Les finalistes uniques en Grand chelem

By  | 15 mai 2014 | Filed under: Regards

Chris Lewis, Wimbledon 1983Coup de chan­ce, forme ex­cep­tion­nelle, le Capitole avant la roche Tarpéienne ?

Guil­laume nous a magistrale­ment présenté il y a quel­ques jours les plus « mauvais » vain­queurs d’un tour­noi du Grand chelem.

Cet ar­ticle m’a per­mis de me remémorer les noms de cer­tains joueurs ob­scurs, en­fouis au fin fond de ma mémoire, à l’époque loin­taine où je con­nais­sais par cœur le clas­se­ment ATP des 100 meil­leurs joueurs…

Je me suis dit que ces pires vain­queurs avaient par­fois bénéficié de tab­leaux très favor­ables, et notam­ment de fin­alis­tes im­prob­ables. J’ai donc décidé de me pench­er sur cette catégorie des fin­alis­tes uni­ques en Grand chelem, qui ont connu leur apothéose un jour avant de dis­paraître du feu des pro­jec­teurs aussi rapide­ment qu’ils étaient ap­paru en pleine lumière, et je me suis dit que ces in­con­nus qui ont eu leur quart d’heure de célébrité méritaient d’être de nouveau présentés à tous.

Après re­cen­se­ment de ces différents joueurs cap­ables d’exploits, mais qui n’ont pas con­firmé, j’ai décidé, totale­ment ar­bitraire­ment, de les répar­tir en quat­re cat­égo­ries, en fonc­tion de ce que leur uni­que fin­ale de Grand chelem a représenté pour eux. Il s’agis­sait donc :

1/ du tour­noi de leur vie

2/ de l’année de leur vie

3/ du tour­nant de leur carrière

4/ de l’aboutis­se­ment de leur carrière

Petit tour d’horizon de ces fin­alis­tes uni­ques qui m’ont le plus marqué, sans volonté d’ex­haus­tivité. J’ai mis notam­ment de côté les fin­alis­tes uni­ques avant 1977 et j’ai délibérément zappé l’Open d’Australie avant 1983 (on a vu dans l’ar­ticle de Guil­laume sur les pires vain­queurs d’un Grand chelem que be­aucoup avaient gagné en Australie avant 1983).

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Le tour­noi de leur vie

Il s’agit de joueurs in­con­nus, qui, au hasard d’un tab­leau favor­able ou d’une forme ex­cep­tion­nelle, ont su brill­er le temps d’un tour­noi, sor­tant du brouil­lard de l’anonymat pour y re­tourn­er aussi vite qu’ils en étaient sor­tis.

Cer­tains d’entre eux ont réalisé un tour­noi extra­or­dinaire avec des per­for­mances de haut niveau, d’aut­res ont bénéficié de cir­constan­ces favor­ables et de l’alig­ne­ment de toutes les planètes pour par­venir en fin­ale.

A/ Les super per­for­meurs

  • Mikael Per­nfors, Suédois, fin­alis­te à Roland-Garros en 1986.

Un an après ses débuts pro­fes­sion­nels, le Suédois à tête de lutin et par­ticuliè­re­ment souriant va réalis­er un Roland-Garros ex­cep­tion­nel. Il bat Ed­berg dès le deuxième tour (tête de série n°5), le ter­ri­en Jaite en huitièmes, Be­ck­er en quarts avec un 6/0 au de­rni­er set, et Lecon­te en de­m­ies. Pas mal pour un joueur in­con­nu. Cepen­dant, la fin­ale con­tre Lendl est de trop. Cette année-là, Lendl joue à un très haut niveau. Il a battu Kriek en demi-finales (oui, Johan Kriek en de­m­ies sur terre bat­tue) sans re­tir­er son sur­vête­ment, et il est bien trop puis­sant pour un Per­nfors au bout du rouleau. C’est un match poids lourd con­tre poids plume, comme il y en aura d’aut­res en­suite entre Lendl et Mecir. Après ce coup d’éclat, Per­nfors ne con­fir­mera pas par la suite. Comme les Nyström et Sundström, ses com­pat­riotes, son jeu de con­treur était trop prévisib­le et trop limité pour s’install­er au plus haut niveau. Mais quel tour­noi il aura fait en 1986, pro­fitant du man­que d’expéri­ence sur terre bat­tue d’Ed­berg et Be­ck­er et de l’irrégularité de Lecon­te, mag­nifique en quarts con­tre Ches­nokov mais sur co­urant al­ter­natif (al­ter­nance un point gag­nant, une bâche) en de­m­ies.

  • Mar­tin Ver­kerk, Hol­landais, fin­alis­te à Roland-Garros en 2003.

Martin Verkerk, Roland-Garros 2003Ce Hol­landais, doté d’un fort tempéra­ment d’at­taquant, est un OVNI en ce Roland-Garros 2003. Cer­tes, il a gagné le tour­noi de Milan en début d’année en bat­tant un Kafel­nikov vieil­lissant, mais de là à aller en fin­ale de Roland-Garros en bat­tant de grands favoris comme Moya en quarts de fin­ale et Coria en de­mies…qui l’eût cru ? En fin­ale, il se fait cueil­lir par un troisiè­me spécialis­te, Fer­rero, qui ramas­se la mise en ac­hevant un joueur qui n’a plus de jus. Blessé en­suite à l’épaule, Ver­kerk ne retro­uvera jamais un niveau approc­hant celui qu’il a at­teint en ce Roland-Garros 2003.

Parmi les aut­res super per­for­meurs, on peut citer Vic­tor Pecci, Para­guay­en, fin­alis­te à Roland-Garros en 1979 con­tre Borg après avoir battu Sol­omon (6), Vilas (3) et Con­nors (2), et qui possédait un très beau jeu d’at­taquant du fond de court à la Ad­riano Panat­ta.

B/ Les super op­por­tunis­tes

  • Chris Lewis, Néo-Zélandais, fin­alis­te à Wimbledon en 1983.

Chris Lewis est un joueur honnête, qui n’a at­teint qu’une seule fois les huitièmes de fin­ale en Grand chelem avant son ex­ploit (et en­core, en Australie en 1981, à l’époque où per­son­ne ne venait jouer le tour­noi). En 1983, du fait d’un al­ig­ne­ment d’étoiles miraculeux, il at­teint la fin­ale de Wimbledon pour y re­cevoir une vraie fessée de la part d’un John McEn­roe qui n’a pas be­soin de forc­er son talent. Si Lewis peut mettre à son crédit d’avoir battu dif­ficile­ment (8/6 au 5e set) un Kevin Curr­en toutefois pas en­core arrivé à son meil­leur niveau, le reste de son tab­leau est une vaste fumis­terie : Mel Pur­cell en quarts, le mémor­able Nduka Odizor en huitièmes, lequel avait battu au tour d’avant le gran­diose Loïc Co­ur­teau, l’un des joueurs les plus médioc­res jamais vus sur le cir­cuit. Bref, un grand coup de chan­ce pour le Néo-Zélandais qui ne fera plus rien derrière.

