’était une question de vie ou de mort.

  14. Kristian 16 mai 2019 at 16:30

    Impressionant Rubens. Et a te lire, je crois volontier que tu les as en effet vues toutes ces 45 finales. Ayant moi-meme vu la plupart depuis 81, je me retrouve tres bien dans tes souvenirs.
    Et je suis bien heureux de retrouver les finales 93 et 87 parmi les meilleures, bien qu’elles aient opposees des joueurs assez peu apprecies sur ce site. 2 supers matchs, tres gros niveau, tres grosse tension.
    D’ailleurs, le seul joueur a apparaitre 3 fois dans le top 10 c’est bien sur.. merci Ivan

    • Rubens 16 mai 2019 at 16:36

      Chut Christian, nous allons réveiller Antoine !

  15. Guillaume 16 mai 2019 at 18:21

    Belle recap. En vrac

    - C’est drôle combien la finale 93 a perdu de son éclat les années passant. A la fin des 90′s, style 99, un sondage de ce type la faisait pourtant alors figurer sur le podium des plus grandes finales de RG de l’ére Open. Et puis elle a fini par être un peu oubliée. J’imagine que le fait que ses protagonistes n’aient finalement guère de fans n’a pas aidé sa postérité. Mais gros match, oui, clairement.

    - Costa pour moi c’est le braquage ultime. Un parcours balèze sur le papier mais dont chaque tour a mérité d’être relativisé : Canas cramé en quarts, Corretja malade en demie, Ferrero blessé en finale. Après j’ai toujours bcp de respect pour ceux qui n’étaient pas programmés pour gagner et savent saisir leur seule chance, donc tant mieux pour lui.

    - toutafé pour la sensation d’inexorabilité terrible des finales Fed Nadal. Me souviens de celle de 2011 où Rogé fait pourtant ce qu’il faut, sa spéciale départ en trombe, au service pour le set en 20 minutes, l’idéal pour se donner une chance de gagner. Et puis cette foutue amortie manquée, le relou qui revient, et l’impression que le match a déjà basculé.

    - 2015, jouissif. Toujours un truc spécial de voir un mec dans la zone dans un match aussi important. Et plaisir aussi du fait d’un tournoi difficile pour nous.

    - 2016, souvenir perso de l’explosion de joie dans l’ espace de travail quand Murray a pris le premier set à Djokovic. Limite on ne s’attendait pas nous mêmes à une telle unanimité !

    - globalement, c’est moi ou ça fait quand même peu de grandes finales en près d’un demi siècle ? 2 ou 3 monuments pour des raisons diverses et variées, et il me semble qu’on bascule vite sur du quelconque. Y a t il un malade dans la salle pour faire le comparatif avec les 3 Chelems, savoir si c’est partout pareil ou si c’est une spécificité dont Roland se serait bien passé ?

    • Rubens 16 mai 2019 at 22:29

      Salut Guillaume,

      C’est marrant, tout le monde semble unanime ici pour distinguer la finale de 2015. Djoko ne semble pas avoir la cote ici… D’ailleurs si j’avais été dans ton espace de travail, j’aurais hurlé avec tout le monde quand Murray gagne le premier set en 2016. Plus contre Djoko que pour Murray.

      Pour 2002, il manque à ton tableau Kuerten, tenant du titre qui se relève d’une opération, et qui ne sera plus jamais le même. J’ai un doute pour Ferrero, il était vraiment blessé ? Il était passé totalement à côté (et n’en avait pas fait mystère), mais je ne me souviens plus d’une blessure.

      Enfin, pour ta dernière remarque, je crois que ce n’est pas qu’une impression. Je suis un grand malade, mais je ne vais pas avoir le temps de faire tout de suite un travail analogue sur les autres GC. Mais en effet, ailleurs qu’à RG, il y a davantage de belles finales. Quelques éléments :
      – j’ai évoqué dans un précédent article la spécificité du palmarès du « French », avec beaucoup de tauliers qui n’ont pas réussi à briller ailleurs. La période 1989-2004 est éloquente sur ce point. Alors que sur les autres GC, les n°1 et 2 mondiaux sont en général les meilleurs du monde, et une finale idéale n’est rien d’autre qu’une finale qui les oppose. En 2000, le Kuerten-Norman était bien la finale idéale, mais l’un et l’autre étaient 5 et 7 à l’ATP, ou un truc de ce genre. La grosse surprise aurait été une finale Sampras-Agassi, alors qu’ils étaient bien 1 et 2 à l’ATP. A partir de là, il est fréquent que le titre parisien se joue avant la finale.
      – Borg et Nadal ont dominé le jeu sur TB pendant des années, avec une marge qui n’a pas d’équivalent sur les autres GC. Le seul « vrai » gros match de Rafa à Roland, pour moi, c’est sa demi contre Djoko en 2013. Parmi les matchs récents qui ont vraiment marqué le public de Roland, je crois, il y a le Fed-Djoko de 2011, le Murray-Djoko de 2015, le Murray-Wawrinka de 2017 (match monumental, j’étais loin d’imaginer que ce serait pratiquement la fin pour l’un et l’autre…), bref des matchs où Rafa n’apparaît pas. Il a placé la barre trop haut. Idem pour Borg, sur une période plus courte. Pas de rival, dont pas de finale digne de ce nom.

