Adriano Panatta, ou le plus grand joueur de tennis italien avec Nicola Pietrangeli. Allergique à l’effort, le bel Adriano avait un très beau jeu d’attaquant, alliant puissance et toucher, dont la surface de prédilection était la terre battue. Seul homme à avoir battu Borg à Roland Garros, Panatta obtiendra la consécration en 1976 : il remporta Rome, Roland-Garros et la coupe Davis et atteindra son meilleur classement, une 4e place mondiale. Bref retour sur quelques moments saillants de la carrière de ce champion d’exception tels qu’il les raconte dans son livre Più dritti che rovesci (Plus de coup droits que de revers).
Les débuts :
Bien que fils du concierge du Tennis Club du Parioli, c’est par hasard que je me mets à jouer au tennis. Je voulais m’inscrire à la natation mais, faute de places disponibles, mon père m’a inscrit au tennis. Cela m’a donné la possibilité d’échanger tout jeune quelques balles avec Nicola Pietrangeli (ndlr : vainqueur de Roland-Garros en 1959 et 1960 et finaliste en 1961 et 1964) car il était membre du club. Je devais jouer mon premier Roland-Garros (chez les juniors) en 1968, mais notre fédération refusa de nous y envoyer à cause de mai 68. Ils avaient peur que nous en profitions pour faire du grabuge… Je finis par jouer mon premier grand tournoi junior à Wimbledon 1968 et atteins les demies, battu par l’Australien Alexander. Deux ans plus tard, j’obtiens enfin mon premier grand succès aux championnats italiens face à Nicola Pietrangeli, à l’époque maitre incontesté en Italie. Nous avions 17 ans de différence et Nicola savait que son temps était désormais révolu. Mais son orgueil de champion le poussait à refuser viscéralement la défaite. Il défendit sa couronne avec acharnement et ne déposa les armes qu’au bout de cinq sets serrés (premières secondes de cette vidéo youtube). Je le battis encore en finale l’année suivante et confirmai ma domination au niveau national. Je pouvais commencer mon ascension au niveau international.
L’année magique : 1976
On dit toujours que mon année de grâce se résume à la seule saison 1976, mais je tiens à rappeler que j’étais déjà huitième mondial quand fut publié le premier classement en 1973. J’avais déjà obtenu de bons résultats à Roland-Garros : les quarts en 1972 et les demies en 1973 et 1975, mais avais toujours échoué lamentablement aux Internationaux d’Italie. Et pourtant, c’est au premier tour de ce tournoi que commença l’épopée. Face à moi, l’Australien Warwick mène 5-1 au troisième set. Me voyant perdu, je me mis à lâcher mes coups afin d’en finir le plus vite possible et m’échapper dans les vestiaires. Incroyablement, tous ces points firent mouche, et je sauvai la bagatelle de 11 balles de match, dont 10 sur le service de mon adversaire ! Je me suis tout à coup senti investi d’une aura magique. Je battis Zugarelli, Franulovic, Solomon et Newcombe pour atteindre la finale face à Vilas. La veille, le responsable de l’entretien des courts vint me demander: » Adria’, comment tu veux le terrain pour la finale ? » » Il doit être rapide et ressembler à de l’herbe « lui répondis-je. Le jour de la finale, le terrain était dans les meilleures conditions possibles : la balle fusait et mes services faisaient très mal. Toujours sur mon nuage, j’ai battu Guillermo en 4 sets (2/6 7/6 6/2 7/6) pour remporter le titre.
Quelques jours plus tard, à Roland-Garros, je suis à nouveau au bord du gouffre au premier tour face à Pavel Hutka. Je sauve une balle de match grâce à un plongeon au filet avant de m’en sortir 12-10 au cinquième. La suite du tournoi est plus tranquille jusqu’à mon quart face à Borg, double tenant du titre. Je le bats en quatre sets (6/3 6/3 2/6 7/6) avant d’écraser Dibbs en demies pour disputer le titre face à un pur crocodile, Harold Solomon. Le matin de la finale, je découvre avec effroi avoir perdu mes paires de chaussures Superga ! En proie à la panique la plus totale, j’appelle désespérément à Rome pour en avoir d’autres. Ils arrivent je ne sais comment à donner une paire à un pilote de ligne assurant la liaison Rome-Paris. A mon grand soulagement, je l’ai reçue dix minutes avant le début de la finale. Il faut dire que j’étais très superstitieux : lors de ce tournoi, je me suis toujours assis à la même place, la première en entrant sur le terrain. J’ai utilisé les mêmes culottes et chaussettes lors de mes trois derniers matchs du tournoi. Je les lavais tous les soirs à l’hôtel et les étendais à la fenêtre. J’étais convaincu que sans mes slips mes forces se seraient estompées… La finale fut très disputée car Harold était un adversaire coriace. Au quatrième je mène 5-2 mais Solomon recolle. Je sais qu’en cas de cinquième set, je suis physiquement cuit. Je joue donc mon va-tout au tie-break, et finit par m’y imposer sur une volée dans le filet de Harold (6/1 6/4 4/6 7/6).