  • Mal­iVai Was­hington, Américain, fin­alis­te à Wimbledon en 1996.

Cet Américain était plus connu que Chris Lewis. C’était un es­poir du ten­nis américain, déjà 11e au clas­se­ment ATP en 1992. Les années précédant son apothéose lors du Wimbledon 1996, il a joué plusieurs huitièmes et même quarts de fin­ale en Grand chelem, quel­le que soit la sur­face et même à Roland-Garros, ce qui n’est pas si fréquent pour un Américain à l’époque. A Wimbledon en cette année 1996, il bénéficie d’un tab­leau en car­ton, où il bat suc­ces­sive­ment Haar­huis en huitièmes, un par­fait in­con­nu, Alex Radules­cu, en quarts, et fin­ale­ment le réguli­er Todd Mar­tin de just­es­se en de­m­ies, 10/8 au 5e set… et alors que Mar­tin a paniqué tan­dis qu’il menait 5-1 dans cette ul­time man­che ! Was­hington est battu en fin­ale par Ric­hard Krajicek, qui avait de son côté écarté Stich en huitièmes et Sampras en quarts, et qui donc méritait de gagn­er le tour­noi.

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L’année de leur vie

Plus rom­pus aux hautes al­titudes que les joueurs précités, les quat­re noms suivants ont connu une année réel­le­ment ex­cep­tion­nelle dans leur carrière, et ont pro­fité de cette période pour se hiss­er en fin­ale d’un tour­noi du Grand chelem.

  • Mag­nus Nor­man, Suédois, fin­alis­te à Roland-Garros en 2000

Avant d’être un très grand entraîneur (Robin Soderl­ing puis Stanis­las Waw­rinka), Mag­nus Nor­man fut un très bon joueur qui con­nut une année extra­or­dinaire en 2000. Demi-finaliste à l’Open d’Australie en jan­vi­er, il gagne en­suite les In­ter­nationaux d’Italie à Rome en bat­tant Kuert­en en fin­ale, avant d’at­teindre la fin­ale à Roland-Garros en bat­tant Med­vedev (fin­alis­te l’année précédente) en huitièmes, le bientôt vain­queur de l’US Open Safin en quarts et enfin Fran­co Squil­lari en de­m­ies, avant de céder face à Kuert­en en fin­ale dans un match serré. Monté jusqu’au deuxième rang mon­di­al cette année-là, se bles­sera en­suite et ne retro­uvera jamais un tel niveau.

  • Ar­naud Clément, Français, fin­alis­te de l’Open d’Australie en 2001

Arnaud Clément, l'un des 4 Français finalistes en Majeurs depuis NoahNotre sélec­tion­neur de l’équipe nationale de Coupe Davis sait ce qu’est le très haut niveau puis­qu’il a at­teint la fin­ale de l’Open d’Australie en 2001. Il y perd con­tre Agas­si, après avoir battu Gros­jean dans un match épique en demi-finale (il a sauvé deux bal­les de match con­tre son pote) et, sur­tout, après avoir sorti Kafel­nikov en quarts, ce qui était un bel ex­ploit puis­que le Russe re­stait sur un titre et une fin­ale à Mel­bour­ne. Clément at­teindra en­core les huitièmes à Wimbledon et l’US Open la même année, et réus­sira aussi un bel été sur le cir­cuit américain, avant de gagn­er la Coupe Davis sur le gazon de Mel­bour­ne Park. Une bles­sure au poig­net freinera sa pro­gress­ion en­suite, et il ne re­viendra jamais à ce niveau de 2001.

  • Rain­er Schüttler, Al­lemand, fin­alis­te de l’Open d’Australie en 2003

Quicon­que a vu jouer Rain­er Schüttler ne peut que se de­mand­er par quel mirac­le un joueur aussi médioc­re, sans aucun coup fort, a pu at­teindre la 5e place mon­diale en 2004 et être demi-finaliste à Wimbledon en 2008. Fin­alis­te à l’Open d’Australie en 2003, il per­met à Agas­si d’engrang­er des tour­nois du Grand chelem face à des ad­versaires mal classés, comme con­tre Clément deux ans plus tôt (cette as­ser­tion per­fide et pleine de mauva­ise foi vise à pro­voqu­er les aficionados d’Agas­si, dont Benja était le meil­leur re­présen­tant sur ce site). Schüttler pro­fite générale­ment des défaites des cadors pour en­suite battre leur vain­queur éreinté. Il bat ainsi en de­m­ies un Rod­dick totale­ment épuisé par son match in­ter­min­able en quarts con­tre El Aynaoui (21/19 au 5e set !), et éli­mine aussi Nal­bandian, qui avait sorti Feder­er. Bref, un joueur op­por­tunis­te, à l’aise sur toutes les sur­faces… et toujours verni dans ses tab­leaux.

  • Fer­nando Gon­zalez, Chili­en, fin­alis­te de l’Open d’Australie en 2007

Gon­zalez, c’est quand même un autre niveau. « El Bom­bardero » possède le coup droit le plus rapide du monde, un bon ser­vice et un très bon jeu de jam­bes. Réguli­er auto­ur de la 10e-15e place de­puis deux ans, il at­teint un niveau de jeu ex­cep­tion­nel en cet Open d’Australie 2007, écar­tant d’abord Lleyton Hewitt, puis bat­tant James Blake en huitièmes dans un match durant les­quel­les les bal­les de ten­nis se sont révoltées à force d’être frappées avec autant de viol­ence par nos deux poètes des co­urts, et sur­tout mas­sacrant Rafael Nadal en quarts et Tommy Haas en de­m­ies, avant d’être stoppé en fin­ale par le roi Roger à son apogée. Derrière cet ex­ploit, Gon­zalez ne con­fir­me pas en per­dant au pre­mi­er tour à Roland-Garros et à l’US Open. Il se qualifie pour le Mast­ers sans y brill­er, mais réus­sira à at­teindre la fin­ale des JO de Pékin en 2008, per­dant con­tre Nadal après un nouveau match de frap­peurs fous con­tre Blake. Quel dom­mage que le Chili­en ne se soit pas doté d’un meil­leur re­v­ers… et d’un ment­al !

On pour­ra rajout­er à cette catégorie Marco Baghdatis, Chyp­riote, qui a at­teint la fin­ale de l’Open d’Australie en 2006, où il a sérieuse­ment inquiété Feder­er. Baghdatis réussit un super tour­noi, bat­tant à la suite Stepanek, Rod­dick, Ljubicic et Nal­bandian. Il a su con­firm­er cet ex­ploit avec une demi-finale à Wimbledon la même année, mais par la suite, il enchaînera les bles­sures et les méfor­mes, avec une hygiène physique et al­imen­taire lais­sant à désirer.

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Le tour­nant de leur carrière

Le Capitole et la Roche Tarpéienne ne sont jamais très éloignés. Nous al­lons con­t­er main­tenant les mésaven­tures de trois joueurs qui se sont approchés de très près de leur pre­mi­er titre en Grand chelem en at­teig­nant la fin­ale, et qui se sont en­suite écroulés après avoir échoué dans leur quête du Graal.