  16. Kristian 16 mai 2019 at 18:42

    En attendant enorme exploit de Verdasco aujourd’hui a Rome. Qui apres avoir aneanti Thiem ce matin en 2h45 et 3 sets vient d’achever Khachanov en plus de 2 heures et toujours 3 sets. Tout ca, a 35 ans.
    mine de rien, gagner 2 matchs le meme jour, c’est rare (mias il vont etre plusieurs a le faire aujourd’hui), mais alors battre 2 top 15 mondiaux le meme jour, c’est peut etre bien un truc unique dans l’ere open.

  17. Paulo 16 mai 2019 at 20:18

    Roger pouvait bien souffler, il a eu chaud face à Coric, victoire 2-6 6-4 7-6, avec l’aide de Coric sur la fin et après avoir sauvé 2 balles de match. Vers la fin du 3ème set, il avait gagné 10 points de moins que Coric sur l’ensemble du match…
    Son revers est vraiment très faible, son coup droit c’est mieux mais il y a du déchet. Il va devoir élever son niveau de jeu en quart.

  18. Paulo 17 mai 2019 at 10:57

    Puisqu’on est à Rome, une finale dont je suppose que pas grand-monde ne l’a vue en direct et qu’il semble qu’on puisse classer dans les grandes finales sur terre battue est celle de 2006, entre Federer et Nadal et remportée par l’Espagnol 6-7(0) 7-6(5) 6-4 2-6 7-6(5).

    Une finale qui a duré 5 heures et 5 minutes… et où le Suisse a gagné 5 points de plus que le Majorquin : 179 vs 174.
    Question : pourquoi Roger ne l’a-t-il pas gagnée ?

    • Rubens 17 mai 2019 at 11:04

       » Question : pourquoi Roger ne l’a-t-il pas gagnée ? »

      Je l’ai vue en replay. Roger avait, déjà à l’époque, un art consommé de vendanger tous les points cruciaux face à Nadal. Mais c’était à Rome, c’était sec et rapide, les conditions avantageaient un peu Federer. Cela dit ça reste un match magnifique, le plus beau de leurs duels sur TB, parce que Roger tenait le choc dans sa diagonale revers.

      Encore plus belle, la finale de l’année précédente entre Coria et Nadal. J’ai revu un highlight il n’y a pas longtemps sur YT, ça dure 45mn mais c’est hallucinant !

    • Nathan 17 mai 2019 at 11:12

      Oui, finale magnifique sur TB que j’ai vue. C’est mooins le fait que Federer tenait la diagonale revers qu’il avait pris le choix tactique de pilonner Nadal côté coup droit en cherchant pas directement à le déplacer. Et cela a failli marcher. Un summum tactique et tennistique.

      • Sam 17 mai 2019 at 12:50

        Cette nuit là à Shanghai, on est entré dans ce bar et on est tombés sur le début du tie-break du cinquième set.

    • Guillaume 17 mai 2019 at 15:27

      Vue en direct à l’époque et pas mieux que Rubens en ce qui concerne la gestion des points importants, une constante entre les 2 ces années là, cf les nombreuses parties gagnées par Rafa en marquant moins de points que Rogé (Dubai 2006, Rome 2006 et l’OA 2009 au moins). Après ça tient à rien : de mémoire la 2e MP est une attaque de coup droit de Fed qui sort de très peu.

    • Elmar 17 mai 2019 at 17:58

      Vue en direct à l’époque…
      Jamais pu la revoir depuis.

      Ce dont je me souviens, c’est qu’il avait un excellent tôt de réussite au filet et qu’il y était beaucoup monté, plus qu’en n’importe quelle autre occasion contre Nadal.

      Aussi cette sensation pendant le match qu’il avait vendangé beaucoup d’occasions… C’est un peu le match-genèse à ce niveau-là d’ailleurs.

  19. Sam 17 mai 2019 at 14:53

    Bon, c’est pas le tout, qui met une pièce sur Fernando ?

    • Guillaume 17 mai 2019 at 15:25

      L’ai fait hier contre Thiem :)

      • Sam 17 mai 2019 at 16:36

        On peut effacer ses comm’ ?