L’année termine en apothéose avec la victoire en finale de Coupe Davis face au Chili de Pinochet. Notre participation fut longtemps incertaine car nos politiciens voulaient nous obliger à renoncer en signe de protestation. Grâce au forcing effectué par Nicola Pietrangeli (ndlr : capitaine de l’équipe à l’époque) nous obtînmes enfin le droit d’aller à Santiago, où nous fûmes chaleureusement accueillis malgré les polémiques politiques. Outre notre victoire, la finale resta célèbre pour l’histoire du T-shirt. Pour le double, je décidai de m’habiller de rouge (couleur de l’opposition chilienne) et convainquis mon partenaire Paolo Bertolucci de faire de même. Paniqué, ce dernier me dit » Adria’, dans le meilleur des cas, ils nous fusillent. Dans le pire, je ne veux même pas l’imaginer « . Naturellement, tout se passa bien et nous remportâmes le match et la Coupe. Notre fédération nous demanda ensuite quel prix nous désirions. Nous avons demandé une montre Rolex avec inscrit dessus « Coupe Davis 1976 ». La fédération accepta, mais finit par nous donner un autre prix. Les Rolex coûtaient trop cher…
La relation avec Borg :
J’ai toujours aimé jouer contre Borg car son style de jeu me convenait tandis que le mien le gênait. Je l’ai non seulement battu deux fois à Roland-Garros (1973 et 1976), mais ai un bon « head-to-head » contre lui (6 victoires pour 9 défaites). Borg n’aimait pas les adversaires qui brisaient le rythme et la monotonie du jeu. Le secret consistait donc à l’agresser incessamment et à varier continuellement afin de ne pas lui donner de rythme : je lui faisais un mix de balles courtes suivies d’attaques de coup droit (enchaînement qu’il détestait particulièrement), de slices, d’amorties et de montées au filet. Outre le fait de devoir résister physiquement, le problème auquel j’étais confronté face à lui était de maintenir une concentration absolue tout le long du match car je devais l’obliger à jouer chaque balle différemment de la précédente. J’adorais aller à Roland-Garros non seulement pour le battre mais surtout pour le monter contre d’autres joueurs : en 1978, avant de quitter Paris, je suis allé le voir dans les vestiaires et lui ai dit « Eh Björn, qu’as-tu fait à ‘Barazza’ (ndlr: Corrado Barazzutti) ? Je viens de le croiser et il m’a confié être certain de t’étaler ! » « Ah bon, il t’as dit ça ? Il dit qu’il me battra facilement ? » Résultat : Corrado s’est fait laminer et ne lui a pris qu’un seul jeu en demi-finale de Roland-Garros ! Borg m’a toujours reproché de ne pas m’entraîner et de ne pas exploiter mon potentiel ; je lui ai répondu que ne l’ai pas fait car je ne voulais pas devenir comme lui qui a dû se forger une carapace pour devenir glacial. Je crois qu’on avait tous les deux raison.