  • An­drei Med­vedev, Russe, fin­alis­te à Roland-Garros en 1999

Homonyme de l’homme politique al­ter­nant avec Poutine les post­es de Président et Pre­mi­er ministre de Rus­sie, Med­vedev est un joueur ex­trême­ment talen­tueux, avec des frap­pes très lour­des des deux côtés et un grand ser­vice. Demi-finaliste à Roland-Garros dès 1993, à 19 ans, et 4e mon­di­al l’année suivan­te après des vic­toires à Monte-Carlo et Ham­bourg, il est réguliè­re­ment dans les 15 pre­mi­ers en­suite, avant de réussir un super­be Roland-Garros en 1999, où il bat Kuert­en en quarts de fin­ale, puis Meligeni en de­m­ies (lequel avait fessé un Cor­ret­ja mal­ade en quarts : l’Es­pagnol avait refusé d’aban­donn­er… et n’y avait récolté que sifflets et in­compréhens­ion du pub­lic). Con­tre Agas­si, il gagne les deux pre­mi­ers sets très facile­ment, dominant l’Américain de la tête et des épaules avec une puis­sance im­pres­sion­nante, avant de baiss­er pied physique­ment et men­tale­ment… et de per­dre en cinq sets, un peu comme McEn­roe avait archi-dominé sa fin­ale de 1984 con­tre Lendl avant de se voir trop beau et trop fort. Med­vedev ne se re­mettra pas de cette défaite et arrêtera sa carrière moins de deux ans plus tard, à 27 ans seule­ment.

  • Guil­lermo Coria, Ar­gentin, fin­alis­te à Roland-Garros en 2004

Guillermo Coria et Guillermo Vilas, Roland-Garros 2004Coria ar­rive lancé en ce Roland-Garros 2004. Après une ex­cel­lente année 2003 à l’issue de laquel­le il ter­mine 4e mon­di­al, il gagne Monte-Carlo au prin­temps 2004 et perd en fin­ale con­tre Feder­er à Ham­bourg. Il a un tab­leau tran­quil­le à Paris (Escudé en huitièmes et Hen­man en de­m­ies… Il a juste à battre Moya en quarts), et affron­te un Gaudio para­lysé par le trac en fin­ale. Tout le monde se souvient de cette fin­ale où Coria, stressé à l’idée de sa vic­toire pro­che, est as­sail­li de cram­pes et ne peut plus ser­vir ni co­urir. Il par­vient quand même à ob­tenir deux bal­les de matchs au 5e set, qu’il rate. Il perd à l’arrivée un match qu’il n’aurait jamais dû per­dre. Très at­teint men­tale­ment par cette défaite, il retro­uve un bon niveau de jeu en 2005… mais perd deux fin­ales serrées con­tre le nouveau roi de la terre bat­tue, Rafael Nadal, à Monte-Carlo et Rome. Touché par une gros­se crise de con­fian­ce, il ne retro­uvera jamais son niveau de jeu et pre­ndra une re­traite anti­cip­ée.

  • Mariano Puer­ta, Ar­gentin, fin­alis­te à Roland-Garros en 2005

Déjà contrôlé positif en 2003, Puer­ta est à nouveau pris par la pat­rouil­le à l’issue de sa fin­ale per­due con­tre Nadal à Roland-Garros en 2005. Sus­pen­du, il ne retro­uvera jamais son niveau de jeu de 2005, qui lui avait per­mis de battre Acacuso en huitièmes, Canas en quarts et enfin Davyden­ko en demi-finales. Sa carrière au plus haut niveau s’est ter­minée en cette saison 2005, où il par­vient tout de même à jouer le Mast­ers.

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L’aboutis­se­ment de leur carrière

Nous al­lons con­clure ce panorama par quat­re joueurs qui ont tous at­teint un très bon niveau, ont longtemps fait par­tie des meub­les parmi les dix pre­mi­ers mon­diaux, mais qui n’ont eu qu’une seule oc­cas­ion de gagn­er un tour­noi du Grand chelem… et l’ont manquée.

  • Al­ber­to Be­rasategui, Es­pagnol, fin­alis­te à Roland-Garros en 1994

Be­rasategui est vrai­ment l’homme d’une seule sur­face, la terre bat­tue. Ses 14 tit­res et ses 9 fin­ales de tour­nois ATP l’ont tous été sur terre bat­tue. Doté du re­v­ers à la fois le plus hideux et le plus extra­or­dinaire de l’his­toire du ten­nis (il tapait son re­v­ers avec la même face de la raquet­te que son coup droit grâce à (ou à cause de) une prise de coup droit ultra fermée !), Be­rasategui n’avait que deux armes dans son jeu : son énorme coup droit et des jam­bes. Malgré un ten­nis hyper limité, il par­vient en fin­ale à Roland-Garros en 1994 grâce à un tab­leau favor­able (Frana blessé en huitièmes, Ivanisevic en quarts et Larsson en de­m­ies) et posera de gros problèmes à Sergi Bruguera en fin­ale, dans ce qui re­stera comme l’une des fin­ales les plus hideuses de l’his­toire entre deux bûcherons ahanant comme des bœufs et dont le pal­marès en de­hors de l’ocre tient sur un tic­ket de métro.

  • Mar­celo Rios, Chili­en, fin­alis­te à l’Open d’Australie en 1998

On a be­aucoup écrit sur Rios, seul n°1 mon­di­al à n’avoir gagné aucun tour­noi du Grand chelem. Très bon sur terre bat­tue et sur ci­ment, Rios démarre une année 1998 ex­cep­tion­nelle (trois Mast­ers Se­ries gagnés notam­ment, ainsi que la Coupe du Grand Chelem, en bat­tant Agas­si en fin­ale) par une fin­ale à l’Open d’Australie, sa première en Grand chelem… ainsi que la dernière. Le Chili­en, qui s’est défait d’Escudé en demi-finales, affron­te l’improb­able Korda en fin­ale, qui a bénéficié de la défaite sur­prenan­te de Sampras con­tre Kucera en quarts de fin­ale. Rios se fait cor­rig­er en trois petits sets par un Korda sur­volté… et qui sera sus­pen­du pour dopage quel­ques mois plus tard. Qu’un Rios peu ex­péri­menté et ultra stressé perde sa première gran­de fin­ale con­tre un Korda sur­volté et qui avait déjà joué (et perdu) une fin­ale de Grand chelem à Roland-Garros con­tre Co­uri­er en 1992, pour­quoi pas ? Mais qu’il n’at­teig­ne plus jamais la fin­ale d’un tour­noi du Grand chelem, au re­gard de son talent et du vide re­latif, en terme de con­curr­ence, à cette époque où Sampras com­m­ence son déclin et où aucun joueur ne se démar­que vrai­ment… Miné par de nombreuses bles­sures, Rios ne con­fir­mera jamais et s’arrêtera dès 2004. Il re­stera comme l’un des plus grands talents gâchés de l’His­toire. Marat Safin, bien placé pour savoir de quoi il parle en terme de talent gâché (mais lui a re­mporté deux Grands chelems), es­timera que Rios avait le talent pour gagn­er dix tour­nois majeurs… Mais le talent seul ne suf­fit pas.