  20. Anne 17 mai 2019 at 15:26

    Federer forfait avant son quart de finale à Rome. C’est Guy Forget qui doit faire une crise de panique même si on peut penser que c’est plus à titre préventif qu’autre chose… même s’il n’est pas coutumier de l’abandon en cours de tournoi

    • Elmar 17 mai 2019 at 18:01

      Les WO de Roger sont tellement rares que je n’y vois jamais un truc préventif.
      A titre personnel, je ne pense pas qu’on le verra à Roland. Et j’espère qu’il arrivera dans de bonnes dispositions à Wimbledon.

      Cette blessure, ça me fait penser un peu à celle en finale de l’Open du Canada il y a deux ans. Un tournoi qu’il n’a initialement pas prévu de jouer, où il décide à la dernière minute d’aller pour finalement s’y blesser…

      • Anne 19 mai 2019 at 07:46

        Oui, je suis d’accord pour le côté tellement’ exceptionnel que l’on ne peut y voir quelque chose de’ préventif. Et moi aussi j’ai songé à Montréal. Mais je pondérerais un peu : vu ses propos dans le communiqué, on peut estimer que s’il n’y avait pas eu un GC puis la’ saison sur gazon, il se serait présenté sur le terrain. Là il peut ne pas avoir voulu prendre le risque d’aggraver les choses.
        C’est la première’ fois en tous les cas qu’il déclare forfait pendant un tournoi sans donner une conférence de presse ou être allé sur le court pour s’excuser auprès du public. Mais ceci s’exlique peut-être par le fait que le tournoi semble’ assez loin du centre

  21. Kaelin 17 mai 2019 at 23:51

    Pour les motivés, match de malade de Del Potro en mode patator. Djokovic commence à flipper.

  22. Kristian 18 mai 2019 at 00:19

    Et ces deux balles de match que vient de laisser passer Del Potro.. dont une sur un impardonnable raté en coup droit. Quel dommage. La je pense qu’il vient de laisser passer sa chance, le Djoker va l’étouffer au troisième set. Super match

    • Paulo 18 mai 2019 at 09:13

      Je n’ai vu que le premier set, mais de ce que je lis sur Eurosport, ça a été un des meilleurs matches du début d’année.
      Ce qui est bien est que Del Potro semble avoir retrouvé l’intégralité de ses moyens physiques. La façon dont il tenait la diagonale de revers, sans slicer, est très encourageante.
      Quant à Djoko… ce match va lui donner une confiance monstrueuse ; et son niveau tennistique, pas la peine d’en parler. S’il gagne ce soir face à Schwartzy (et on voit mal comment il pourrait perdre, même avec 3 heures de tennis dans les jambes hier soir), je le donne favori pour le titre, le voyant battre Nadal en finale.
      Et si ça se passe comme ça, forcément favori à Roland (co-favori avec Nadal, disons)…

      • Rubens 18 mai 2019 at 09:33

        Et moi j’ai vu la fin du deuxième set, et les deux balles de match de Delpo. Sur la première il joue petit bras… Mais le match était effectivement sympa.

        Pour le reste je suis comme toi, Nole est clairement le favori à RG. Et sauf accident industriel, je ne vois qu’un Nadal qui aura enfin réglé la longueur de ses balles pour le titiller en finale…

  23. Babolat 18 mai 2019 at 15:19

    Rubens, ton article, excellent, résumant ces finales m’a fait penser à mon état d’esprit lorsque je regardais ces dites finales.
    J’ai commencé en 86. Oui, horreur, je n’ai pas vu en direct la fameuse finale de 84… En 83, on avait Noah mais j’étais en voyage à Walibi (parc d’attraction belge)… en 85… j’en sais rien. Mon parcours tennis Roland commence en 1986. (vous pouvez zapper… ce n’est pas un truc super intéressant)

    86. Mes parents n’aimant pas le tennis, je n’ai découvert ce sport à le télé qu’en 1986. Bof… une finale à sens unique entre Lendl et Pernfors. Lendl me parait antipathique. Mon Chouchou est Edberg puis Becker

    87. Ouch… la claque. J’aimais bien Wilander, sa bonne tête et son flegme. Lendl me faisait peur avec ses allures de croque-mort. Victoire d’Ivan. Je pensais que personne ne pouvait le battre et qu’il était LE tennis. Ouf… heureusement, c’était fini.

    88. J’aimais bien Leconte mais je savais que Wilander était meilleur. Le premier set était terrible. Leconte bombait le torse, le public était à fond. Puis… pschhit. Finale bizarre. Un Leconte à fond du début à la fin aurait peut-être pu gagner mais Mats était très costaud en cette année 88

    89. La pire finale pour moi. Certes, c’était en 5 sets, beau combat, Chang n’avait que 17 ans, c’était historique mais Edberg, putain Edberg… pourquoi ? Je crois que j’aurais pu encourager Chang contre n’importe qui (sauf Sampras qui n’était pas encore un outsider à l’époque et qui s’était d’ailleurs pris trois fois 6/1 au deuxième tour contre son « ami » Michael Chang)… mais non.. putain non… pas Edberg. J’ai mis longtemps à m’en remettre et j’ai également longtemps… très longtemps haï Michael Chang. Si j’avais été sorcier vaudou, je l’aurais maudit sur 15 générations. Bon, je me suis calmé ensuite et j’ai même été ému lors de sa retraite. Il a mis fin à sa carrière en pleine saison car il ne recevait plus de wild card pour les gros tournois (il était au delà de la 100e place)… c’est pas cool.