Sur Lendl :
J’ai toujours éprouvé de l’antipathie pour Lendl, tandis que mon frère Claudio était très ami avec lui (ils avaient joué ensemble chez les juniors). Lendl me détestait depuis le jour où je lui mis deux 6-0 en Coupe Davis en 1979, avec deux points gagnés en servant à la cuillère (j’avoue que Lendl faisait ressortir mes instincts les plus perfides) ! Je me rappelle qu’en 1982 nous étions à Palm Desert pour un tournoi et j’étais en train de parler avec Arthur Ashe et Charlie Pasarell, quand Lendl débarque et me demande sur un ton provocateur « Panatta, tu as le classement nécessaire pour jouer la semaine prochaine à Los Angeles ? » Avant que je ne puisse répondre, Ashe intervient en disant : « Cher Lendl, ne te permets surtout pas : tu es peut-être le N°1 mondial mais tu ne fais pas encore partie du club des vainqueurs de majeurs. Donc, à chaque fois que tu t’adresses à nous autres membres du club tu dois dire Monsieur : Monsieur Panatta, Monsieur Ashe… Tu as compris? »
Toujours à propos de Lendl, je me rappelle de la confidence que me fit un jour John McEnroe à Paris: « Tu sais Adriano, de cette finale 1984 à Roland-Garros, ce n’est pas tant la victoire en soi qui me manque. Ce qui me fait le plus enrager, c’est de ne pas avoir pu attendre Lendl dans les vestiaires, le regarder droit dans les yeux et lui dire « dommage que tu n’aies toujours pas gagné de majeur mais t’inquiètes, t’es toujours n°2 mondial ».
Les regrets:
Je suis satisfait de ma carrière car j’ai gagné les trois épreuves auxquelles je tenais le plus : Rome, Roland-Garros et la Coupe Davis. Je regrette par contre de n’avoir jamais pu jouer une finale de Coupe Davis en Italie sur les quatre que j’ai disputées. Si nous avions pu jouer au Foro Italico et compter sur le soutien du public je suis certain que nous aurions aujourd’hui au moins deux Coupes Davis au palmarès. Mon autre regret aura été le tournoi de Wimbledon 1979. Malgré mon jeu d’attaquant, je n’ai jamais aimé le gazon car la surface se détériorait rapidement et je ne pouvais arriver sur les balles en glissant. En 1979, je fais finalement un excellent tournoi et me retrouve en quarts face à un obscur americano-belge, Pat DuPre. Pour la première fois de ma vie, j’ai pris un match de haut. J’étais tellement sûr de gagner que je me voyais déjà en finale croiser le fer avec Borg. Je mène un set et 4-0 dans le deuxième avant de me déconcentrer et de perdre au cinquième. C’est la plus grande déception de ma carrière.
Tags: Panatta
Les anecdotes sont vraiment excellentes ! La réflexion d’Arthur Ashe, la remarque sur la façon de jouer Borg qui rappelle d’autres matchs et d’autres joueurs et qui nous rappelle que c’est finalement toujours le même match qui se joue sous nos yeux… Et battre Borg à Roland, quelle performance ! J’aime aussi beaucoup le type qui demande à Panatta comment il désire sa terre battue pour la finale. Comme quoi, il y a toujours plusieurs façons de faire !
Merci pour ces morceaux choisis Bob, tu me dépasses largement dans notre petit marathon personnel de 2012
Excellente production de l’encyclopédie Bob. Sur le style, tu as tenté le récit à la première personne, c’est couillu et très difficile mais je t’avoue que je ne suis pas fan du résultat car ton texte est trop neutre, je n’entends pas vraiment la voix de Panatta mais une simple transposition de ce que tu aurais sans doute écrit dans un récit traditionnel à la troisième personne. Il manque peut-être aussi une petite conclusion qui reste dans la tête. Mais ce ne sont que des critiques d’écriture car sur le plan des informations, j’apprends tout sur Panatta, que je n’ai pas connu et ton passage en revue est parfait entre moments importants et anecdotes amusantes. Un grand merci donc.
Lors de la dernière émission de radio tennis live, le journaliste (Julien truc?) faisait un rappel d’anecdotes sur Rome et surtout du bordel dans les tribunes. Une bonne partie était consacrée à Panatta, que le public ne voulait surtout pas voir perdre quitte à balancer des pièces (que Borg ramassait consciencieusement) voire des canettes de bière sur le court. Je ne sais plus quel joueur avait plus ou moins laisser la partie filer en déclarant quelque chose du genre : « je crois que perdre était la décision la plus sage ».
Je me souviens de l’épopée de Panatta en 76 à RG. Par contre, je ne me souvenais pas qu’il gagne sur une faute de Salomon au filet.Non , Salomon au filet ? il doit y avoir une erreur !! Comme dirait Karim pas Salomon et volée dans la même phrase !!Pas possible.
Très bon le coup des Rolex !! Bien sûr s’ils avaient connu Julien Dray ou Jacques Séguela !!
Quant au chapitre sur Lendl, quel dlice !