  • Thomas En­qv­ist, Suédois, fin­alis­te à l’Open d’Australie en 1999

Le niveau de cet Open d’Australie 1999 a de quoi faire frémir : le grand favori, Mar­celo Rios, est for­fait au de­rni­er mo­ment, tout comme Pete Sampras. Alex Cor­ret­ja est tête de série numéro 2, Karol Kucera n°7 et le grand Greg Rusedski n°8. Pas éton­nant que cette édi­tion voit s’affront­er en fin­ale la tête de série n°10, Ev­gueni Kafel­nikov, et Thomas En­qv­ist, sol­ide joueur ayant réalisé une carrière honnête (et battu plusieurs fois Agas­si), mais qui n’a jamais réussi en Grand chelem, et qui aura bénéficié d’un tab­leau très faib­le pour at­teindre la fin­ale, bat­tant notam­ment Nicolas Lapen­ti en demi-finales. Les deux fin­alis­tes, pro­totypes des cog­neurs de fond de court, pro­duisent une fin­ale sans grand intérêt qui voit Kafel­nikov saisir l’oc­cas­ion de re­mport­er son deuxième Grand Chelem, après Roland-Garros en 1996. Au final, pas grand-monde ne se souviendra d’Enqv­ist, qui, hor­mis sa puis­sance, ne possède pas un coup par­ticuli­er lui per­met­tant de se dis­tin­gu­er.

Parmi les aut­res pili­ers du Top 10 qui fin­iront par at­teindre un jour une fin­ale de Grand chelem, on peut aussi citer Brian Gottfried, Américain, qui a su saisir sa chan­ce pour at­teindre la fin­ale de Roland-Garros en 1977, année du boycott du tour­noi par Con­nors et Borg. En leur ab­s­ence, Guil­lermo Vilas se promène et gagne son seul French Open en écrasant le mal­heureux Gottfried, ne lui lais­sant que trois jeux en fin­ale (6/0 6/3 6/0).

Greg Rusedski, US Open 1997On n’oub­liera pas non plus l’idole de feu Sportvox, l’inénarr­able Greg Rusedski, Canadi­en, puis Britan­nique qui, malgré sa tech­nique frus­te, par­viendra à s’incrust­er durab­le­ment dans le Top 10 et à at­teindre la fin­ale de l’US Open en 1997, bénéficiant d’un tab­leau en car­ton (vic­toires con­tre Vacek, Krajicek et Bjorkman, pour échou­er en fin­ale con­tre Pat Raft­er).

On verra par la suite si David Ferr­er (fin­alis­te à Roland-Garros en 2013), Tomas Be­rdych (fin­alis­te à Wimbledon en 2010 en sor­tant Feder­er et Djokovic), Jo-Wilfried Tson­ga (fin­alis­te à l’Open d’Australie 2008 en sor­tant Mur­ray et Nadal), aut­res fin­alis­tes uni­ques à l’heure ac­tuel­le, pili­ers du Top 10 de­puis plusieurs années, en­trent dans cette catégorie ou s’ils par­viendront à re­tourn­er un jour en fin­ale d’un Majeur… voire à gagn­er cette fin­ale. Au vu du nombre de demi-finales qu’ils ont jouées au cours des dernières années, cela reste pos­sible. En re­vanche, ils par­tent tous les trois avec le han­dicap de jouer à l’époque des Feder­er, Nadal, Djokovic et Mur­ray… et de Waw­rinka désor­mais, ce qui rend l’ob­jectif très com­pliqué à at­teindre.

Est-ce que ces trois champ­ions mériteraient ou auraient mérité de gagn­er au moins une fois un tour­noi du Grand chelem ? Ce sera l’objet d’un autre ar­ticle, où l’on croisera cer­taine­ment l’un des doub­les fin­alis­tes mal­chan­ceux, comme les Curr­en, Mecir, Mar­tin, Pioline, Philip­pous­sis, Cor­ret­ja, Soderl­ing…

On y croisera aussi cer­taine­ment deux joueurs qui sont par­venus, une seule fois dans leur vie, à at­teindre la fin­ale d’un tour­noi du Grand chelem, et qui étaient cap­ables de battre n’im­porte qui dans un bon jour : j’ai nommé Henri Lecon­te, Français, fin­alis­te à Roland-Garros 1988 et battu par Mats Wiland­er, et David Nal­bandian, fin­alis­te à Wimbledon en 2002, en tout début de carrière, battu par Leyton Hewitt. Tous les deux avaient le talent ten­nistique pour gagn­er un ou plusieurs tour­nois du Grand chelem. Tous les deux ont battu les meil­leurs sur un for­mat deux sets gag­nants. Tous les deux ne sont pas par­venus à se doter ni de la con­di­tion physique néces­saire pour être con­stant au plus haut niveau, ni d’un ment­al de champ­ion. Mérite-t-on de gagn­er un Grand Chelem sur son talent pur ? That is the ques­tion !

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268 Responses to Les finalistes uniques en Grand chelem

  1. Patricia 15 mai 2014 at 12:47

    J’adore cet article et son principe ! Et bizarrement, alors que je ne suivais le tennis que de très loin à cet époque, j’ai vu pas mal de ces joueurs (et comme le travers honni par Coach K, j’avais généralement un instinct très sûr pour regarder leur match plutôt que celui de leur adversaire plus capé). Tout plein de petites madeleines !

    - Pernfors/Lendl : j’y étais ! (devant le poste) ; à fond pour le petit bonhomme tout fluet aux guibolles rapides, je me souviens de ma détestation du vampire en face, qui était absolument haineux du soutien reçu par son adversaire (je le comprends rétrospectivement)! C’était en noir et blanc (mon père babysittait la vieille télé d’une copine et on devait régulièrement lui mettre des claques), on aurait dit Nosferatu. Et surtout, je ne sais pas s’il y avait un temps limite pour servir, mais le chrono interne de l’enfance faisant des secondes bcp plus longues, les 25 rebonds effectués par le Tchèque à chaque service me semblaient une chamade provocatrice et funèbre du plus néfaste effet…. Les tant décriés nadal et Djoko sont très loin de m’avoir fait vivre aussi lancinant atermoiement.

    -Verkerk : vu ! Et la bouche, c’est inoubliable ! J’étais à fond pour Ferrero, par contre, de toutes façons, les gros services, c’était pas mon truc… Sauf…

    - …Medvedev ! Là encore je débarque et me prend de passion pour ce mec au short à carreaux improbable, super touchant avec sa fiancée Huber (les commentateurs arrêtaient pas d’en parler, de vraies midinettes), qui faisait un come-back aussi sensationnel que son adversaire (un type douteux pour lequel le public semblait inexplicablement prendre fait et cause). Un gentleman qui fessait à coup d’aces et de parpaings winners le Kid repenti, jusqu’au tournant inexplicable. Il s’est fait plaquer en plus, après la finale… ça a dû contribuer à la déprime.
    Simultanément, Agassi rencontrait Steffi… Deux destins très croisés.