    90. Agassi… mais bordel. WTF ? On était tous pour Agassi avec mes potes. Journée chips/coca/jus de fruit (j’avais 16 ans et pas encore alcoolo). Mais c’est qui ce vieux qui bat notre Dédé ? Le vieux Gomez a fait un masters où il a été ridicule puis n’a plus fait parler de lui. Je n’ai pas vraiment eu le temps de le détester. (Bien sûr, c’était un grand joueur et certainement que sans Lendl et Wilander, il aurait 2 ou 3 Roland de plus dans sa besace mais j’étais jeune et j’aimais pas les vieux)

    91. J’étais pour Agassi. C’était mon chouchou après Sampras et Edberg. Clairement, la pluie lui a fait perdre la match. Je me souviens d’une caméra qui avait capté le kid de Las Vegas dans les vestiaires pendant l’interruption. Il se rongeait les ongles, se tapait dans les mains. Courier, en revanche, pourtant mené 1 set 0 et d’un break, était cool comme Fonzie, souriant. Je me suis dit… putain c’est mort. J’ai eu un petit espoir quand Agassi a refait son break de retard dans le 5e pour revenir à 4/4 mais Andre n’avait plus de jus. Il a perdu cette finale sur sa nervosité. J’ai également longtemps détesté Courier. Je voulais qu’il perde contre n’importe qui.. sauf peut-être Michael Chang.

    92. Pfff la purge ! J’adorais le revers de Korda (qui avait battu notre Riton en demi) mais je savais qu’il ne ferait pas le poids contre Jim. J’ai gagn2 100 francs (cent balles) de l’2poque sur un truc de paris par téléphone. Il fallait deviner le nombre de jeux de la finale et le vainqueur. J’avais mis Courier victorieux en 6/4 6/3 6/1. Il lui a mis 7/5 6/2 6/1… j’avais mon nombre de jeux. Je me suis bien fait engueuler par mes parents car c’était une ligne audiotel ) 4 francs la minute et je n’avais pas parié que sur la finale. Les cent francs ont a peu près comblé la facture.

    93. Ben voilà pourquoi j’étais pour Bruguera contre Jim en cette année baccalauréatesque pour moi. Sans être un fan des « limeurs de fond » comme on dit, j’ai toujours apprécié Bruguera pour son jeu pas si classique que ça. Comme dit Rubens dans son article, le Sergi n’était pas allergique au filet et y venait souvent à bon escient. Il avait une bonne intelligence de jeu. Comment j’ai flippé ma race quand ce diable de Courier a égalisé à 2 sets partout. Courier était un mammouth à l’époque, un monstre physique et mental. Personne ne tenait le choc. Il avait encore martyrisé mon Edberg en finale de l’Australian 6 mois plus tôt. C’est d’ailleurs Big Jim qui fait le break en premier dans le 5e. J’étais prêt à relire mes notes sur Spinoza et Kant pour expier mon chagrin dans ce bac de philo qui pointait son nez le jeudi suivant. Puis, Jim a mis un coup droit penalty dans le filet et un autre à quelques cm de la ligne de fond. Bruno Rebeuh, l’arbitre, était prêt à descendre pour vérifier la marque mais Jim a courbé l’échine… qui sait, cette balle était peut-être bonne… Jim a perdu son service puis le match. C’était le vrai tournant de sa carrière. Comme pour Chamg, j’ai appris à l’apprécier en fin de carrière quand il est devenu inoffensif pour mes chouchous.

    94. J’étais toujours pour Sergi. Pas de gros suspens, je savais que Bruguera était au dessus. Et ce connard de Jim qui bat mon Sampras, pourtant en pleine bourre, en quart 6/4 5/7 6/4 6/4. Il se prendra le même score contre Bruguera en demi. Que j’étais content. Dégage Courier !

    95. J’aimais bien Muster. Mais de toute façon, même Casimir contre Chang aurait fait l’affaire pour moi. Chang mène 5/1 au premier set. Mordel de berde, il va pas recommencer. Muster se règle et plie l’affaire en 3 sets. Ouf. J’ai beaucoup aimé quand il a serré la main, un par un, des ramasseurs et des arbitres pour les remercier. C’était pas du fake à la Djoko qui fait son mec-le-plus-love-de-la-terre, nan c’était sincère. Muster est un mec simple. Le lendemain, il avait pris sa canne à pêche pour ferrer le poisson près de chez lui, Loin de l’agitation qu’un tel titre peut susciter.