Mon salaud, tu confonds Harold avec un roi antique.
Quel délice !!
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
je n ai pas encore lu l article, pronto pronto, mais quel délice! Gasquet boute les anglais hors du pays, et de quelle maniere! bricolage bricolage dit JC, moi j ai vu plein de beaux points, par exemple le point du dernier jeu à 30-30 qui va donner la balle de match à gasquet.
Je suis toute émoustillée.
BB converties pour Murray: 2/17… Qui a dit que gasquet n avait pas de mental…?
Ou bien est-ce que Murray qui se liquéfe sur les balles de break…?
Que nenni!
As tu vu le match? Bon je n ai aps vu le premier set mais sur la fin c’était remarquablement entreprenant (et successfull) de la part de gasquet
je viens de voir l’espece de delire de l artiste sur le pourquoi du comment de l’absence des femmes sur le site. Pas sur d etre enchantee par le comm me concernant qui serait somme toute un retour en enfance/ bave/ areuh areuh? Mais j ai lu en diagonale. Donc oui merci de l interpretation pour ma part je debute un doctorat cette annee, equations de maths toute la nuit et meme Roger n’arrive pas à m’en detourner…
Excellent, j’adore les anacdotes que tu nous livres dans ce texte Robert.
Panacotta a donc à son acif un double exploit : 1) avoir battu Borg porte d’Auteuil 2) avoir gagné RG en pratiquant un jeu d’attaquant.
Finalement pas besoin d’un palmarès long comme le bras pour entrer dans la légende de son sport.
Heu, question : qu’est-ce qu’il fout Bjorn sur la photo ? Il se prépare un cocktail ? Parce que vu la taille du glaçon, c’est plus une ombrelle dont il aura besoin !
@ Julie
Je n’aipas vu tous les points de la fin de match mais une bonne partie du 1 et 2 set, et j’ai eu une envie soudaine de finir mes plinthes dans le couloir …
c’est grave docteur ?
La préparation de coup droit de Ritchie me fait penser à la chasse aux papillons, beurk …. par contre le revers .. miam
Super bien construit, l’article. J’adore en particulier le choix des anecdotes relatives aux échanges avec tel ou tel joueur. Dans l’idéal, si l’article avait comporté un développement narrant les points marquants du quart de finale contre Borg à RG 76, il aurait été parfait.
N’étant arrivé au tennis qu’en 80, Panatta c’était déjà pour moi une légende : le gars dont on disait qu’il avait battu Borg à Roland Garros. Je ne l’ai vu jouer que dans 1 ou 2 matches qui n’ont pas spécialement marqué ma mémoire.
Super intéressant l’article. Pour répondre à Rabelaisan, je pense que l’utilisation de la première personne vient tout simplement du fait que Robert a traduit certains passages savoureux de l’autobiographie de Panatta, no?
Panatta c’est tout simplement mon premier souvenir de tennis: juin 1976, le journal télévisé du dimanche soir à 20h, et l’un des titres du journal sur la victoire de Panatta en finale de Roland-Garros contre Solomon, avec un petit résumé du match (en noir et blanc).
Mais il faudra attendre 1977 pour que je m’intéresse vraiment au tennis et que je regarde des matches en entier, du coup je ne crois pas avoir jamais vu jouer le bel Adriano !
Ah oui, j’avais raté l’en-tête, c’est donc le mec que Panatta a payé pour écrire son bouquin qui est en cause. La question est de savoir qui Panatta a payé pour écrire l’original italien. Robert, avoue que c’est toi qui écrit toutes les autobios des joueurs de tennis de Tilden à Arnaud Clément.
Je me réjouis profondément de cet article que j’attendais depuis des lustres mais que je lirai et commenterai plus tard..