    - Magnus Norman : vu la demi contre Squillari, fabuleuse (il déclara avoir réalisé « le match parfait ») et outrée qu’en finale, ce mec inconnu de moi mais déjà pluri détenteur du biscuit de RG ait la prétention de remettre le couvert, l’égoïste, et incompréhensiblement soutenu par la foule là encore. Norman avait nettement moins bien joué qu’en demi, et j’ai lu récemment que le souvenir de ses chocottes en finale lui avait vraiment indiqué le type de conseils dont pouvait avoir besoin un joueur qui se pointe à ce stade pour la première fois de sa vie….

    - Schüttler : j’étais pas fan, mais bon, dans le genre bon en retour, régulier… il jouait quand même pas mal cette année-là. Et Agassi, le fourbe qui avait privé le gentil Medvedev de sa rédemption, j’étais contre par principe.

    - Coria : j’adorais ce joueur et sa destruction post-finale fait autant peine à voir que celle de Medvedev. Incapable de servir, pire que Dementieva dont la double faute n’était qu’un charme supplémentaire, il vécut le chemin de croix de l’impuissance sur sa mise en jeu – alors qu’il est un des rares à avoir été capable de chercher Big Rafa sur son terrain de jeu. Il était détesté pour son caractère douteux, ainsi que pour son contrôle positif alors qu’il émergeait sur le circuit… depuis, le directeur du programme anti dopage de l’époque a reconnu que les tests à la nandrolone faits à l’époque (qui ont causé un autre scandale et pour lequel l’ITF avait perdu le procès en appel au TAS), n’étaient peut être pas équitables : il est revenu sur la validité des tests qu’il avait défendu au finish, des études ayant prouvé que les normes étaient inadaptées et généraient des tonnes de faux positifs… Tout comme Gasquet, Coria était devenu phobique suite à cette histoire, ouvrant lui même bouteilles et nourriture emballées. Un premier remontage de pente, un second, et le clap de fin pour le joueur au déplacement félin, pape de l’amortie subtile et létale.

  2. Skvorecky 15 mai 2014 at 13:33

    Bien joué! C’est le genre d’article qu’on avait envie de lire après celui de Guillaume. Je me sens plutôt en accord avec ta typologie.

    J’aurais bien mis Ferrer dans le lot des tableaux en bois (son parcours à RG 2013, c’est de l’Open d’Australie pré-83), mais il s’agit quand même d’un top 8 voire top 5 très régulier, donc ce serait un peu méchant. Et puis sa carrière n’est pas finie.

    Ce texte m’a rappelé Medvedev; comme j’adorais ce joueur! Mon rêve en 94 était de le voir soulever la Coupe des Mousquetaires. Ses coups de fond de court étaient superbes et tranchants, un festival de coups gagnants quand il était en feu. J’avais enregistré sa finale de MC 94 et me l’était souvent rematée. Quelle déception par la suite.
    En 99 par contre je suivais déjà beaucoup moins le tennis, mais la finale était vraiment terrible car à l’instar de Patricia (et de Marc aussi visiblement!) je n’aimais pas du tout Agassi, n’ayant d’ailleurs jamais compris les raisons de cet engouement du public pour un mec dont le principal mérite avait longtemps été de porter des fringues un peu originales.

    Les spectateurs sont des boeufs.

    J’ai gardé cette aversion pour les appréciations ad hominem et en l’occurrence archi-superficielles. Quand j’y pense, le phénomène Agassi la star m’a beaucouo influencé négativement.

    Berasategui m’avait bien fait ch… en sortant Pioline, mais ensuite je l’avais supporté en finale, son coup droit venu d’ailleurs lui offrait des angles ahurissants (en frappant depuis le centre du court, il faisait retomber la balle dans le carré de service avec un effet extérieur dingue). Du jamais vu. Une sorte d’effet de ping-pong.
    Par contre la finale était bien pourrie, en effet.
    Maintenant il commente des matchs à la télé espagnole assez platement, et bosse pour le Master de Madrid. RAS.

    • Geô 15 mai 2014 at 17:34

      Alberto a surtout rencontré un certain Geô, dix ans après sa finale, dix avant aujourd’hui. Saint-Sébastien, Pays Basque espagnol, printemps 2004, tard le soir (ou tôt le matin c’est selon). Discothèque La Rotonda qui donne sur la plage de La Concha, jolie le jour, magnifique dans les lueurs de la nuit. Nous festoyons avec des potes quand tout à coup mon regard se pose sur un petit bonhomme. « Hé ! Mais c’est Berasategui, les gars ! » « Non, je crois pas. » « Heu, t’es sûr ? » « Attendez, je vais voir. » (La suite est narrée en fragnol pour le confort visuel des lecteurs).

      -Tu es Alberto Berasategui ? (Oui, on se tutoie dans la langue de Rafa.)

      -Oui, et toiii, tou èss quiii ?

      -Geô, je me réjouis de te rencontrer. Je me souviens de toi quand tu es arrivé en finale de Roland Garros, tu étais phénoménal.

      -Ouiii, et toiii, tou youuues ?

      -Heu non, je me remettrai à jouer dans quelques années et aussi j’écrirai des articles sur Sportvox. Et toi, Alberto, tu pratiques toujours ? Tu entraînes ?

      - Nooon, pourrr lé momeeent, ça né mé fait passs enviiie. Et toiii, tou youuues ?

      -Heu non, je travaille. J’ai cessé de jouer il y a un moment déjà.

      -Aaah, trrrèsss bieeen. Et toiii, tou youuues ?

      -Heu non. Alors, dis-moi, à quoi te consacres-tu désormais ?

      -Eeeh, yé travaill’ dansss lé sectèèèrrr immobilieeerrr. Yé doisss laisseeerrr lé tennis dé côtééé pendaaant quelqué teeemps, mais yé réviendraaai, yé souposs’. Et toiii, tou youuues ?

      C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’Alberto était complètement déchiré.

      • Skvorecky 15 mai 2014 at 18:27

        Énorme!!

        Ah ces fêtes espagnoles qui durent jusqu’au petit matin…

      • MarieJo 16 mai 2014 at 11:44

        génial ! vaya colocon ;-)

  3. Montagne 15 mai 2014 at 13:45

    Juste survolé les titres, je lirai plus tard.
    Mais dans la série « aboutissement de leur carrière », tu as oublié Noah !!

    • Skvorecky 15 mai 2014 at 13:58

      Eh oh, on parle des finalistes, des perdants, quoi, pas des vainqueurs!

      • Montagne 15 mai 2014 at 18:14

        Finaliste unique ça veut dire en français « qui n’a joué qu’une seule finale », c’est le cas de Noah me semble-t-il !!