    96. Stich avait battu Muster et Kafel avait mis un 6/0 à mon Sampras en demi. BURN !! Salaud de Kafel. J’ai pas regardé le 3e set, trop dégoûté.

    97. Sous le charme de Guga bien sûr. Un peu triste pour Bruguera qui m’avait tant fait plaisir en 93 en dégommant Courier. Mais l’histoire était tellement belle.

    98. Bof… à part Bruguera, les espagnols m’ennuient. Je trouve Moya plus intéressant. La poignée de main finale est belle avec Corretja qui vient relever son vainqueur puis la remise de la coupe par Pelé himself avec un petit échange de têtes avec ce dernier et les deux finalistes. Nous sommes à la veille de cette coupe du monde historique pour la bande à Zizou.

    99. Mon ex-chouchou gagne enfin. C’est beau. En plus Medvedev commet l’erreur fatale de battre mon Pete Sampras au deuxième tour et mon Guga en quart. Agassi, ç fond ! Je suis alors étudiant et je regarde la finale dans la salle télé de la résidence universitaire. Un étudiant ukrainien qui a scruté la finale avec nous quitte la salle dès la balle de match. Pfff… ces américains, ils achètent tout ! C’est truqué ! Vous voyez pas que c’est truqué ? Putain les français, vous êtes cons ! Qu’est devenu ce type ? Complotiste professionnel

    2000. Guga forever. Je n’aime pas trop Norman et surtout, comme Chamoulaud en fait son favori, j’ai envie qu’il d2gage. Ce « Chalumeau » a le chic pour aimer des joueurs que je d2teste (Chang, Courier puis ensuite Nadal devant lequel il doit se … faire des trucs). Bref… tout va bien. Sampras remporte Wimbledon ensuite pour devenir le meilleur de l’histoire. Vive le tennis

    2001. Guga encore mais je suis plus partagé. je me suis attaché à Corretja qui est un mec bien, très fair-play et je suis triste de le voir prendre une bulle au 5e. Mon Sampras devient nul… il y a quelque chose de pourri au royaume du tennis.

    2002. Pas compris et pas regardé la finale. Bof… j’aime bien le revers de Costa mais je m’en fous. Sur terre, je veux du Safin mais le russe est trop irrégulier.

    2003. Je suis en Corée. le pays ne retransmet le tournoi que sur des chaines payantes pour lesquelles il faut prendre un bouquet hors de prix pour ma modeste bourse. Je suis le livescore mais bof. Je voulais voir Coria contre Ferrero et pas cet illustre inconnu qu’est Verkerk. Mais nom d’un chien, c’est qui ce mec ? Avec Roberto Carretero. il gagne de titre de l’étoile la plus filante de la planète tennis.

    2004. En Corée, toujours. Pas de vidéo, pas de streamming à l’époque, ou si peu et de très mauvaise qualité. J’écoute « Radio Roland Garros » sur le site du tournoi. Il y a Benoit Maylin, Christophe Thoreau et quelques invités. C’est sympa… je me sens comme mon père qui écoutait les résultats du tour de France sur son transistor. « Et c’est la remontée triomphale vers Paris pour Louison Bobet qui remporte son troisième tour de France ». J’étais pour Coria. Je suis déception.

    2005-2006-2007-2008… Ben Nadal. Je ne l’ai jamais aimé puisqu’il a commencé, comme premier fait d’arme, à battre mon nouveau chouchou Roger à Miami. Je dis non mais il dit oui… c’est interminable ce règne. Il est pire que tous les Chang, les Courier et les Lendl du monde. Je m’en veux d’avoir tans gaspillé mon énergie vaudou sur ces trois là. Nom de Dieu… qu’il dégage !

    2009. Le miracle. Je crois qu’il me restait un peu de poudre vaudou. Soderling mérite une statue ou au moins un petit autel sur la plage arrière de ma voiture. Depuis, 2007, je peux regarder le tournoi à la télé. Tout va mieux. Un mois plus tard, Roger dépasse mon chouchou Sampras mais je ne lui en veux pas. Deux jours après cette finale de Wimbledon, c’est la naissance de ma fille. La vie est belle. Je suis sur un nuage.

    2010-2011-2012-2013-2014
    Pfff… ben voilà. Retour sur terre. Nadal est trop fort. Les seuls à pouvoir un peu lui donner du fil à retordre sont Roger (finale 2011) et Djoko (demie 2013)… c’est chiant, je ne regarde pas les finales 2013 et 2014… je suis gavé. Heureusement, il y a d’autres tournois. Djoko ne m’emballe pas plus mais je le déteste un peu moins que Nadal. Je le supporte par défaut quand Roger perd en cours de tournoi.