Place à l’actu:
Je pensais bien que Richard avait toutes ses chances contre la Murène mais il l’a fait et bien fait si l’on en juge par le score (je n’ai pas vu le match). Une nouvelle déception pour la Murène qui avait du zapper Madrid pour cause de bobo (cela lui aurait bien réussi comme surface je pense) et le voilà out à Madrid ou il avait été en demies l’année dernière. Son bilan sur terre cette année est donc nettement moins bon que celui de l’année dernière et celui des top 1-2 qui l’aura dans sa partie de tableau va tire le gros ot au tirage à Roland Garros…Richard lui confirme sa bonne forme actuelle. Il peut certainement faire mieux qu’il n’a jamais fait à Roland Garros ou ses résultats ont toujours été médiocres puisque sa meilleure perf demeure son 1/8ème l’année dernière ou il perd (nettement) contre Djoko. Un bon tirage et on a des chances de voir Richie en quarts à Roland Garros…
Je pensais aussi que le match de Seppi contre Stan était indécis parce que les deux jouaient bien mais que Seppi m’avait impressionné hier contre Isner durant les deux derniers sets et voilà donc qu’il gagne au tie break du troisème après avoir fait de même au second, à chaque fois à l’arraché et comme hier après avoir perdu le premier set. Evidemment, après tout cela, cela risque d’être plus difficile demain contre, très probablement, Federer mais il est donc allé en quarts d’un M1000 pour la première fois et donc bravo ! Devant son public qui l’a beaucoup soutenu hier et j’imagine aujourd’hui. J’aime bien son jeu à plat que je trouve plus adapté au dur qu’à la terre battue mais il se débrouille bien…
Nadal a écrasé Granollers…en une heure et demie. Il a manifestement envie de gagner ce titre..et de récupérer sa place de numéro deux par la même occasion…Ce n’est pas le Djoko que j’ai vu jouer aujourd’hui qui l’en empêchera…
Restent en piste Jo et Del Po qui viennent de démarrer, puis Federer contre Ferrero…
très savoureux ce mix de fait d’armes et d’anecdotes assez drôles.
jmac et sa petite phrase assassine qui restera au fond d’un tiroir, j’imagine que l’ambiance des vestiaires ça devait être qque chose d’autre !
et la rolex qui n’est jamais venue… le tennis ne roulait pas autant sur le fric, même si les gains étaient importants par rapport au cout de la vie de l’époque.
j’ai moi aussi un bouquin en vue pour en faire un résumé, mais j’ai du mal à m’y mettre !
Super cet article Bob, j’ai toujours eu un goût particulier pour les anecdotes de bord de court en plus et là ce ne sont pas elles qui manquent !
Assez étonnant également ce qu’il confie sur son inintérêt pour le travail et la « non exploitation » de son potentiel. Ça donne l’image d’un type très serein qui a su faire ce qui lui plaisait dans les proportions qui lui convenaient. Alors qu’aujourd’hui on dirait juste que c’est un branleur qui ne sait pas la chance qu’il a d’avoir un talent pareil (cf. Gasquet), ça me donne juste l’impression de quelque chose de très sain en fait dans son cas.
« Je crois qu’on avait tous les deux raison. » Eh oui, absolument. Chacun fait en fonction de son caractère, les regrets… c’est pour les autres. Et c’est un fan de Safin qui le dit.
Je continues sur l’actu:
J’apprends donc que la Murène souffre du dos depuis un bon moment, décembre dit il. Pas de bol pour lui. Cela peut sans doute expliquer quelques déconvenues, y contribuer en tout cas..
Autre joueur qui n’est pas au mieux physiquement: Del Po, battu sans gloire 6-4 6-1 par Jo et qui faisait peine à voir dans le deuxième set d’après l’Equipe. Ce n’est donc pas Del Po que Djoko va trouver sur sa route en quarts, mais Jo. Ce dernier a lui l’air d’être en très bonne forme cette semaine. Il n’a laissé que 5 jeux à Trotsky et donc 5 également à Del Po. Il est donc frais et explosif. Il a très bien servi durant ces deux matchs comme le montre le pourcentage de points gagnés derrière sa seconde balle. Djoko lui réussit bien (5-4 pour Jo jusqu’à présent). J’espère donc qu’il va très bien jouer demain. Si c’est le cas, il a une très bonne chance d’arriver à faire tomber le Djoker…C’est tout le bien que je lui souhaite.
Des 4 demis finalistes de Madrid, Tipsy a disparu hier, étrillé par Wawrinka. Del Po vient de se faire sortir piteusement aussi. Restent donc Berdych et Federer…
Berdych vs Nadal: ce sera le gros match de demain. Je m’attends à un match difficile pour Nadal mais qu’il passe quand même au bout du troisième set…
Quand à Federer qui est en train de sortir Ferrero sans problèmes, il ne peux pas se plaindre de son tableau et devrait logiquement mettre un terme au beau parcours de Seppi pour lequel ce sera le match de trop…
Et bien voici Fedou en route pour un troisième set contre Ferrero. C’est bien bête de perdre son service à 5/5…
sans problème, c’est vite dit. Après un premier set tranquille, il relache la pression, ne se concentre plus, fait pas mal d’erreurs et ce qui devait arriver arrive, break ferrero qui va servir pour le set. Fed’ donne l’impression, comme hier, qu’il aimerait vraiment être ailleurs. S’il perd ce set, je me demande s’il va s’arracher pour aller au bout. Il est déjà tard, et demain, c’est reparti.