        • Skvorecky 15 mai 2014 at 18:22

          C’est sous-entendu!

          D’ailleurs, pour chipoter, le terme finaliste pouvait s’appliquer à Noah avant la finale, ainsi qu’à Wilander. Mais après, il n’y a plus qu’un finaliste et un vainqueur.

          Au RYSC, quand tu même « Finale » comme prono pour un joueur qui remporte le tournoi, tu réclames un point? :mrgreen:

          • Skvorecky 15 mai 2014 at 18:22

            *mets (et non pas même), pardon

        • Montagne 15 mai 2014 at 18:23

          Bien sûr, je suis de mauvaise foi.

    • Remy 15 mai 2014 at 14:12

      ça c’était l’article de Guillaume

  4. William 15 mai 2014 at 16:54

    Merci beaucoup Marc !

    Je me rends compte qu’il serait grand temps pour moi de me refaire une grosse session Youtube parce que j’ai des lacunes en ce qui concerne quelques joueurs que tu cites. Bon, évidemment, Coria, Norman, Rios et compagnie, ça va, ce sont des joueurs que j’adore en plus, mais mais mais… Pernfors par exemple, je ne le reconnaîtrais même pas en photo !

    Pas beaucoup à ajouter à ce que tu dis dans l’article, la dernière marche à franchir se révèle souvent être la plus difficile. L’exemple le plus récent me semble être Soderling en 2009, qui dézingue tout sur son passage à Roland avant de faire un match médiocre en finale. Des Baghdatis ou des Gonzalez s’en sont mieux tirés, même s’ils n’ont atteint l’ultime marche qu’une seule fois chacun, à la différence du Suédois…

  5. Guillaume 15 mai 2014 at 23:50

    Verkerk c’est quand même le lascar le plus improbable de la brochette. D’abord parce qu’avec son jeu, il était taillé pour briller partout… ailleurs que sur terre. Un grand service, des tatanes de coup droit, un revers à une main, des montées au filet au pur bluff. Une sorte de Marc Rosset sous amphèts. Et le mec élimine les doigts dans le nez un homme en forme de l’année (Rainer Schüttler, quoi qu’en dise 5e mondial en fin d’année, finaliste en Australie en janvier et demi-finaliste du Masters en novembre) et deux cadors de la terre, deux candidats sérieux au titre, Carlos Moya et Guillermo Coria. Et puisqu’il a commencé à édifier une légende, il fait les choses dans les règles de l’art / du lard et disparaît rapidement derrière.

    Coria, rétrospectivement, c’est un crève-coeur. Sale tête de con mais quel tennis de terrien. M’aurait finalement bien plu qu’il gagne un Roland. Tiens, au hasard, 2005.

    Quand on y regarde de près, finalement, Marcos Baghdatis aura été une sacrée comète. Une super année 2006 et puis s’en va. Son bon match annuel à Melbourne devant la diaspora grecque, et rendez-vous l’année prochaine. Gâchis.

    A l’opposé, Arnaud Clément suscitera toujours chez moi énormément d’admiration. Le mec qui a été tout au bout de son potentiel. Lui, s’il a gagné 316 matchs dans sa carrière, c’est qu’il n’avait pas de 317e dans la raquette. Niveau talent comme niveau physique c’était limité, mais question grinta ça joue Top 10… On se paluche souvent devant le mental de mecs comme Connors ou Nadal mais j’ai toujours trouvé que ce n’était pas si difficile d’être fort dans ta tête quand tu sais que tu as dans ton tennis et/ou ton physique tout ce qu’il faut pour renverser des montagnes. Alors que des types comme Hewitt ou Clément… Total respect. Pour être précis, la période faste de l’ami Nono, c’est mi-2000 – début 2001. En quelques mois, il enchaîne 1/2 à Cincinnati (bat Ferrero et Kafel), 1/4 à l’US Open (sort le n°1 mondial Agassi), titre à Lyon (bat Rafter en finale) et finale en Australie (bat Kafel). Et derrière il y a sa contribution à la victoire en Davis en 2001. Je reste d’ailleurs convaincu que s’il n’est pas blessé pour la finale de Bercy en 2002, la France sable sa 2e Davis en 2 ans.

  6. Colin 16 mai 2014 at 00:24

    Super article qui se lit avec plaisir. Je suis d’accord quasiment avec tout…

    Quelques petits détails cependant.
    - Enqvist est aux one-finalistes ce que Thomas Johansson est aux one-vainqueurs. Il a juste eu la malchance de tomber en finale contre un Kafelnikov concentré, quand son compatriote est tombé trois ans plus tard sur un Safin décalqué. Par contre il a quand même 3 Masters Series à son palmarès (soit un de moins que Medvedev, mais un de plus que Coria). Et pis deux coupes Davis. Il s’en sort donc pas mal niveau palmarès.
    - Clément n’a pas vraiment « gagné la coupe Davis sur le gazon de Melbourne park ». Disons que Forget, en capitaine classieux, a fait de lui le remplaçant (ou « 5ème homme ») le plus impliqué de l’histoire des vainqueurs de la CD, en lui permettant d’être sur la photo aux côtés des 4 titulaires. C’était tout à fait mérité car La Clé avait apporté 3 points à l’équipe de France lors de la campagne 2001, 1 en huitièmes, 1 en quarts, 1 en demie.

    Tiens d’ailleurs je sais pas si quelqu’un l’a déjà fait remarquer, mais je viens juste de réaliser qu’en ce moment le sélectionneur de l’équipe de France de Tennis c’est LA CLE et celui de l’équipe de France de football c’est DESCHAMPS. Amazing !

    • Colin 16 mai 2014 at 00:28

      C’est juste dommage que le sélectionneur de l’équipe de France de rugby s’appelle Saint-André et pas Saint-Pierre

  7. Persée 16 mai 2014 at 03:56

    Encore un excellent article qui permet de se souvenir du tennis d’avant.
    J’ai une affection très forte pour la période car j’étais encore môme. Ma première interaction avec le tennis pro est confuse mais la première fois que j’ai vu les pros pour de vrai, c’était RG 1999.

    Nous y étions allé en famille avec mes parents et mes trois soeurs le samedi de la première semaine. Lever à 7h du mat un samedi depuis la charmante ville du Pecq sur les coteaux de la forêt de Saint-Germain, sandwiche préparés la veille, réserve d’eau et des bobs perrier, nous étions parés!

    C’est à cette occasion que je put découvrir les pros, en photos, en image et en terme de jeu grâce au Roland-Garros Magazine. A l’époque, c’était 250 pages dont bien 100 consacrés à la moitié des joueurs de simple. Il y avait la photo, le palmarés, le type de jeu et un article pour chacun établissant leurs chances, exploit passés, image et popularité.

    Par exemple, Federer avait déjà un tier de page et le descriptif était dithyrambique: le plus grand talent mais un caractère de con. Assurément un joueur à suivre.