    2015. Putain d’ordinateur qui ma lâche. On vient de déménager et notre forfait télé vient de changer. On n’a plus LA chaîne du tennis, merde. Je vais dans un PC bang (cybercafé coréen) pour suivre la finale sur un streamming un peu bancal mais je vois l’essentiel. Je support Djoko seulement si c’est Nadal en face et là, c’est Waw. A 100% derrière le vaudois qui me fait bien plaisir. Les larmes de Djoko m’émeuvent tout de même. je crois que c’était vraiment sincère.

    2016 Le djokoslam. Je suis dans un resto avec des potes qui ne suivent pas le tennis. Le match est retransmis et on est aux premières loges, Un pote croit encore que c’est Agassi le numéro un mondial. D’autres croient que Murray est américain. Je me contiens, je suis très pédagogue et explique que le mec qui vient de gagner la finale a réalise un exploit invraisemblable. On me croirait pro-Djoko alors que que je n’ai d’yeux que pour notre Roger. -Il est fini Roger, me lance un ami peu avisé des choses du tennis. Je bafouille un peu, je lui dit qu’il est blessé et qu’il va revenir… sans y croire vraiment. Sale soirée. Patron, une bière !

    2017. Le retour du terreminotaure. Trop content de la victoire de Roger en Australie, je regarde cette finale avec bienveillance. Certes, c’est un de mes chouchous qui est en face mais je ne me fais guère d’illusion. Le match est plié. Il est 1h30 du mat chez moi… je me dis que j’aurais dû aller me coucher plus tôt. Je bosse le lendemain à 8h.

    2018. Nan mais merde, il va pas nous refaire une série de 5 le Rafa. Je regarde le premier set. Thiem est au bord de l’apoplexie. Je ne bosse pas le lendemain mais je m’en fous… je ne regarde pas jusqu’au bout. ma bienveillance de 2017 a ses limites. Il fait franchement yesh le taureau. Roger, bordel ressaisis-toi ! Il est sur tes talons.

    Voila, ça m’a fait plaisir de revenir sur ces dernières finales de roland qui ont fait de moi le fan de tennis que je suis.

    • Babolat 18 mai 2019 at 15:27

      Merde, il y a quelques coquilles, Mon clavier qwerty fait des siennes. J’espère que ce sera lisible pour tout le monde.

      • Perse 19 mai 2019 at 16:22

        Non seulement c’est lisible mais c’est un super commentaire, exhaustif et remplit d’anecdotes sympa. J’aime bien tous les clins d’oeil à Sampras dont l’idolâtrie est notre point commun.

        Pour moi mon premier souvenir de finale est 99 où toute la famille l’avait regardé et mes parents avaient pleurés, Agassi apparemment était une idole pour cette génération tandis que moi, qui l’avait vu en vrai contre Moya en 1/8 me laissait à 37°.

        A cette époque, RG était la sortie annuelle pour le premier week-end du tournoi et l’idole de la jeunesse était ce beau gosse de Ferrero, ses défaites contre Guga étaient un crève-coeur et les finales me faisaient moins vibrer.

        Mais RG 2000 et la prolongation étouffante en avait une finale mémorable même si Guga était nettement plus fort.

        2005: j’ai un souvenir net de Nadal qui bat un taureau furieux qui tape dans tout ce qui bouge.

        2010: j’avais été dégouté par Nadal qui avait une capacité à bégnéniser les obus de Soderling, un sentiment d’impuissance assez rare.

        • Babolat 19 mai 2019 at 20:45

          Content d’avoir pu accrocher un Sampras fan. ^^

  24. Paulo 18 mai 2019 at 17:20

    Bon. Tout ce que j’espère maintenant, c’est que Djokovic va le corriger demain.

  25. Nath 18 mai 2019 at 20:26

    Je ne veux même pas savoir combien de temps cela peut prendre de préparer un tel article. Bravo et merci Rubens, je suis impressionnée !

    • Rubens 19 mai 2019 at 00:38

      Merci Nath, et merci à vous tous !

    • Nath 19 mai 2019 at 10:58

      Du coup j’en ai oublié de parler des finales qui m’ont le plus marquée. Bon, j’ai vu la victoire de Muster, celle d’Agassi, puis à peu près toutes les finales depuis 2007. Autant dire qu’en proportion, j’ai beaucoup vu Nadal soulever la coupe, et ruiner le suspense.

      Les finales que j’ai préférées sont, sans surprise la victoire d’Agassi sur Medvedev (dont je parle d’ailleurs dans un de mes articles) et celle de Stan sur Djokovic. Quant à la victoire de ce dernier, j’avais carrément oublié contre qui c’était. Murray était mon préféré des 4, je crois que mon cerveau a volontairement oublié ce match…

      Les deux victoires de Nadal qui m’ont le plus marquée par la domination exercée sont celles de 2008 et de 2017.

  26. Nathan 19 mai 2019 at 16:40

    C’est une défaite ? « Non Sire, c’est une branlée »… pour l’instant.