Oui, je suis d’accord avec toi. Depuis le début du match, je lui au souvent vu comme de la colère ou de l’agacement dans le regard.
Eh bien ce n’est plus du tout évident pour Fed. J’avais remarqué en milieu de 2ème set qu’il s’est un moment touché le dos. Et je ne sais pas s’il y a un lien mais depuis il sert mal, arrose en coup droit, et Ferrero l’embarque dans un 3ème set.
et voilà, 3e set, encore sur une faute de Rog’ qui a perdu sa première. Il sert d’ailleurs très en deçà de ses standards et s’est tenu le dos à 2 ou 3 reprises. Pourtant, il sert toujours aussi vite, en moyenne aux alentours des 200. Bizarre, parce que Ferero ne surjoue pas non plus (sauf en cette fin de set, après avoir sauvé 3 balles de break).
Antoine lui avait poutant conseillé de mettre une petite laine le soir pour ne pas se faire un lumbago…
Deuxième set pour Juan Carlos 7-5…
On ne dira jamais à quel point c’est un scandale de faire jouer un match de nuit sur terre battue. On n’y voit pas grand chose à la TV et cela n’a pas l’air d’être mieux sur le court. Federer a fait un très grand nombre de coups boisés qui sortent non pas de 20 cm mais carrément de 5 mètres, en particulier sur les deux balles de break qu’il a eues lorsqu’il menait 4-3 et que Ferrero servait. Celui-ci s’est bien accroché, à sauvé trois balles de break dans ce set et breake Federer sur son unique occasion à 5-5 alors que ce dernier multiplie les fautes souvent grossières..Ils vont donc terminer vers minuit, ce qui est franchement ridicule…
Les conditions de jeu n’ont plus rien à voir avec celles de la journée…
Il est à nouveau programmé en soirée demain. S’il passe, il fera à nouveau la night session en 1/2…
Lendl qui se fait rembarrer par Ashe, excellent!! Je ne connais pas du tout Panatta. Merci pour le papier Bob.
JMDP est très décevant, j’enterre définitivement le 3.0 qui devait mettre tout le monde au pas. Son retour à été un leurre, il a le même niveau depuis, aucune amélioration. Comme l’an dernier il a bien joué les premiers tournois, puis à coulé. Zut.
« j’enterre définitivement le 3.0 qui devait mettre tout le monde au pas. »
Comme quoi, il fallait juste être patient. On y arrive tout doucement…
Tsonga a surtout été exceptionnellement régulier, notamment en revers où il a commis beaucoup moins de fautes que d’habitude. Il grattait davantage la balle pour lui donner un peu plus de sécurité qu’il ne le fait qu’habituellement et ça a marché.
Mais il faut dire aussi que Del Potro est sur une fin de série : il manquait manifestement de jus et semble être un peu géné par un pépin au genou gauche.
..C’est vraiment ridicule..Tout le monde pèle de froid et la plupart des spectateurs sont en anorak, l’arbitre aussi..
Tout à fait, Roger ferait mieux de se tenir au chaud demain soir ! Manquerait plus qu’il prenne un coup de froid…
Bon, il s’est bougé à nouveau le popotin dans le 3ème set. Quart de finale contre un Seppi complètement cuit, ça devrait le faire.
J’attends avec une grande impatience le choc Nadal-Berdych. Mais à mon avis c’est du 75% Nadal – 25% Berdych. Les conditions de jeu sont vraiment lentes. Ca va être du sur-mesure pour Nadal.
Bon, une défaite très honorable pour Ferrero qui prend un set…Après Roger n’avait pas non plus envie d’y passer une heure et a serré le jeu en faisant beaucoup moins de fautes. Un échange superbe qui lui donne le double break et dans le dernier jeu, un truc qu’il ne faut pas faire mais qui a quand même marché: une amortie jouée en reculant…6-1 pour terminer donc..