    Kuerten avait une photo en train de faire un coup droit à l’arrache en tirant un moue immonde, et le commentaire de 15 lignes disait en substance, gros coup de chance en 1997 mais à priori il ne rééditera pas l’exploit etc…

    Nous avions des places sur le court Central (pas encore Philippe Chartrier) et un super programme. Lors de ces 8èmes de finales, nous avons vu Safin contre Hrbaty, Agassi battre en 4 sets le tenant du titre Moya. Chez les femmes, le clou du spectacle fut le match Graf-Kournikova: 6-3, 7-6 pour le nez!

    Avec le recul, le phénomène Kournikova était absolument hors-norme, d’une dimension bien supérieure à Sharapova. Quand on revoit les images d’époques, je suis un peu mal à l’aise de me souvenir que cette nana fit tant jaser, car elle était vraiment infantile physiquement (elle faisait 14 ans à l’époque et sa célébrité a commencé à cette âge-là).

    Parmi les joueurs mentionnés dans l’article, je me souviens avoir été le seul pro-Medvedev dans la famille ce jour-là. Je n’ai jamais aimé Agassi, dont le jeu m’ennuyait et dont le charisme m’était incompréhensible. Il était dès le début un boulet qui transpirait le mal-être et l’inculture à mes yeux. Mon père n’était pas de cet avis et on avait des discussions animées!

    Magnus Norman, j’ai absolument adoré son coup droit et je trouvais qu’il avait eu des couilles bien pleines lors de sa finale, notamment lors de son jeu de service de 20 min et lors de la première balle de match sauvé par un coup droit décroisé similaire à celui de Fed contre Haas en 1/8ème en 2009. La tergiversation de l’arbitre, les ralentis de la télés, le public fébrile et finalement le match qui repart pour 1h, c’était une montagne russe d’émotion.

    1999-2002 est la période où j’ai bâti l’essentiel de ma culture tennistique car j’eu l’occasion de voir le plus de match à RG. C’était mes idoles.

  8. Remy 16 mai 2014 at 10:46

    Rainer Schüttler, le mec a réussi à être 5ème mondial avec un palmarès famélique.
    Je ne me souviens même pas à quoi il ressemblait dans le jeu.
    Un no-name qui n’a que rarement dépassé le premier tour en GC et pourtant il sort une finale à l’AO et une 1/2 à Wim.
    Pareil en M1000, il sort d’entrée la grande majorité du temps à part en 2003.

    Ce type est un mystère.

    Verkerk, je m’en souviens très bien.
    Lui c’est encore pire. Il ne s’est qualifié que pour peu de GC, n’a rien fait en M1000. En 2003, il a sorti tous les gros à coups de service de dingue.
    Un ovni le mec.
    C’était il a seulement 10 ans, mais on a l’impression que ce genre de performance est devenu totalement impossible maintenant tant les quelques meilleurs survolent le circuit.
    Qu’est-ce qu’on donnerait aujourd’hui pour voir des surprises à RG alors que ce tournoi a toujours été le lieu des surprises …

    • Guillaume 16 mai 2014 at 11:13

      Schüttler c’est le cas typique du mec qui surfe sur la vague de la confiance et réussit une année de fou. Je me souviens que c’était un stakhanoviste de la préparation physique, un joueur toujours parmi les premiers à se distinguer lors de la tournée australe (il compte pas mal de finales dans les tournois préparatoires à l’OZ). L’Australian 2003 est sa chance : comme le fait remarquer Marc, il cueille les uns après les autres des adversaires exténués, le must étant Roddick tant Andy faisait flipper à cette époque-là. Et même s’il se fait ratatiner par Agassi en finale, la confiance née de cette quinzaine en GC va lui permettre de flamber un an durant.

      Derrière cette finale en Australie, il joue les huitièmes des trois autres Chelems de l’année. Je n’ai pas le courage de chercher, mais à mon avis ils ne sont pas nombreux à avoir atteint la deuxième semaine des 4 GC cette année-là (pas Federer, pas Roddick, pas Hewitt, pas Moya, pas Coria… A mon avis ça ne va pas plus loin qu’Agassi, Ferrero et donc Rainer). Et en M1000 c’est une bête à gagner : demi-finale à Indian Wells, demi-finale à Montréal, demi-finale à Cincinnati. Et, last but not least, demi-finale au Masters en conclusion. Il n’y a qu’en titres où c’est plus maigre : Tokyo et Lyon.

      Dès janvier suivant, passé au travers de la défense de ses points à l’Open d’Australie (éjecté au premier tour par un nobody du nom de Robin Soderling), il retombe de son nuage. Sa finale à Monte-Carlo a même tout d’un trompe-l’oeil tant elle est la seule « perf » marquante de sa saison (et quelle perf : il y bat Kuerten, Hewitt, Henman et Moya, avant de se faire ridiculiser par Coria). Mais il est déjà rentré dans le rang et redevient tout simplement le joueur lambda qu’il était auparavant.

      C’est l’exemple parfait du gars qui a « surjoué » pendant une période donnée, mais il n’est en aucun cas une exception : il y a toujours eu des types présentant ce type de profil. Un an tout juste avant Schuttler, c’était Jeri Novak. Plus tôt encore, Jonas Bjorkman, monté 4e après une année 1997 du feu de dieu. Et Berasategui encore avant : en 94, non seulement il fait finale à Roland, mais il gagne 7 tournois au total, 50% de son total finale en carrière ! Plus récemment, monté un peu moins haut mais un peu plus longtemps (environ deux saisons), Tipsarevic. Même notre bon vieux Greg Rusedski correspond assez à ce profil du joueur qui prend feu en milieu de carrière et livre deux saisons nettement au-dessus de ses standards en carrière (1997-1998) pour lui. Ils se révèlent tard, ils flambent un an ou deux, et ils retombent à leur niveau standard.

      • Guillaume 16 mai 2014 at 11:17

        Tiens, il y a le père Ljubicic qui correspond aussi très bien à la définition, avec une envolée spectaculaire entre fin 2005 et mi-2006, où il aligne pas mal de petits tournois, et surtout finales à Madrid MS, Bercy MS, 1/4 à l’Open d’Australie, finale à Miami MS, demie à Roland. Et puis il se calme aussi vite qu’il a pris feu. Bon lui par contre il a réussi à chiper son M1000 final 4 ans plus tard à Indian Wells.

      • Colin 16 mai 2014 at 21:17

        Ljubicic a gagné aussi une Coupe Davis unique dans les annales, où il rapporte 9 points sur 12 à son équipe (du jamais vu)

  9. Antoine 16 mai 2014 at 17:08

    Super article. Bravo !

    je pense que Fernando Gonzalez mérite davantage d’être dans la première catégorie que dans la seconde.

    Il n’y a que trois lignes sur Victor Pecci, finaliste à Roland en 79 qui mentionnent justement le fait qu’il ait battu Solomon (6), Vilas (3) et Connors (2) mais il dit ensuite qu’il « possédait un très beau jeu d’attaquant du fond de court à la Adriano Panatta ». La comparaison est bonne mais Victor Pecci montait derrière son excellent service, ce que faisait plus rarement Panatta.