  27. Nathan 19 mai 2019 at 16:52

    Aucune balle de break contre lui, 9 balles de break pour lui, 31 points sur 46, 6/0, la destruction massive.

  28. Kristian 19 mai 2019 at 18:49

    Djokovic était parfois un peu mou, peut être que ses veillées nocturnes ont laissé des traces. Mais, en face, il s’est pris la foudre. Du très bon Nadal

    • Nath 19 mai 2019 at 19:47

      Nadal diesel en ce printemps européen ? J’ai trouvé ce match assez agréable à regarder finalement, même si je n’ai pas regardé absolument tous les points.

  29. Rubens 20 mai 2019 at 13:44

    J’ai entrevu la fin du tournoi de Rome. Nadal semble monter en puissance, mais la finale contre Djoko n’était pas terrible. J’ai surtout vu le quart et la demi de Djoko en soirée, contre Delpo et Schwartzman. Le Serbe n’était pas au mieux, mais son instinct de tueur est vraiment intact.

    J’ai du mal à voir un réel favori entre Nadal et Djoko à Roland, pour le coup sur cette finale de Rome Djoko était trop fatigué pour rivaliser. Attention à lui à Roland. S’il atteint la finale sans perdre trop d’énergie il peut aller au bout.

  30. Paulo 20 mai 2019 at 14:06

    Un petit point du classement Race à la veille de Roland Garros : si aux premières places on retrouve les inévitables Djokovic, Nadal et Federer (avec Tsitsipas intercalé, à la 3ème place), plusieurs joueurs ont désormais un retard conséquent :

    - A. Zverev, 17ème avec 880 points (l’an dernier à la même époque, il était… 1er avec 3135 pts)
    - D. Goffin 47ème (17ème avec 955 pts en mai 2018)
    - M. Cilic, 50ème avec 470 points (5ème avec 2010 pts)
    - K. Khachanov, 60ème avec 425 points (30ème avec 640 pts en mai 2018)
    - G. Dimitrov, 61ème avec 425 points (10ème avec 1275 pts)
    - K. Edmund, 71ème avec 365 points (11ème avec 1260 pts)
    - P. Carreno Busta 98ème avec 245 points (12ème avec 1135 pts)
    - S. Querrey 83ème avec 290 points (58ème avec 430 pts)

    Au-delà du top 100, on retrouve par exemple Mannarino (125 vs 66), Dzumhur (148 vs 60), Johnson (153 vs 37), Lopez (176 vs 54).

    Évidemment, ces « retards » sont compensés par de très belles progressions, notamment de jeunes joueurs.

    Quelques cas particuliers :
    Del Potro est 100ème, l’Argentin revenant de blessure… de même que Jack Sock, blessé en début d’année.
    Quant à Hyeon Chung, il n’a plus joué depuis février.
    Sur Dolgopolov, qui n’a plus joué depuis mai 2018, il est difficile d’avoir des informations, sinon (via Twitter) qu’il a adopté une nouvelle coupe de cheveux : https://pbs.twimg.com/media/Dy4z0XSX4AAGQ0I.jpg ; il semble que l’Ukrainien soit blessé.

  31. Elmar 21 mai 2019 at 16:55

    Apparemment, Roger s’est entraîné sans douleur sur le Chatrier aujourd’hui.
    Rassurant.

  32. Colin 22 mai 2019 at 15:55

    Passionnant et remarquable cet article Rubens. Il y aurait un paquet de choses à en dire, car chacun peut y retrouver ses propres souvenirs, à l’identique ou à l’opposé.
    D’abord, je commencerai par exprimer ma reconnaissance : un article qui accorde une si grande place à « La Finale De Roland-Garros 2004 », réponse d’un fameux quiz fondateur, ne peut avoir que ma plus grande sympathie.
    Ensuite, quelques remarques personnelles.
    1/ Pour moi, la finale de Roland-Garros, c’est très rarement le match le plus intéressant de la quinzaine.
    2/ Je n’ai pas vu toutes ces finales, mais celles qui m’ont le plus marqué sont :
    - 1983 évidemment (mais le quart contre Lendl était également un match d’anthologie, un peu trop oublié aujourd’hui),
    - 1984 bien sûr (je révisais mon bac – mais je ne pouvais m’empêcher de revenir vers la télé pour regarder la fin de chacun des 4 premiers sets, puis le cinquième intégralement! Pour la petite histoire, je soutenais Lendl, j’étais un peu idiot à l’époque mais curieusement cela ne m’a pas empêché d’avoir mon bac),
    - 1997, 2000 et 2001 (oui je l’avoue mon chouchou reste, désespérément, Guga)
    - 2011, même si évidemment le chef d’oeuvre ultime était la demie, résultat oblige. Mais, bon, jusqu’à la fin du 3ème set, j’y ai cru…

    3/ A l’opposé, celle qui m’a le plus gavé a été 1982. Un ennui infini. De quoi entrer en dépression… Alors qu’avec Borg, au moins, soit ça allait vite, soit il y avait du spectacle (cf. la finale contre Pecci en 79, d’ailleurs la première que j’ai vue en entier).