A cause de ce set perdu, Roger a passé un peu moins de 20 mm de plus que Nadal sur le court aujourd’hui. Il est vrai que celui-ci a gagné 6-1 6-1…
Nadal met 7 min entre chaque point, tu le sais bien.
Merci Robert pour cet article sur Adriiianoooo ! Cela manquait cruellement ici et cela arrive à pic avec ce tournoi de Rome et Roland Garros dans quize jours puisque ces deux tournois furent le lieu de ses plus grandes performances..L’idée de publier des extraits des mémoires d’Adriano est excellente je trouve et les passages très bien choisis..
La seule critique que j’ai à formuler est l’emploi du mot « avec » plutôt que « après » lorsque sont évoqués Pietrangeli et Panatta puisque Pietrangeli est sans conteste le plus grand joueur italien et Panatta tout aussi incontestablement le second. Avant de parler d’Adriano, un mot sur Pietro qui non seulement est un double vainqueur à Roland Garros mais le joueur qui détient encore aujourd’hui quelques records. Il se trouve en effet que la longévité de Pietro fut incroyable puisqu’il joua la Coupe Davis pour l’Equipe d’Italie sans discontinuer, à l’exception de 1970, chaque année de 1954 à 1972…Aucun jouer n’a joué autant de matchs: 164 lors de 66 rencontres, aucun n’en a gagné autant simple et doubles confondus (120), aucun n’en a gagné autant en simple (78), aucun n’en a gagné autant en double (42)..Et pourtant, la seule victoire de Pietro est celle de 1976, en tant que Capitaine qui est donc la sienne, tout autant que celle de Panatta…
A propos de ce dernier, et s’agissant de son jeu, l’article le rappelle,il faut bien sur mentionner son service (excellent), son coup droit (également) et surtout peut être sa volée et son toucher..Comme il le disait lui même, dans une interview récente dans l’Equipe il y a un an au moment de Roland Garros, ou l’on apprenait qu’il s’était fait voler sa Coupe de 76, en tout cas, à l’époque, on montait parfois en chaussettes mais on savait volleyer..par bien des côtés, et notamment le toucher et la fluidité, Roger ne fait penser à Adriano…
L’année 76 est bien sur sa meilleure saison et je me souviens très bien de son match contre Borg ou il avait donc réussi à le sortir en quarts et que plus personne ne doutait ensuite qu’il allait gagner le tournoi même si la finale fut crispante au possible face à cette peste de Solomon, l’inventeur des moon balls, un type capable d’en faire pendant six heures et qui était capable de battre à peu près tout le monde sur terre, sauf Borg qui le ratiboisait à chaque fois..C’était la deuxième fois que Panatta battait Borg à Roland Garros, mais c’est le match vraiment marquant de sa carrière parce que la première fois, trois ans auparavant, en quarts aussi, Borg qui fêtait son anniversaire durant le tournoi comme Nadal aujourd’hui, n’avait alors que 17 ans en 73. En 76, il était double tenant du titre, pas encore le Borg invincible de 78 à 81, mais évidemment le grandissime favori.
Il faut rappeler ce que Panatta doit à François Jauffret. Ce dernier qui avait 34 piges, venait, deux jours plus tôt, de faire le match de sa vie et de pousser Borg dans ses derniers retranchements, perdant 8-6 au cinquième dans une ambiance à l’ hauteur de l’évènement sur le Chatrier. Deux jours plus tard, Borg était prenable et Panatta l’a bien planté, non sans difficultés..Ce n’était pas la première fois et Panatta causera d’autres soucis à Borg, comme par exemple en finale de Rome deux ans plus tard ou il poussa Borg aux cinq sets dans une ambiance parmi les plus ignobles puisque c’est ce jour là que le bon public romain balançait des pièces et des canettes de bière en direction du Suédois, comme si il s’agissait d’un match de Coupe Davis en Roumaine.. De ce jour, Borg ne mis d’ailleurs plus jamais les pieds à Rome…
Durant cette même année 78 ou il revint à un très bon niveau, Panatta joua un match mémorable qu’il perdit mais qui aurait changé beaucoup de choses s’il l’avait gagné: à l’US Open, dans le nouveau stade de Flushing Meadows, en 1/8ème de finale, il poussa à bout Connors au point de mener 5-3 au cinquième set avant que Connors, littéralement déchaîné, n’aligne les 4 derniers jeux avec des points de folie que l’on voit d’ailleurs sur youtube…Panatta est le seul qui inquiéta Connors durant le tournoi. En finale, il mis une taule à Borg.