    Ce tournoi fut de loin son meilleur tournoi et il a vécu dessus pendant un bon moment après. Par ailleurs, il portait un petit diamant à l’oreille qui a fait pas mal pour sa popularité. Un grand play boy, aussi fêtard sinon plus que Gérulaitis, et dont Noah était un peu jaloux.

    Je me souviens très bien de Penfors qui était lui franchement inexistant. Enfin, Lewis et Washington n’étaient pas mal dans le genre non plus.

    Gottfried était bien meilleur et a longtemps fait partie des très bons. En 77, il atteint donc la finale de Roland pour se faire étriller par Vilas. En quarts, il avait battu Nastase, alors TS1 au terme du plus beau match du tournoi, en cinq sets bien sur.

    Je trouve le jugement un peu injuste sur Beratasegui et surtout sur Bruguera qui était très loin d’être un bourrin. Ce dernier n’a pas vraiment eu de mal à gagner: Barasatégui a gagné le troisième set après avoir perdu les deux premiers et ce fut tout. Bruguera en 93-94 était de loin le meilleur sur terre battue et avait vraiment le niveau de jeu. Le genre de type dont j’aurais bien aimé voir ce qu’il aurait donné contre Nadal…

  10. Kristian 16 mai 2014 at 18:22

    « Moi aussi j’aurais pu rencontrer Chris Lewis en finale de Wimbledon ». Ivan Lendl.

    • Colin 16 mai 2014 at 21:23

      Tiens tiens, Beggar’s back ! J’aurais plutôt parié sur cet article pour te faire sortir du bois:
      http://www.15-lovetennis.com/?p=18714

    • Antoine 19 mai 2014 at 13:33

      Excellent !!!

  11. Elmar 17 mai 2014 at 20:18

    Bon, à la demande de Guillaume, je viens polluer l’article de Marc, que je n’ai pas encore pris le temps de lire…

    Ca commence fort pour Nadal.

    • Elmar 17 mai 2014 at 20:24

      8 points à 1. Nadal en patron sur le court… Ca risque de tourner court.

  12. Patricia 17 mai 2014 at 20:26

    Pas vu que c’était commencé, j’étais en train de dire sur l’autre fil à Mc que je voyais Nadal gagner contre Dimitrov, et pas perdu d’avance contre Djoko… voyons cela !

  13. Patricia 17 mai 2014 at 20:34

    C’est marrant, je pensais que Nadal essaierait de jouer très offensif pour ne pas perdre trop de temps sur le court, on dirait qu’il essaie de le prendre comme Federer… Eh, c’est pas le même en revers, t’as oublié ?

  14. Patricia 17 mai 2014 at 20:37

    Super, le ptit jeune ! Il a l’air en forme, ça va être un joli match!

  15. Patricia 17 mai 2014 at 20:43

    Nadal joue bien d’emblée, aujourd’hui. Dimitrov va en baver.

  16. Kaelin 17 mai 2014 at 20:44

    Marc je commentais sur l’autre article car je n’aime pas commenter en dessous lorsque je ne l’ai pas encore lu. Je le lis bientôt et te dirai ce que j’en pense ! Merci en tout cas.

    Maintenant, le Dimitrov – Nadal ^^.

    • Kaelin 17 mai 2014 at 20:46

      bon j’arrive et ça fait déjà 5-2 … allez Grigor !

  17. Patricia 17 mai 2014 at 20:45

    En en effet, double break.

  18. Elmar 17 mai 2014 at 20:46

    Grigor fait beaucoup trop de fautes, et ce sans être tranchant. 5-2 double break. Va falloir qu’il montre autre chose s’il espère régater. Mais je pense plutôt que ce sera fini dans 35 minutes.

  19. Kaelin 17 mai 2014 at 20:48

    ah putain de coup droit court croisé de Nadal, je le déteste, je le déteste !

  20. Patricia 17 mai 2014 at 20:50

    Match plus agréable côté Rafa, qui est passé à un style nettement moins laboureur maintenant qu’il est en confiance.

  21. Elmar 17 mai 2014 at 20:50

    Dimitrov retourne mal, ne sert pas très bien et est inoffensif à l’échange. Bref, la marge de Nadal est immense.

  22. Kaelin 17 mai 2014 at 20:50

    set Rafa

  23. Patricia 17 mai 2014 at 20:51

    En tous cas, l’objectif de jouer moins longtemps ce soir semble bien parti : 1er set plié en 30 minutes…

  24. Patricia 17 mai 2014 at 20:52

    En plus, le coup droit de Nadal part très bien aujourd’hui, Dimitrov s’en prend plein la tronche, c’est pour ça qu’il a baissé.

    • Elmar 17 mai 2014 at 20:56

      Baissé? Il a jamais été bon. Il a démarré le match par 4 fautes directes sur son premier jeu de service. Break blanc d’entrée.

      • Patricia 17 mai 2014 at 21:09

        Pas vu le premier jeu, mais ses deux jeux de service suivants avaient de bonnes choses.

  25. Kaelin 17 mai 2014 at 20:53

    ya des 15lovers qui vont à RG cette année ? perso je ne pourrais malheureusement pas cette année

  26. Elmar 17 mai 2014 at 20:55

    Le commentateur que je suis fait une remarque tout à fait judicieuse sur Dimitrov, c’est qu’il ne coupe jamais les trajectoires de balles.

    Comme à l’image de ces deux derniers points d’ailleurs.

  27. Kaelin 17 mai 2014 at 20:55

    c’est moi ou Rasheed prend du muscle et du bronzage chaque année ? je pensais déjà qu’il avait atteint un niveau maximum pourtant

  28. Kaelin 17 mai 2014 at 20:56

    Il joue mal le Grigor, très mal …

  29. Elmar 17 mai 2014 at 20:57

    Dimitrov ne sait pas ce qu’il doit faire sur le terrain. C’est très facile pour Nadal qui n’a vraiment pas besoin de forcer.

  30. Patricia 17 mai 2014 at 20:59

    Nadal joue très long et a décidé de faire des gammes sur le revers…

  31. Kaelin 17 mai 2014 at 20:59

    j’ai l’impression qu’il ahane de plus en plus Nadal, il l’a toujours fait autant ? je regarde pas tant de matches que ça de lui du coup j’ai un doute ^^

    • Patricia 17 mai 2014 at 21:07

      Oh non, des fois c’est nettement, nettement pire !

      • Kaelin 17 mai 2014 at 21:23

        mon Dieu! dios mio! aaaaaaaeuuuuuuuuh aeeuuuuuuuuuuh aaaaaaaawww !

  32. Kaelin 17 mai 2014 at 21:04

    monstruous forehand form Grigor !!!! pour sauver la balle de 2-0

  33. Kaelin 17 mai 2014 at 21:05

    Dimitrov alterne les effets avec son revers mais ça ne suffit pas et il fait trop de fautes avec

    • Kaelin 17 mai 2014 at 21:06

      2-0 Nadal … il joue très bien. Dimitrov a eu 2 BB

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