    4/ Parmi les finales dames, je me souviens des trois finales consécutives Evert / Navratilova de 84 à 86, puis de la victoire de Graff face à Navratilova en 87, celles de Seles sur Graff en 90 et 92, celle de Graff sur Hingis en 99 (qui dépassait largement le cadre d’un simple match de tennis, un peu comme le psychodrame Gaudio/Coria mais en mieux), et enfin la victoire de Pierce en 2000.
    5/ Et à l’opposé, celle de 1988 fut la pire (mais, heureusement, aussi la plus expéditive : 37 minutes ou quelque chose de ce genre).

    • Rubens 22 mai 2019 at 17:10

      Salut Colin,

      Bien d’accord sur Kuerten, je suis un fan de la première heure de Guga. Son aventure picaresque de 1997 reste l’un des plus beaux moments de l’histoire du tennis.

      Pour ton point 1, je me suis demandé justement pourquoi la finale était si souvent inintéressante, alors que le tournoi qui précédait ne l’était généralement pas (quelques exceptions en 75, 80, 86, 98, 2014, 2016, et d’autres sans doute, où c’est l’ensemble de la quinzaine qui est inintéressant).

      J’ai deux éléments, que je copie-colle d’un post précédent :

      – j’ai évoqué dans un précédent article la spécificité du palmarès du « French », avec beaucoup de tauliers qui n’ont pas réussi à briller ailleurs. La période 1989-2004 est éloquente sur ce point. Alors que sur les autres GC, les n°1 et 2 mondiaux sont en général les meilleurs du monde, et une finale idéale n’est rien d’autre qu’une finale qui les oppose. En 2000, le Kuerten-Norman était bien la finale idéale, mais l’un et l’autre étaient 5 et 7 à l’ATP, ou un truc de ce genre. La grosse surprise aurait été une finale Sampras-Agassi, alors qu’ils étaient bien 1 et 2 à l’ATP. A partir de là, il est fréquent que le titre parisien se joue avant la finale.

      – Borg et Nadal ont dominé le jeu sur TB pendant des années, avec une marge qui n’a pas d’équivalent sur les autres GC. Le seul « vrai » gros match de Rafa à Roland, pour moi, c’est sa demi contre Djoko en 2013. Parmi les matchs récents qui ont vraiment marqué le public de Roland, je crois, il y a le Fed-Djoko de 2011, le Murray-Djoko de 2015, le Murray-Wawrinka de 2017 (match monumental, j’étais loin d’imaginer que ce serait pratiquement la fin pour l’un et l’autre…), bref des matchs où Rafa n’apparaît pas. Il a placé la barre trop haut. Idem pour Borg, sur une période plus courte. Pas de rival, dont pas de finale digne de ce nom.

    • Rubens 22 mai 2019 at 17:20

      Ah oui, les finales dames… Il faudrait un autre article, mais le tennis féminin ne fait pas l’objet de beaucoup d’articles ici. A la fin des années 90 c’aurait été sans doute différent.

      J’avais beaucoup aimé la finale de 2010 entre Schiavone et Stosur. L’Italienne avait un magnifique tennis d’attaquante de TB, au tie-break du deuxième elle s’était totalement lâchée, c’était beau.

      • ConnorsFan 23 mai 2019 at 01:21

        Ma finale féminine préférée, tous tournois confondus : la finale de Roland-Garros 1992 entre Graf et Seles, remportée par Seles 6-2, 3-6, 10-8.

    • Colin 22 mai 2019 at 17:48

      Oui j’ai failli mettre le Schiavone / Stosur dans ma liste, mais ça aurait été tricher car je n’ai vu que la toute fin du match (magnifique).

      • Rubens 22 mai 2019 at 18:19

        J’en profite pour préciser, car je ne l’ai pas encore fait, que j’ai vu un tiers seulement des finales dont je parle, que j’en ai vu un deuxième tiers en non complet (seulement des bouts) et que pour le troisième tiers, je n’ai rien vu du tout. Je restitue des éléments pris à droite à gauche.

  33. Mat4 23 mai 2019 at 11:02

    Merci, Rubens, très bel article.

    Car la mémoire, à mon âge, devient défaillante. J’ai oublié la plus grande partie des finales que j’avais regardées — je me rappelle, pourtant, un match Borg-Solomon en… quand était-ce ? — quand Solomon, ne pouvait tenir l’échange; Victor Pecci, qui prend une manche à Borg ; un Lendl, qui jouait avec une raquette relativement moderne face à la Donnay du Suédois… Puis je suis parti à l’étranger et j’ai manqué beaucoup de tennis.

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