Pour donner une petite idée de l’époque, entre ces deux années 76 et 78, en 77 donc, alors qu’il était nettement moins bon que l’année précédente qu’il avait fêtée dignement pendant six mois avec ses copains, et notamment Paolo Bertolucci qui aimait la pasta plus que de raison, Panatta se pointa à Roland Garros à court de forme et se fit d’ailleurs battre en quarts par Ramirez. Mais alors qu’il était tenant du titre, Panatta disputa son premier tour sur un petit court annexe en bordure du stade (à l’endroit ou se trouve aujourd’hui le court circulaire n°1 qui fut construit en 1980) contre un joueur français de second rang (Patrice Beust); bref, un petit court très tranquille et calme ou Panatta, feignant comme un couleuvre, battit Beust en quatre sets. Il n’y avait pas de tribune à proprement parler et il ne devait guère y avoir plus d’une trentaine de personnes. Du moins est ce mon souvenir puisque j’étais là..Je venais d’escalader la grille et assistait à mon premier match à Roland Garros. J’y ai ensuite passé une bonne partie de la quinzaine de la même façon..
Vous imaginez le truc ? Le tenant du titre, TS2, sur un court ou il n’y a personne ? A l’époque, n’importe qui pouvait acheter une place durant la premières semaine sans problème..Il n’y avait pas près d’un demi million de types qui défilent dans la quinzaine comme aujourd’hui ou c’est devenu un souk pas possible…
A l’époque, Panatta n’était pas le seul feignant à ne pas trop s’entraîner…Le bel Adriano était ce que l’on appelait un playboy et avait de nombreuses choses plus intéressantes à faire que d’aller taper des balles pendant des heures comme un bourrin. Tout le monde ne s’appelle pas Ivan Lendl non plus…
Victorieux par miracle à Rome un mois avant, sauvant une balle de match à nouveau au premier tour à Roland Garros, il ne pouvait rien arriver à Adriano durant ce printemps 76…
Je n’y avais pas pensé jusque là, mais il me vient à l’idée que c’est un peu le Yannick Noah transalpin..
Merci Robert de cet article.
Antoine, c’est officiel, tu es plus que notre Bud Collins.
J’apprends ce truc incroyable: non seulement le match de Seppi est le premier à Rome depuis l’introduction du tie break en 1971 ou les trois sets se sont décidés au tie break, mais encore que Seppi a sauvé une balle de match lors du deuxième tie break, puis deux à 4-5 dans le troisième set, et encore trois dans le dernier tie break ! Chapeau Seppi ! Le public devait être aux anges !
J’apprends par la même occasion que Seppi, 28 ans, a fait son retour dans le top 30 lundi dernier pour la première fois depuis 2008 et j’avais oublié qu’il vient de gagner à Belgrade..
Excellente performance de Seppi, bravo à lui ! C’est donc lui le prochain adversaire de Roger… Peut-il le faire, déchainé comme une furie et devant son public qui n’en revient déjà plus ? J’aime aussi le jeu de Seppi, vainqueur donc à Belgrade et par conséquent en rythme et en forme, et je me souviens qu’il avait déjà bien embêté Federer cette année, à Doha ou à Dubaï je ne sais plus. Ce Roger qui a perdu un set face à un Ferrero combattif, ce Roger qui joue vite et bien peut-il se faire surprendre ? Je n’irais pas jusque là mais le match peut valoir le coup d’oeil.
L’autre match à ne pas louper est celui de Nadal contre Berdych bien sûr. Il y a une semaine j’aurais donné le Tchèque gagnant mais sur cette terre pleine de repères pour Rafa je suis tout de suite plus frileux !
On le savait déjà, mais Stan a vraiment un problème sur les points clés. Il ne sauve qu’une des 5 balles de break, rate 6 balles de match dont 3 consécutives à 6-3 dans le TB final. Il perd aussi les 5 derniers points du match…
Tres bon ce texte. Merci Bob. Quand j’y pense le nombre de types qui detestaient Lendl sur le circuit. Mais il le leur rendait bien. Belle epoque..
On surestime Berdych. 2 sets pour Nadal.